Iannis Xenakis

11 décembre 1967
03m 45s
Réf. 00049

Notice

Résumé :

Entretien avec le compositeur Iannis Xenakis à propos de son parcours. Parmi ses influences, il cite la tradition musicale grecque et byzantine, Bach, Debussy, Bartok et rend hommage à Olivier Messiaen et Herman Scherchen. Un violoncelliste joue un morceau de musique de Xenakis.

Type de média :
Date de diffusion :
11 décembre 1967
Source :
ORTF (Collection: JT NUIT )
Lieux :

Éclairage

Né en 1922, cet ingénieur grec a d'abord fait des études d'architecture et de mathématiques et il a travaillé avec Le Corbusier. Il se tourne ensuite vers la musique, suit l'enseignement d'Olivier Messiaen, mais la technique sérielle généralisée, qui est à la mode à l'époque, ne l'intéresse pas. Il propose alors des oeuvres originales, utilisant souvent les techniques électro-acoustiques, et appuyées sur des calculs faits par les nouveaux ordinateurs de l'époque : (Métastasis, Pithoprakta, St 10, Herma pour piano...).

Xenakis devient dans les années 60 un musicien quasiment populaire, en harmonie avec l'idéologie de l'époque qui recherche de nouvelles voies artistiques. Ainsi, Nuits, Eonta, Terretektorh, qui propose de disposer autrement le public et les auditeurs), deviennent des oeuvres-symboles de la modernité. Par la suite, Xenakis essaie de marier l'architecture et la musique (Polytopes), les sons et des tracés exécutés sur le papier. Ces méthodes modernes, mais utilisées par un vrai musicien, donnent des ?uvres violentes et sauvages, ressenties paradoxalement comme primitives. A la fin de sa vie, Xenakis évolue vers un langage sombre et épuré (O-Mega). Il meurt en 2001.

Michel Coupard

Transcription

Journaliste
Né grec, naturalisé Français, mathématicien et architecte, il a décidé de s'exprimer par la musique. Il tire son inspiration de la nature et de la science. Il travaille parfois sur ordinateur. C'est Iannis Xenakis.
(Musique)
Iannis Xenakis
J'ai fait des études en Grèce. J'ai commencé, ensuite, j'ai été chez Olivier Messiaen qui m'a ouvert les yeux ici, à Paris, en 50, 49. Ensuite, j'ai eu la chance d'avoir un très grand ami, Hermann Scherchen, qui a dirigé mes premières oeuvres et qui m'a défendu envers tout, contre tout pendant les premières années.
Journaliste
Quand vous étiez un révolutionnaire ?
Iannis Xenakis
Pourquoi « j'ai été », je ne le suis plus ?
(Musique)
Iannis Xenakis
Dans toutes les musiques, depuis toujours, il y a eu le côté calcul mais le côté aussi rationnel, mettons, qui est le fond.
Journaliste
Justement, après qui venez-vous ? Vous nous avez parlé de Messiaen, tout à l'heure. Vous venez après qui ? Après quels hommes ?
Iannis Xenakis
Il y a beaucoup. Dans la musique de la tradition musicale de Grèce, par exemple, et byzantine aussi, qui font le... C'est le fond commun de l'ancien Empire byzantin qui a conservé la pensée antique musicale, d'une part. De l'autre, il y a toute l'Europe actuelle. Quand je dis actuelle, depuis le XVIème, XVIIe siècle au moins avec le père Bach, avec le XIXème romantique, avec Debussy, avec Messiaen, et?
Journaliste
Bartok ?
Iannis Xenakis
Bartok aussi, beaucoup, bien sûr. Voilà les ancêtres. Et puis, du point de vue méthodologique et pensée, c'est surtout Aristoxène et Pythagore qui sont à la base de tout ça. Et puis, je dois dire de nouveau, encore, Messiaen qui, avec son enseignement extraordinaire à cette époque-là et sa liberté et sa musique et de sa pensée m'a fait entrevoir la possibilité de faire tout à fait autre chose.
Journaliste
Vous êtes un des grands maîtres de la musique contemporaine, maintenant.
Iannis Xenakis
C'est une question ou une affirmation ?
Journaliste
Non, c'est une affirmation.
Iannis Xenakis
Oui.
Journaliste
Quel effet cela vous fait-il ?
Iannis Xenakis
Aucun effet. Je suis toujours aussi seul qu'avant.
(Musique)
(Silence)