Giorgio Strehler met en scène La Trilogie de la Villégiature à l'Odéon

06 janvier 1979
04m 50s
Réf. 00091

Notice

Résumé :

La Trilogie de la Villégiature de Goldoni est mise en scène par Giorgio Strehler au Théâtre National de l'Odéon, avec les Comédiens Français, sur une adaptation de Félicien Marceau. Le metteur en scène, qui travaille pour la première fois avec des acteurs de langue française, parle du jeu des comédiens, de la langue, du rythme et de la couleur.

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Date de diffusion :
06 janvier 1979
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Éclairage

Giorgio Strehler est né en 1921 près de Trieste. Diplômé en 1940 de l'Accademia dei Filodrammatici, il joue dans des compagnies itinérantes, avant de signer sa première mise en scène en 1943. En 1945, exilé en Suisse, il affirme sa vocation de metteur en scène avec le Caligula de Camus.

En 1947, il cofonde le célèbre Piccolo Teatro de Milan, premier théâtre italien de gestion publique, "un théâtre d'art pour tous", avec des spectacles de haut niveau à des prix accessibles, dans la lignée du Théâtre national populaire de Vilar. Dès sa première saison, Strehler assure le succès du Piccolo Teatro avec Arlequin, serviteur de deux maîtres de Goldoni, qui devient sa pièce phare, représentée durant cinquante ans. Outre Goldoni, ses auteurs de prédilection sont Shakespeare et Brecht, dont il se considère un élève direct.

Réformateur et figure de proue de la scène italienne avec un théâtre épique et politique, il devient un modèle en Europe, notamment pour des metteurs en scène de la génération suivante comme les Français Chéreau et Mnouchkine, les Allemands Grüber et Stein. En 1983, tout en continuant à diriger le Piccolo Teatro, il prend la tête du Théâtre de l'Europe installé à l'Odéon. Giorgio Strehler a mis en scène plus de deux cent cinquante spectacles théâtraux et lyriques. Il est mort en 1997.

Claire Libbra

Transcription

Présentateur
Un enchantement, un très long enchantement. Il dure quatre heures, mais dès le lever de rideau, le temps semble s'être arrêté. Une soirée inoubliable avec Carlo Goldoni sur la scène de l'Odéon, c'est le cadeau de fin d'année d'un des plus grands metteurs en scène de théâtre actuels, Giorgio Strehler. La trilogie de la villégiature qu'il vient de monter avec les comédiens français, sur une adaptation de Félicien Marceau, nous entraîne sans transition de la comedia dell'arte à une dramatique à la Tchekhov. Neuf actes tissés autour d'une intrigue sentimentale qui semble écrite d'hier mais qui pétille de l'esprit du XVIIIe siècle.
(Silence)
Giorgio Strehler
En effet, c'est la première fois que je travaille directement avec des acteurs de langue française, Tout près du portrait du père Antoine. Je parle des comédiens français que d'ailleurs je connais très bien. J'aime le théâtre français depuis longtemps, j'aime la France, quelqu'un a dit que j'ai un faible pour la France mais c'est la vérité, pourquoi pas. Et quand même il a fallu tant d'années parce que je travaille directement avec des acteurs français. Donc c'est légitime de se demander le pourquoi, mais le pourquoi c'est simplement le hasard. C'est Daniel qui va donner même la salle.
[Séance de travail]
Giorgio Strehler
Chaque pays, chaque langue a ses cadences, a ses nécessités, et a ses possibilités de s'exprimer. Par exemple on parle de la légèreté, de la volubilité de l'acteur italien par exemple très bien, je trouve la souplesse et la légèreté de l'acteur français extraordinaire, si on prend sa possibilité d'avoir cette grâce, Par exemple du débit qui lui appartient par exemple particulièrement. Du point de vue mimique, de point de vue du jeu, eh ! bien l'acteur français, il ne faut pas l'oublier que nous tous nous sommes nés de la grande école de mime qui vient de mon grand maître Etienne Decroux, Et puis après Etienne Decroux il y a tous les autres, Jean-Louis et tous les autres enfin, Et que ce problème de la redécouverte du mime, si on peut dire, vient exactement de la France et pas de l'Italie.
(Musique)
Giorgio Strehler
C'est sûr que sur le rythme il n'y a pas de problème. En lento, c'est en lento partout, et en allegro, c'est allegro partout. Évidemment pour moi, je suis né dans une famille de musiciens, j'aime particulièrement la musique, j'ai peut-être un sens rythmique très développé, plus développé qu'un autre, et un rythme pour moi c'est très important.
(Musique)
Giorgio Strehler
Et évidemment si on parle du rythme, il faudrait parler aussi des problèmes de rythme de la couleur par exemple. La couleur a des rythmes de couleur, voilà par exemple avec [?]. Nous n'avons jamais devant l'auditoire, tu n'as jamais devant la peinture étant donné un tableau à copier. Mais tu as toujours la culture de la peinture derrière toi.
Ezio Frigerio
En effet quand je parle avec une de mes assistantes, elle me demande qu'est-ce que je lui conseille avant de faire une pièce, Ce n'est pas tellement de regarder la peinture de l'époque, mais peut-être de lire un livre de l'époque ou de se balader dans une place, dans un endroit de l'époque. Ça je trouve que c'est beaucoup plus important ça, que de regarder la peinture et tacher et chercher à refaire une peinture de l'époque.