Don Carlos de Verdi à l'Opéra de Paris en 1964

15 juin 1964
02m 44s
Réf. 01101

Notice

Résumé :

Retour au répertoire à l'Opéra Garnier du Don Carlos de Giuseppe Verdi, créé à l'Opéra de Paris en 1867, dans une nouvelle production signée Margarita Wallmann. Ce spectacle restera comme une des réussites de l'époque, témoignant du renouveau de l'institution sous la direction de Georges Auric et Emmanuel Bondeville.

Date de diffusion :
15 juin 1964
Source :
ORTF (Collection: JT 13H )

Éclairage

Grand Opéra à la française, commande de l'Opéra de Paris - que Verdi avait surnommé "la grande boutique", tant il était exaspéré par la lourdeur de l'institution -, Don Carlos fut créé, Salle Le Peletier, le 11 mars 1867. Il est plus généralement connu dans sa version italienne définitive, Don Carlo, que reprend en mars 1963 le Palais Garnier, faute de pouvoir y présenter une distribution capable de l'interpréter dans la langue et la partition originales.

Cette nouvelle production, due à l'initiative de George Auric, qui invite Margarita Wallmann à en assurer une somptueuse mise en scène, dans les décors impressionnistes de Jacques Dupont, a marqué son époque, car elle offrait à l'Opéra un spectacle de haut niveau scénique, ce dont il manquait alors cruellement, avec un répertoire encombré de productions anciennes, vieillottes ou même totalement dépassées.

Lors de la reprise de juin 1964, dont rend compte le présent reportage, la distribution est largement internationale, puisqu'on y croise l'immense Philippe II du bulgare Nicolas Ghiaurov, l'Infant rayonnant de l'italien Franco Corelli, le Rodrigue du canadien Louis Quilico, mais aussi deux des cantatrices de langue française les plus fêtées alors à l'étranger, l'Elisabeth de Valois de Suzanne Sarroca, et la Princesse Eboli de Rita Gorr.

La soprano française Rita Gorr, membre de la troupe dès 1952 - elle y débute dans Les Indes galantes dues à Maurice Lehmann - a connu son premier triomphe en remplaçant en 1958 au pied levé et en pleine représentation une Aïda défaillante. Elle renouvelle ce succès avec une interprétation de Quinquin du Chevalier à la rose qui la hisse au rang de vedette qu'on invite à New York, Londres ou Vienne. Elle devient ainsi avec Régine Crespin l'une des rares sopranos ambassadrices du chant français d'alors. La mezzo belge Régine Crespin, également en troupe à l'Opéra depuis 1952, est alors au faîte d'une carrière qui la mène de Bayreuth à Milan, de Londres à New York. Mais toutes deux restent fidèles à la maison de leurs premiers grands succès.

Le court extrait filmé ici permet de retrouver ces deux cantatrices dans la fameuse scène de l'acte IV qui oppose la Reine et la Princesse, quand cette dernière avoue spontanément être la maîtresse du Roi. La direction musicale est assurée par Pierre Dervaux, chef permanent à l'Opéra de 1956 à 1970, célèbre pour la précision de sa battue, et passé maître dans la recherche de la couleur - en particulier dans le répertoire français. Il résume ici avec humour les qualités de l'ouvrage le plus français de style de Verdi.

La production sera reprise jusqu'en 1975. La production suivante, en 1986, reviendra enfin à l'original français de la partition, tout comme le fera le Théâtre du Châtelet en 1996, avant que l'Opéra-Bastille ne revienne une fois de plus à la version italienne en 1998.

Pierre Flinois

Transcription

(Musique)
(Bruit)
Journaliste
Ultime répétition à l’Opéra de Paris avant la reprise, lundi 15 juin, de Don Carlo , de Giuseppe Verdi. L’orchestre de l’Opéra est placé sous la direction de Pierre Dervaux, les interprètes sont Franco Corelli, Nicolai Ghiaurov, Suzanne Sarroca et Rita Gorr.
(Musique)
Journaliste
Maître ?
Pierre Dervaux
Oui Monsieur ?
Journaliste
Don Carlos , qu’est-ce que ça représente pour un chef d’orchestre ?
Pierre Dervaux
Un ouvrage comme un autre, c’est-à-dire aussi beau car tous les ouvrages sont beaux quand on est appelé à participer à leur création ou à leur recréation, ou simplement à leur vie quotidienne.
Journaliste
Est-ce que je peux poser une question de néophyte, quelle est la partie la plus intéressante de Don Carlos ?
Pierre Dervaux
Alors la première, la dernière et celle du milieu.
Journaliste
C’est-à-dire tout ?
Pierre Dervaux
C’est-à-dire tout !