Portrait du poète Rafael Albertì

28 décembre 1994
02m 45s
Réf. 00225

Notice

Résumé :

Portrait du grand poète espagnol Rafael Albertì à l'occasion de ses 92 ans et reportage chez lui dans sa fondation à El Puerto de Santa Maria en Andalousie.

Type de média :
Date de diffusion :
28 décembre 1994
Source :
FR3 (Collection: 19/20 )
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Par son oeuvre et son engagement politique, le poète espagnol Rafael Albertí (1902-1999) a marqué de son empreinte le XXe siècle, dont il a côtoyé les plus grandes figures, d'Aragon à Neruda, de Picasso à Allende, de García Lorca à Buñuel.

Peintre à ses débuts, avant de devenir l'un des poètes les plus célébrés de la génération de 27, couronné dès son premier recueil (Marin à terre, 1925) du prestigieux Prix national de poésie, il fut tour à tour influencé par le surréalisme (Sur les anges, 1929), contemporain de son engagement politique, et la poésie sociale (Poète dans la rue, 1938), avant que la guerre civile et trente-huit années d'exil argentin puis italien ne bouleversent son oeuvre et son destin. Fidèle à son engagement marxiste, ami de Fidel Castro, il devient un symbole de l'anti-fascisme et est à son retour, en 1977, élu député communiste de Cadix, avant de renoncer aux responsabilités politiques pour se consacrer à sa poésie.

Lauréat en 1983 du Prix Cervantès, il continue jusqu'à son décès d'exercer, depuis sa baie de Cadix natale dont il avait tant chanté la nostalgie, une influence esthétique et idéologique décisive sur les poètes et les intellectuels espagnols contemporains.

Aurélia Caton

Transcription

Laurent Bignolas
C'est un document exceptionnel que vous allez voir à présent. Rafael Alberti, dernier monstre sacré d'une extraordinaire génération d'artistes espagnols comme Picasso, Garcia Lorca, Dali et autres a, en effet, accepté de recevoir une de nos équipes chez lui pour évoquer sa vie et son oeuvre. Avec Thierry Stampfler, George Minangoy et Jean-Louis Pacull, il a soufflé 92 bougies.
Thierry Stampfler
C'était il y a quelques jours. Toute l'Andalousie fêtait les 92 ans de Rafael Alberti. Hommage au poète mais également à un symbole de résistance politique. De l'exil imposé par Franco à l'élection comme député de Cadix en 77, le parcours d'Alberti dans ce siècle s'inscrit dans ce que l'Espagne a vécu de plus intense. D'où la force de cet hommage.
Marcos Ana
[Espagnol] Rafael Alberti est le plus universel et le plus populaire des poètes contemporains, et son oeuvre si riche...
Thierry Stampfler
Loin de cette agitation, nous avons eu le privilège de passer quelques heures dans l'intimité du grand poète andalou. Il y a encore 2 ans, Alberti éblouissait par sa vivacité intellectuelle et sa mémoire étonnante qui faisait revivre sa complicité avec Garcia Lorca, Picasso, Bunuel. Hélas, un grave accident de voiture semble l'avoir plongé, depuis lors, dans une sorte d'absence dont il ne sort que pour dialoguer avec son épouse ou réciter un de ses poèmes fiévreux évoquant le siège de Madrid par les franquistes.
Rafael Alberti
[Espagnol] Madrid, coeur de l'Espagne, bat au rythme de la fièvre. Si hier ce sang bouillonnait...
Thierry Stampfler
Avant même la guerre d'Espagne, le parcours de Rafael Alberti était déjà d'une immense richesse. Prix national de littérature dès son premier livre en 1925, il se lie alors d'amitié avec tout ce que son époque compte de géants dans le monde la littérature ou de la peinture.
(Musique)
Thierry Stampfler
Dans la fondation qu'il a créée dans sa ville natale de Puerto Santa Maria, on peut découvrir son étonnante correspondance avec le roi Juan Carlos, Aliende, Aragon et bien d'autres. Son travail de peintre, sa première vocation, sans parler de certaines éditions originales illustrées par Miro, Tapiès ou Picasso.
(Musique)
Thierry Stampfler
Malgré l'exil, Alberti a toujours chanté son Andalousie natale. Et son souvenir le plus marquant reste la Baie de Cadix qui a baigné son enfance avant son départ forcé pour Madrid.
(Musique)
Rafael Alberti
[Espagnol] La mer, la mer, la mer, rien que la mer. Pourquoi m'avoir emmené, père, à la ville ? Pourquoi m'avoir arraché, père, à la mer ?
Thierry Stampfler
Dès l'âge de 37 ans, Alberti écrit ces quelques lignes : « Lorsque je mourrais, ouvrez mes yeux doucement. Vous verrez vos doigts blanchir d'écume de la plage et vos ongles de sable fin ».