Vaclav Havel, homme de théâtre

20 mars 1990
02m 01s
Réf. 00172

Notice

Résumé :

A l'occasion de la visite officielle de Vaclav Havel à Paris, les comédiens et metteurs en scène qui ont joué ses pièces en France lui rendent hommage au théâtre de la Bruyère. De nombreux personnalités de la scène théâtrale française sont là, dont Pierre Arditi, Daniel Gélin et Stéphane Meldegg, directeur du théâtre de la Bruyère, qui sont interviewés.

Type de média :
Date de diffusion :
20 mars 1990
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )
Thèmes :

Éclairage

Issu de l'élite économique et intellectuelle praguoise, Vaclav Havel (1936) voit sa formation contrariée par le régime communiste. Contraint de travailler, se voyant fermer les portes des facultés, il suit des cours du soir et entreprend des études d'économie, avant d'entrer comme stagiaire dans des théâtres et de suivre des cours de dramaturgie par correspondance. Publiant à partir de 1955, ses premières pièces (Fête en plein air, 1963) sont jouées malgré leur critique du pouvoir communiste tchécoslovaque.

Son engagement dans le Printemps de Prague, son activité au sein du Cercle des écrivains indépendants, la lettre ouverte qu'il écrit au président Husak et son engagement pour la Charte 77, en faveur du respect des droits de l'homme en Tchécoslovaquie, lui valent la censure et plusieurs passages en prison, entre 1977 et 1989. Il y écrit notamment son essai Le Pouvoir des sans-pouvoir (1978).

Nommé président intérimaire de la République après la Révolution de velours, il est élu à la présidence en 1990. Démissionnaire en 1992, au moment de la partition du pays, il devient en 1993 le premier président de la République Tchèque, pour deux mandats. Il reprend ensuite ses activités d'essayiste (A vrai dire : livre sur l'après-pouvoir, 2007) et de dramaturge (Partir, 2007).

Aurélia Caton

Transcription

Présentateur
Pour Vaclav Havel, cette journée était donc une journée de contacts diplomatiques et de discussions, mais aussi l'émotion des retrouvailles. Le dramaturge a pu enfin rencontrer tous ces acteurs ou tous ces metteurs en scène qui ont joué ou monté ses pièces. Reportage au théâtre la Bruyère à Paris, Dominique Poncet.
(Silence)
Journaliste
Ils étaient tous là ce soir au théâtre La Bruyère pour rendre hommage à Vaclav Havel. Tous ces saltimbanques qui avaient défendu becs et ongles pendant des années, celui qui n'était qu'un écrivain dramaturge dont la carrière avait été écrasée par les chars lors du printemps de Prague, et qui était régulièrement jeté en prison. Tous parmi lesquels Ariane Mnouchkine, Patrice Chéreau, Michel Piccoli, Roger Planchon, Pierre Meyran et Pierre Arditi. Pierre Arditi qui se souvenait :
Pierre Arditi
On allait le jouer au Festival d'Avignon, et au moment où on allait le jouer au Festival d'Avignon, il a été mis en prison. Donc le poids de la pièce et de ce que véhiculait et racontait la pièce était encore plus fort sur nous. C'est-à-dire qu'on ne véhiculait plus seulement une pièce mais un tract.
Journaliste
Oui, ils étaient tous là ces saltimbanques, les larmes aux yeux devant celui qu'ils avaient attendu pendant près de 20 ans. Et ces hommes pourtant habitués à créer l'illusion n'en croyaient pas leurs yeux.
Daniel Gelin
Ce qui est formidable, c'est qu'il soit libre et qu'il soit Président de la République. Enfin, on a tous vraiment l'impression de rêver. Dans les rêves les plus fous, les plus généreux, on n'osait pas imaginer une chose pareille. Et cette fantastique victoire sur la démocratie par le véhicule du théâtre. C'est quelque chose d'absolument historique. Mais on va certainement jouer du Vaclav Havel maintenant comme on joue du Molière. C'est devenu un classique.
Stephane Meldegg
Le théâtre, il a toujours voulu le faire. Il était machiniste, ensuite électricien, ensuite dramaturge, ensuite co-directeur, auteur, acteur, il a tout fait.
Journaliste
Et c'est précisément pour cela que la grande famille du théâtre français était vraiment en fête ce soir pour cette cérémonie toute simple, organisée comme l'avait voulu Vaclav Havel dans ce théâtre La Bruyère qui avait accueilli trois de ses pièces.
(Silence)
Pierre Arditi
C'est un artiste qui porte l'éthique et la morale de ce que devrait être la politique. C'est réconfortant pour un acteur.