Joris Ivens

10 juillet 1982
02m 51s
Réf. 00118

Notice

Résumé :

Joris Ivens évoque la naissance de sa vocation de documentariste.

Type de média :
Date de diffusion :
10 juillet 1982
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )
Thèmes :

Éclairage

Figure phare du documentaire mondial, le Néerlandais Joris Ivens (1898-1989) a débuté par des essais expérimentaux et poétiques sur le mouvement (Le Pont en 1928 et La Pluie en 1929) avant de choisir la voie, plus réaliste, du témoignage.

Infatigable arpenteur, il n'a eu de cesse de rendre compte des métamorphoses du monde, choisissant de préférence les lieux où sa caméra pouvait capter les utopies en marche. Présent en URSS (Le Chant des héros, 1932), mais aussi en Espagne (Terre d'Espagne, 1937) et en Chine (Les 400 Millions, 1938), Ivens l'humaniste est toujours du côté des humbles et des porteurs d'espoir. Les films du "Hollandais volant" - expression de Georges Sadoul - n'hésitent pourtant pas à se faire dénonciateurs, de Borinage (1933), qui décrit la condition des mineurs, à Le Ciel, la Terre (1967) qui évoque le Viêt-Nam. Sa dernière oeuvre, Une histoire de vent (co-réalisée avec Marceline Loridan en 1988) rendra compte de la plus belle des utopies, contant l'histoire d'un vieil homme qui cherche à filmer le vent.

Thierry Méranger

Transcription

Journaliste
Mémoire d'un regard, publié chez Hachette. C'est le titre du livre de Joris Ivens, l'un des grands maîtres du film documentaire et du cinéma de témoignage. Joris Ivens, ami de Zhou Enlai et de Mao Zedong, a été le seul cinéaste à pouvoir filmer l'importance, l'immense métamorphose de la Chine. Il vient de publier son livre en France et il a quitté Pékin pour un nouveau voyage. Il a confié ses souvenirs à Henry Chapier.
Henry Chapier
Dans La mémoire d'un regard, en fait, on vous découvre. Par exemple, personne ne connaissait votre enfance ni votre jeunesse.
Joris Ivens
Non, je n'ai jamais parlé de ça aussi. Et dans mes films, je n'ai pas traité ma jeunesse.
Henry Chapier
Alors rappelons un peu comment vous est venue la vocation, votre milieu familial. . .
Joris Ivens
Oui, le milieu familial, c'est mon père. Et les affaires photographiques et cinématographiques. Vendre des appareils. Mon grand-père était photographe. Moi, on peut dire, j'ai repris la photographie, mais maintenant, en mouvement. Donc la famille a toujours été le visuel, le regard, le photographe. Après, j'ai pensé... j'ai fait part à la ligne artistique ou reporter mais je pensais que je sois un scientifique pour aider la technique et l'affaire de mon père.
Henry Chapier
Comment est née cette vocation du documentaire de témoignage, en définitive ?
Joris Ivens
D'abord, parce qu'il faut... D'abord, j'ai fait des films plutôt seulement esthétiques et des recherches. Après, la première fois, quand j'ai vraiment touché à de grands événements, c'est en Espagne. Dans le grand mouvement anti-fasciste, j'étais là avec Hemingway et on a fait un film qui s'appelle Terre d'Espagne. Et ça, c'est vraiment... Là, j'ai me suis mis dans les événements et j'ai vu, après, que... - la télévision n'était pas encore là, à ce moment - mais j'ai vu que les grands événements sont seulement exprimés par les reportages, et j'ai vu que ça, ce n'est pas assez. C'est la surface, l'authenticité et c'est qui et quand exactement mais pas le pourquoi. Et le côté humain. Alors je fais des films, maintenant. J'ai décidé, pour faire les grands événements, après l'Espagne, les grands événementsde l'histoire de notre siècle et les suivre avec une vérité profonde. Pas l'actualité, pas le reportage immédiat, mais une chose plus profonde. Pourquoi les gens font la lutte pour la liberté ou pourquoi ils ont, dans le développement des pays... pourquoi, c'est le côté humain.