Karl Lagerfeld

10 avril 1979
02m 56s
Réf. 00096

Notice

Résumé :

Portrait du styliste Karl Lagerfeld, le plus parisien des Allemands, qui vit à Paris depuis l'âge de 14 ans et exerce le métier de styliste dans une grande maison de prêt à porter.

Type de média :
Date de diffusion :
10 avril 1979
Source :
A2 (Collection: JA2 20H )
Thèmes :

Éclairage

Les dates restent incertaines lorsque l'on évoque la vie du styliste allemand, mais le portrait est lui immuable : costume noir, catogan soigné et débit haché, Karl Lagerfeld incarne l'élégance frivole de la haute couture depuis près de cinquante ans.

Né à Hambourg en 1938 selon son CV officiel, d'aucuns disent qu'il se rajeunit. Elevé comme un aristocrate par un père suédois qui fait fortune en important en Allemagne le procédé du lait condensé Gloria, et une mère violoniste, le jeune homme se dit peu intéressé par l'école. Il n'en parle pas moins trois langues lorsqu'il arrive à Paris, entre quatorze et dix-sept ans selon les interviews accordées. Il y connaîtra un succès rapide en remportant en 1954 le concours organisé par le Secrétariat international de la laine, avec le croquis d'un manteau, tandis que dans la catégorie robe, le lauréat de dix-sept ans s'appelle Yves Saint Laurent.

Suivra une carrière prestigieuse au service des plus grandes maisons : Balmain, Patou, Valentino, Fendi, Chloé et dès 1983, Chanel, qu'il marquera de son empreinte. Dépoussiérant l'emblématique tailleur en tweed, incarnation du "chic français", ce pygmalion inventera également des "icônes Chanel", d'Inès de la Fressange à Claudia Schiffer. Affectionnant les coupes graphiques, les contrastes noir et blanc, les lignes dures cassées par une touche de féminité, Karl Lagerfeld a imposé son style rue Cambon. Cultivé et caustique, il dit tirer son inspiration de Mademoiselle Julie, héroïne d'August Strindberg, et des portraits de Romaine Brooks, peintre américaine androgyne et bisexuelle qui s'habillait de noir, de gris et de blanc.

Cécile Olive

Transcription

Patrick Poivre d'Arvor
Nous étions à Hambourg, vous le savez, hier, et je crois qu'à notre soirée spéciale franco-allemande, il manquait un nom, un autre célèbre hambourgeois, Karl Lagerfeld. Je vous l'avais promis. En fait, le plus parisien des Allemands vit à Paris depuis l'âge de 14 ans. Il y est styliste dans une grande maison de prêt-à-porter. Alors Français ? Allemand ? Aujourd'hui, il ne se pose guère la question. Plus important pour lui que le tracé d'une frontière, le dessin d'une ligne ou le choc des couleurs.
(Silence)
Jean-Marc Illouz
Chapeau demi-lune ou col cratère, pour vendre une griffe française, un styliste allemand.
(Silence)
Jean-Marc Illouz
Et quand Karl Lagerfeld dessine une carte de l'Europe, celle-ci ressemble toujours à une femme.
(Silence)
(Musique)
Karl Lagerfeld
Je me considère plutôt comme un styliste. Le mot « couturier » fait un peu démodé, je trouve. Et styliste européen, styliste d'aujourd'hui, sans me poser la question, au réveil, suis-je allemand ? Suis-je français ? Et puis des choses de ce genre. Je ne me pose pas ces questions-là. Je dirais, aujourd'hui, on a une sensibilité européenne. Peut-être il y a 20 ans, c'était différent. On avait une plus grande sensation de différence entre les pays.
(Musique)
Karl Lagerfeld
Quand je suis venu en France, j'avais 14 ans. Je voulais aller à l'école en France. C'était mon rêve depuis toujours. Comme dès le départ, j'avais appris l'anglais, le français, l'allemand, donc il n'y avait pas de problème de langue. Vraiment, là, j'avais l'impression d'aller à l'étranger. Maintenant, en fait, la France, l'Allemagne, l'Italie, surtout dans la mode, je ne veux pas dire que ce soit similaire. Mais l'ambiance est quand même pareille.
(Musique)