Le fado de Misia

18 décembre 2003
01m 59s
Réf. 00316

Notice

Résumé :

Portrait de la chanteuse Misia, qui enrichit le fado, chant traditionnel portugais, de nouvelles influences personnelles.

Type de média :
Date de diffusion :
18 décembre 2003
Source :

Éclairage

Née à Porto d'une mère catalane et d'un père portugais, Susana Aguiar (dite Misia) s'inscrit dans une lignée d'artiste (une mère ballerine, une grand-mère danseuse de cabaret) et c'est tout naturellement qu'après une jeunesse tumultueuse (on la trouve meneuse de revue à la fin des années 70 dans le célèbre cabaret barcelonais El Molino), elle entreprend au tournant des années 90 de réformer en profondeur le fado.

Le genre est alors tombé en désuétude, associé dans l'imaginaire collectif au régime de Salazar, mais la chanteuse, dès ses premières tentatives (Misia paru en 1991 puis Fado en 1993), sans remettre en cause les canons formels traditionnels, lui rend toute sa vigueur et sa modernité en mettant sa voix âpre et sensuelle au service des grands écrivains lusitaniens contemporains (Lobo Antunes, Saramago). En 1995 l'album Tantos menis, tantos mais pousse plus loin la réforme en associant à l'orchestration traditionnelle des instruments inhabituels comme l'accordéon, le violon ou le piano. Elle enregistre dans cet esprit deux autres albums (Garras dos Sentidos en 1998, Paixões Diagonais en 1999), puis en 2001 surprend avec Ritual, vibrant hommage à la grande Amalia Rodriguez, enregistré dans la configuration orchestrale traditionnelle du fado.

En 2003 Misia signe en compagnie du guitariste Carlos Paredes son disque peut-être le plus ambitieux, Canto ; puis en 2005 Drama Box, oeuvre résolument métissée, chantée en portugais et espagnol, mêlant fados, boléros et tangos.

Stéphane Ollivier

Transcription

(Musique)
Journaliste
La chanson parle d'un amour détruit et de coeur poignardé. La chanteuse devient une tragédienne. C'est du fado et le fado se chante ainsi, les yeux vers le ciel.
Misia
Le fado, moi je le chante comme ça, ça ferme et ça fait un peu d'effort. Techniquement - je parle de moi - je crois c'est très important de retrouver la voix de dedans avec la voix de dehors. Ça veut dire la voix des émotions.
(Musique)
Journaliste
La tragédienne s'appelle Misia. En fait c'est une jeune femme tout en couleurs qui arrive de Lisbonne. Si elle chine chez le libraire, c'est pour approcher le fado des textes d'aujourd'hui, car Misia bouscule, dépoussière le fado. Et c'est du côté des grands interprètes de la chanson à textes qu'il faut chercher les secrets de la chanteuse.
(Musique)
Misia
J'ai toujours été très attentive et très attirée par les chanteurs auteurs francophones, par Léo Ferré, Barbara, Jacques Brel, Piaf bien sûr. Et je crois que ça on le voit dans ma façon de chanter le fado.
(Musique)
Misia
Et la scène, c'est l'endroit où je dis toute la vérité, à travers des mensonges, où je dis toute la vérité sur moi sur la scène. Et c'est en dehors de la scène que je fais la comédie.
Journaliste
La comédie de la vie se raconte sur une musique d'Antonio Paredes. Et Misia a ainsi créé son propre et unique fado.