La Vie parisienne d'Offenbach par la compagnie Renaud-Barrault

31 décembre 1967
03m 39s
Réf. 01037

Notice

Résumé :

Cet extrait de la captation en studio de la fameuse mise en scène de La Vie parisienne par Jean-Louis Barrault nous plonge dans le finale de l'acte III, quand un baron suédois en visite à Paris est invité chez un amiral où en réalité ce sont les domestiques qui reçoivent, déguisés en notables.

Type de média :
Date de diffusion :
31 décembre 1967
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Éclairage

En 1866, Jacques Offenbach est un compositeur aimé qui a connu d'immenses succès avec Orphée aux enfers, La Belle Hélène ou Barbe-Bleue. En prévision de l'Exposition Universelle de 1867, dont les transformation de Paris par le baron Hausmann annoncent qu'elle sera de toute première importance, Offenbach décide d'écrire un opéra-bouffe qui met en scène ses contemporains. Pour la première fois, le livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy ne raille pas la société française du Second Empire par le biais de la métaphore antique, comme dans La Belle Hélène ou Orphée, mais il met au contraire en scène les types les plus actuels: femmes du (demi-)monde, grisettes, jeunes bourgeois viveurs, aristocrates encanaillés, domestiques roués et touristes venus dans la Ville Lumière pour s'en «fourrer jusque là!». Le comique de situation fonctionne à plein, d'autant que le Baron Suédois et sa femme qui servent de fil rouge aux différents tableaux de l'ouvrage se retrouvent à visiter un Paris factice: le Grand Hôtel où il descend n'est que l'appartement privé d'un bourgeois qui veut séduire son épouse, la grande réception dans un hôtel particulier est en réalité donnée par des domestiques singeant leurs maîtres, etc.

Emmenée à un train d'enfer dans des numéros du meilleur Offenbach, la partition finit d'assurer le succès à cette Vie parisienne qui devient le spectacle le plus couru de son temps: après la création, ce ne sont pas moins de 265 représentations qui se succèdent, et l'ouvrage, que de nombreux visiteurs de l'Exposition Universelle ont vu, part bientôt à la conquête du monde. A Paris, il est repris sans cesse, d'autant qu'il a eu dès son origine une fonction de «carte postale lyrique».

Ainsi, l'on compte une douzaine de productions différentes mises à l'affiche parisienne dans différents théâtres, depuis 1867. La plus mémorable demeure sans doute celle de la compagnie Renaud-Barrault, créée en 1958 au Théâtre du Palais-Royal et qui, selon une tradition qui remonte à la création de l'œuvre, confie la quasi totalité des rôles à des comédiens capables de chanter. La distribution réunie pour l'occasion est brillante: Jean Desailly, Simone Valère, Pierre Bertin et Suzy Delair (seule véritable chanteuse de la troupe) côtoient Madeleine Renaud incarnant la baronne suédoise. Quant à Jean-Louis Barrault, il se contente du rôle très secondaire du Brésilien. La production recueillera un immense succès et sera reprise avec succès en 1965 au Théâtre de l'Odéon, dont Jean-Louis Barrault est entre-temps devenu le directeur. C'est d'ailleurs en raison de ce succès qu'une captation en est réalisée en studio, avec une distribution proche de l'originale, si ce n'est que Micheline Dax remplace Suzy Delair. Ce film de studio sera ensuite diffusé pendant le réveillon du 31 décembre 1967.

Alain Perroux

Transcription

Comédien 1
[Inaudible], l’amiral !
Comédiens
Ah !
Jean-Pierre Granval
Mesdames et messieurs ! Que je suis heureux de vous voir. Oh, Madame de Sainte-Amaranthe, que vous êtes belle ! Oh, ce cher baron !
Pierre Bertin
Heureux de vous avoir chez moi ce soir !
Jean-Pierre Granval
Oh Madame !
(Musique)
Pierre Bertin
Ah oui, son habit a craqué dans le dos, je n’en démordrais pas !
Denise Benoît
Baron, vous allez parler à mon mari ?
Pierre Bertin
J’y allais !
Denise Benoît
Promettez-moi de ne pas le provoquer.
Pierre Bertin
Non, pour qui me prenez-vous, vous allez voir, Amiral !
Jean-Pierre Granval
Baron, Baron, cher, cher !
Pierre Bertin
Dites-moi, vous avez de bien beaux éperons, hein ?
Jean-Pierre Granval
Oui, ça fait bien ça hein ?
Pierre Bertin
Je ne dis pas le contraire mais je croyais que les amiraux ne portaient pas d’éperon.
Jean-Pierre Granval
Ah oui, dans les pays quand il y a une marine, mais la Suisse n’en n’ayant pas, je porte des éperons.
Pierre Bertin
Mais alors, si la Suisse n’a pas de marine, comment êtes-vous amiral ?
Jean-Pierre Granval
Comment je suis amiral ? Et bien, ah !
Comédiens
Ah !
Jean-Pierre Granval
Et bien, c’est de naissance. Et maintenant Général, sonnez la [inaudible], venez !
Comédien 4
Mais Monsieur, mais comment sonner ?
Pierre Bertin
Non pas sonner !
Denise Benoît
Mais si on sonne, il viendra des domestiques.
Comédienne 2
Oui, et on ne pourra plus s’amuser.
Comédienne 3
Mais c’est vrai ça, voyons, quand il y a des domestiques, on est obligé de se tenir !
Denise Benoît
Tandis que quand il n’y en a pas,
Jean-Pierre Granval
Renvoyons les domestiques !
Comédiens
Renvoyons-les…
Pierre Bertin
Renvoi des domestiques ?
Comédiens
[Inaudible] Allez-vous-en !
Denise Benoît
Ils sont partis !
Comédien 1
Il n’y a plus de do-do-domestique ! Nous nous servirons nous-mêmes, allons chercher les tables.
Denise Benoît
Et bien, Baron !
Pierre Bertin
Quoi donc, Madame ?
Denise Benoît
Et bien, allez chercher la table.
Pierre Bertin
Oh moi, jamais !
Denise Benoît
Baron, je vous en prie !
Pierre Bertin
Oh, quel regard. Et bien allons chercher la table !