Sakountala de Marie-Claude Pietragalla

08 avril 2002
02m 35s
Réf. 00950

Notice

Résumé :

A l'occasion des représentations au Palais des Congrès à Paris en avril 2002 du ballet de Marie-Claude Pietragalla, Sakountala par le Ballet National de Marseille, France 2 consacre un reportage à la danseuse et chorégraphe qui incarne elle-même Camille Claudel pendant son long internement en asile psychiatrique. Outre des sculptures de l'élève de Rodin, le film montre quelques scènes du ballet : le premier solo de Pietragalla dans sa cellule ; la mise en vie de la sculpture Les Causeuses par quatre belles danseuses (Agnès Lascombes, Cinthia Labaronne, Mylène Martel et Laurence Ponnet) et la scène finale où l'héroïne, portée par une foule grouillante de fous, finit pendue à une corde dans les bras de la mort.

Date de diffusion :
08 avril 2002
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Thèmes :

Éclairage

Marie-Claude Pietragalla, entrée à l'âge de 16 ans dans le corps de Ballet de l'Opéra, se fait remarquer dès 1982 dans Bhakti II de Béjart qui lui vaut en 1984 le Grand Prix du Concours de Paris aux côté de Wilfried Romoli. Nommée étoile en 1990 pour son interprétation de Don Quichotte, cette superbe Corse brune au teint pâle a interprété tout le grand répertoire classique et contemporain (notamment Signes de Carolyn Carlson et Olivier Debré en 1997) avant de quitter l'Opéra de Paris pour prendre la succession de Roland Petit à la tête du Ballet National de Marseille en 1998.

Artiste au fort caractère, Marie-Claude Pietragalla n'en poursuit pas moins sa carrière de danseuse et présente à l'Olympia en 2000 le one woman show que Carolyn Carlson lui a taillé sur mesure Don't Look back. Elle-même se lance dans la chorégraphie dès 1988, et remporte son premier succès international avec Corsica sur des chants corses harmonisés par Petru Guelfucci. Vita, sa première création pour le Ballet de Marseille en 1999, également sur des musiques de Petru Guelfucci est suivie en 2000 par sa plus ambitieuse chorégraphie Sakountala (titre d'une sculpture de Camille Claudel) créé au Dôme de Marseille sur une musique de Pierre-Alexandre Mati.

Comme elle l'explique dans ce reportage, la danseuse-chorégraphe essaye de « rentrer dans la tête de Camille Claudel pendant ses trente ans d'internement, de savoir ce qui a pu se passer, quels étaient ses souvenirs. C'est terrifiant comme fin de vie ».

Le spectacle fait appel aux danseurs du Ballet National de Marseille mais aussi à de nombreux acrobates. Il s'ouvre sur l'une des plus impressionnantes scènes du ballet : l'escalade de filets par tous les artistes pour recomposer les célèbres Portes de l'Enfer de Rodin, surmontées par la Mort. Ces portes s'ouvrent lentement sur la cellule capitonnée de Camille et le premier solo de Pietragalla. En première partie du spectacle, Camille Claudel revit son enfance aux côté de son frère Paul le poète, et de leurs parents. En seconde partie, Pietragalla donne vie aux plus célèbres sculptures de l'élève et amante malheureuse de Rodin : Sakountala - les deux amants de la mythologie indienne, séparés sur terre et réunis dans le Nirvana - Les Causeuses, La Valse. Marie-Claude Pietragalla est elle-même extrêmement émouvante dans sa superbe incarnation de L'Implorante.

Sacountala ne fait pas l'unanimité de la critique au Palais des Congrès, salle trop vaste pour un spectacle comportant de nombreuses scènes intimistes. Marie-Claude Pietragalla n'en poursuit pas moins sa carrière de chorégraphe, danseuse et directrice du Ballet et de l'Ecole de Danse de Marseille, créant notamment une Giselle contemporaine pour Pékin en 2001, un très intéressant Don Quichotte d'après Petipa avec musiques de Minkus mais aussi de Manuel de Falla, et encore un bel hommage à Léo Ferré, Ni Dieu ni Maître, en 2003.

Malheureusement en désaccord avec un certain nombre d'artistes, elle dut céder sa place à un nouveau directeur, Frédéric Flamand, nommé par le Ministère de la Culture et la Ville de Marseille en septembre 2004. Marie-Claude Pietragalla continue alors, dans des conditions plus aléatoires de créer et danser en compagnie de son partenaire et assistant chorégraphe, Julien Derouault.

René Sirvin

Transcription

Présentateur
Sakountala , ce titre mystérieux est celui du spectacle que présente actuellement, au Palais des Congrès, à Paris, le Ballet de Marseille, qui partira ensuite en tournée à travers la France. Une chorégraphie inspirée de la vie tragique et de l’œuvre de la sculptrice Camille Claudel. La danseuse étoile n’est autre que la Directrice du Ballet de Marseille, Marie-Claude Pietragalla. Christophe Airaud, Diane Richard.
(Musique)
Christophe Airaud
Pietragalla incarne Camille Claudel. Dans sa chair, la danseuse dit la douleur de la femme enfermée à l’asile psychiatrique. Eloignée de la glaise et de la terre dont elle fabriquait des chefs-d’œuvre, Camille Claudel hurle face aux murs capitonnés de sa forteresse.
Marie-Claude Pietragalla
J’ai vraiment voulu faire quelque chose sur Camille et essayer de rentrer dans sa tête pendant cet internement. Qu’est-ce qu’il a pu se passer, quels sont ses souvenirs ? C’est terrifiant comme fin de vie.
Christophe Airaud
Camille Claudel ou une vie déchirée en deux. Trente ans de sculpture, une passion épuisante pour Auguste Rodin, des excès et des tourments quotidiens pour ses créations. Quand à l’âge de 50 ans, une société apeurée l’enferme, c’est un génie. Pour ne pas oublier cette femme, Pietragalla a décidé de faire danser ses sculptures.
(Musique)
Marie-Claude Pietragalla
C’est une sculpture très sensible, très sensuelle, très à fleur de peau. On a l’impression, vraiment, que la peau frémit encore, que les personnages vont se mettre à danser. Donc, le parallèle avec la danse était très important, il m’a sauté aux yeux, tout de suite.
Christophe Airaud
Pour être Camille Claudel, Pietra se met en danger. Le corps torturé de la danseuse devient l’âme tourmentée de l’artiste.
(Musique)
Marie-Claude Pietragalla
Et moi qui suis claustrophobe, qui n’aime pas être enfermée, qui n’aime pas le noir, tout ça, qui a le vertige ; donc, je suis déjà dans une sensation un peu perturbée. Il y a tout, l’atmosphère, les lumières qui font que, bon, il y a une grande concentration quoi. C’est évident que ce personnage est très présent en moi.
Christophe Airaud
Ils sont 40 danseurs autour d’elle, agités dans l’argile et dans les airs, délivrant une dernière fois Camille Claudel de ses démons.
(Musique)