Peter Brook aux Bouffes du Nord

04 décembre 1978
01m 37s
Réf. 00090

Notice

Résumé :

Entretien avec Peter Brook à propos du théâtre des Bouffes du Nord où il s'est installé avec sa compagnie, un lieu extraordinaire selon lui parce qu'il a une âme.

Type de média :
Date de diffusion :
04 décembre 1978
Source :
TF1 (Collection: Pleins feux )

Éclairage

Peter Brook, né à Londres en 1925, entame une brillante carrière de metteur en scène et de cinéaste à 18 ans. A l'instar de Vilar et Strehler, il participe au renouvellement de la scène européenne d'après-guerre, avec des textes de Shakespeare et d'auteurs contemporains comme Sartre, Anouilh, Shaw, Miller.

En 1955, il triomphe hors de Grande-Bretagne avec Titus Andronicus. En 1962, lors des répétitions du Roi Lear, il décide de se séparer du dispositif scénique et découvre la valeur de l' "espace vide". Désormais, son travail sera principalement axé sur la présence des comédiens. Il entame des recherches théâtrales qui aboutissent à la création du Centre international de recherches théâtrales (C.I.R.T.) après que Jean-Louis Barrault l'a invité à mener un atelier international à Paris en 1968, où il s'installe en 1970. S'ensuivent trois années de voyages en Iran, en Afrique et aux Etats-Unis durant lesquelles il s'attache à créer des moyens artistiques de communication entre des cultures éloignées.

En 1974, il réouvre le théâtre désaffecté des Bouffes du Nord avec Timon d'Athènes de Shakespeare, lieu qu'il occupe toujours. Cet espace en ruines, neutre mais pas stérile, laisse à Brook et son équipe la liberté d'expérimenter, dans le plaisir ludique et la lisibilité qui caractérisent son approche théâtrale. Au Festival d'Avignon en 1985, il monte en plein air le Mahabharata, épopée mythique de l'Inde, qui dure 9 heures, et reste l'un des plus grands succès de la manifestation.

Claire Libbra

Transcription

Peter Brook
C'est à partir du silence avec une vraie qualité d'écoute, parce que tout cela n'est pas très convaincant. Ce n'est pas la peine de le faire à moitié, faisons ça en vrai exercice pour nous. Uniquement avec les paroles, uniquement avec le texte.
José Artur
Peter Brook, Les Bouffes du Nord, c'était plus rien, c'était un hangar on l'a dit, c'était une réserve avec je ne sais plus quoi. Et puis il y a eu le coup de foudre, c'est ça ? Comment ça s'est passé ?
Peter Brook
C'est que je travaille avec Micheline Rozan depuis des années, et un beau jour, c'est Micheline qui a découvert les Bouffes du Nord, Qui a dit : « il y a un lieu extraordinaire, il faut que tu le voies ». Alors nous sommes venus ensemble, nous sommes entrés ici dans la poussière, et on a vu,
José Artur
Il y avait quelque chose qui ?
Peter Brook
Et la chose la plus précieuse, la plus difficile à définir, à expliquer mais qui est une chose d'ordre très concret, qui est un lieu qui possède une âme. Ça tient à toute sorte de choses aux proportions du lieu, et aussi au fait que ce lieu est, porte d'une manière très évidente ses plaies. On voit tout ce qu'a vécu et quand même a souffert ce lieu. Alors nous nous sommes dit il n'y a rien à faire, il faut trouver une manière de prendre ce lieu, de le rendre habitable.