Gabriel Axel, réalisateur du Festin de Babette

15 mai 1987
03m 04s
Réf. 00140

Notice

Résumé :

Entretien avec le réalisateur danois Gabriel Axel, venu à Cannes présenter dans le cadre d'"Un Certain Regard" son film le Festin de Babette.

Type de média :
Date de diffusion :
15 mai 1987
Source :
France 3 (Collection: Atr2 )
Thèmes :

Éclairage

Pour nombre de cinéphiles du monde entier, le Danois Gabriel Axel est à jamais et avant tout le réalisateur du remarquable Festin de Babette, sorti en 1987. Inspirée d'une nouvelle de Karen Blixen, l'histoire de Babette, interprétée par Stéphane Audran, joue du contraste entre l'austérité d'une communauté luthérienne du Jütland et la convivialité du repas préparé, grâce au sacrifice de sa soudaine fortune, par une Française exilée qui a fui la répression de la Commune.

Cet énorme succès, Oscar du meilleur film étranger en 1988, ne devrait pourtant pas faire oublier le reste de la carrière d'Axel. Le réalisateur, né en 1918, a d'abord été comédien de théâtre en France dans la troupe de Jouvet avant de mettre en scène, à partir de 1951, une vingtaine de téléfilms, parmi lesquels, en France, une mémorable adaptation du Curé de Tours - avec Jean Carmet - en 1980. Son oeuvre destinée au grand écran est tout aussi considérable, bien qu'elle n'ait que trop rarement franchi les frontières du Danemark. Témoignent de sa vitalité, parmi beaucoup d'autres titres, La Mante rouge (1968), Christian (1989) ou Leïla (2001).

Thierry Méranger

Transcription

Raoul Mille
J'étais content notamment d'un film danois qui s'appelle Le Festin de Babette et dont nous allons voir tout de suite une extrait.
(Bruits).
Raoul Mille
Vous avez vu ? La cuisine. On prépare la cuisine. Alors l'histoire de ce film, c'est très simple. C'est deux dames qui vivent au Danemark, dans une contrée très éloignée et qui prennent comme servante une française. Elles ne savent pas du tout qui elle est. En fait, c'est une grande cuisinière, et elle va leur faire découvrir à travers la cuisine le bonheur de la nourriture, du bien manger mais aussi celui de la création. Nous avons rencontré le réalisateur, Gabriel Axel, qui est franco-danois, si je puis dire, et qui va nous parler de ce remarquable film que vous verrez bientôt sur vos écrans. Gabriel Axel, Le Festin de Babette.
Gabriel Axel
Pour ceux qui ne sont pas préparés à le recevoir comme les vieux disciples que vous avez vus autour... il n'y en a qu'un qui l'apprécie vraiment, c'est le général Löwenhielm, mais les autres, ils ne mangeaient que de la soupe au pain noir et des [inaudible] toute leur vie et ils ont l'âme aussi élevée et l'esprit aussi élevé et délivré que le général parce que l'art agit sur tout le monde. Molière, vous pouvez le jouer en Afrique ou en Chine, ça agira même s'ils ne comprennent pas la langue.
Raoul Mille
Il faut dire que vous bénéficiez d'une Stéphane Audran, extraordinaire. On sait que c'est une bonne comédienne, mais là, je crois qu'elle a un rôle de composition formidable et dans le bon sens, le mot composition.
Gabriel Axel
Oui. Moi, je l'avais applaudie dans le merveilleux film de Chabrol, Violette Nozière.
Raoul Mille
Vous avez tout de suite pensé à elle ?
Gabriel Axel
Non, j'ai pensé à bien des actrices, mais quand même, il fallait que ça soit de la même famille que les comédiens danois. Quelle que soit la nation, ça fait partie d'une famille, les Suédois, les Danois, les Français. Et elle avait la féminité et elle avait le côté parisienne qu'il fallait à Babette, là, dans ce film. En plus, dans sa robe de Karl Lagerfeld, elle était... Il fallait qu'elle se différencie des autres, ce qu'elle fait parfaitement avec beaucoup de grâce et de générosité. C'est une merveilleuse actrice, en plus une très grande artiste.
Raoul Mille
Et elle a appris tous les gestes justes de la cuisine.
Gabriel Axel
Ça, elle était un des plus grands chefs Coq de Copenhague. Je me souviens de Peterson du restaurant La Cocotte que je vous recommande chaudement...
Raoul Mille
Vous avez l'air d'aimer la bonne cuisine aussi.
Gabriel Axel
Et il nous a donné toutes ces recettes et il lui a indiqué tous les gestes. Pendant deux semaines, il était dans les studios, tous les jours, du matin au soir.
Raoul Mille
Cannes, pour vous, ça représente quoi ?
Gabriel Axel
Cannes, c'est formidable. Moi, je ne suis que positif, positif en tout. J'ai été reçu par des gens d'un certain regard. Ils sont merveilleux. Mon producteur me dit : « Mais ce qu'on fait là, ça vaut un million de francs dans le monde entier en publicité ». C'est fabuleux. Et puis, du bouche à oreille, déjà, les gens se précipitent pour acheter le film. C'est fantastique. Et on est chouchouté par eux et ils sont vraiment gentils. Il y a une équipe sublime, là. Un des plus beaux souvenirs de ma vie, ça.