Angélique Ionatos

18 avril 1981
04m 56s
Réf. 00107

Notice

Résumé :

Angélique Ionatos évoque ses relations avec son pays d'origine - la Grèce - et interprète une chanson en grec en s'accompagnant à la guitare.

Type de média :
Date de diffusion :
18 avril 1981
Source :

Éclairage

Née à Athènes en 1954, Angélique Ionatos quitte la Grèce des Colonels avec toute sa famille en 1969 pour se réfugier en Belgique puis en France. Guitariste, chanteuse et compositrice, elle enregistre en 1975 avec son frère Photis un premier disque Résurrection, qui obtient le prix de l'Académie Charles Cros.

Mais c'est en mettant en musique quelques grands noms de la poésie grecque d'hier (Cavafy) et d'aujourd'hui (Odysseus Elytis) qu'Angélique Ionatos débute en 1978 avec I Palami sou sa véritable carrière solo. Ce disque, primé également par l'Académie Charles Cros, révèle au public ses profondes affinités avec la poésie de son pays natal et plus précisément celle d'Elytis (prix Nobel de littérature en 1979) auquel elle ne va dès lors cesser de rendre hommage (O Helios, O Heliatoras en 1983, Le Monogramme en 1988, Parole de juillet en 1996 - et surtout Maria Nefeli (Marie des brumes) en 1984, vaste cantate à deux voix qui marque la fin de ses récitals solos...). Poursuivant son exploration de l'âme grecque, Ionatos enregistre en 1992 Sapho de Mytilène puis en 1994 Mia Thalassa sur des musiques de Mikis Theodorakis.

Au tournant des années 2000 Chansons nomades puis D'un bleu très noir ouvrent l'univers de la chanteuse aux multiples cultures du bassin méditerranéen. Ses deux derniers albums Alas pa'volvar (2003) composé à partir du journal de Frida Kalho et Eros y Muerte (2007) semblent confirmer cette évolution stylistique vers un univers plus hybride et métissé.

Stéphane Ollivier

Transcription

Jacqueline Diverres
Angélique Ionatos, grand prix de l'Académie Charles Cros, auteur, compositeur, interprète, porte-parole des poètes grecs et, paradoxe, Angélique Ionatos, vous êtes presque inconnue dans votre pays. Pourquoi ?
Angélique Ionatos
C'est le fait, d'abord, que j'aie vécu... Enfin, que j'ai commencé à chanter à l'étranger puisque quand j'ai quitté la Grèce, j'avais 15 ans, ce qui fait que je n'ai pas eu l'occasion, finalement... Le fait que je vive à l'étranger fait que j'ai jamais eu l'occasion de chanter en Grèce.
Jacqueline Diverres
Alors quand certains vous parlent, entre autres, de la Grèce, des tavernes touristiques, des bouzoukis très exotiques, vous bondissez immédiatement.
Angélique Ionatos
Oui, sans vouloir me mettre une étiquette « guide anti-touristique » comme ont dit plusieurs journalistes? Disons que j'ai horreur des étiquettes mais c'est vrai, c'est vrai que la Grèce est très méconnue comme tous les pays qu'on croit connaître beaucoup, et c'est un pays touristique, on ne peut pas le nier. Mais il y a une autre Grèce, je pense. Celle-là est un peu plus méconnue.
Jacqueline Diverres
On a l'impression, Angélique Ionatos, que vous vous sentez plus proche des Grecs de la diaspora.
Angélique Ionatos
C'est évident puisque j'en fais partie. Et à partir du moment où c'est loin de son pays d'origine, disons que le regard, avec la distance réelle et la distance dans le sens métaphorique, ça devient inévitablement... On ne peut plus voir les Grecs ni la Grèce comme si on y vivait. Alors c'est très dur parce qu'en même temps, on l'idéalise d'un côté, et puis, d'un autre côté, quand on y va, on est très déçu.
Jacqueline Diverres
Vous disiez lors de ce récital à la maison de l'étranger dont on a parlé tout à l'heure que pour vous, traduire les poètes, c'est les trahir.
Angélique Ionatos
Absolument.
Jacqueline Diverres
C'est commettre une sorte de crime.
Angélique Ionatos
Oui.
Jacqueline Diverres
Alors malgré tout, on devrait quand même avoir quelques points de repère en ce qui concerne la chanson que vous allez interpréter tout de suite.
Angélique Ionatos
Oui. C'est sur un texte d'un poète grec qui s'appelle Anagnostakis, et il parle des mots justement, le fait qu'il y a un peu trop de mots... tous ces symboles de littérature et qu'il est temps de revenir à l'essentiel des choses. Voilà à peu près le résumé.
Jacqueline Diverres
Alors on écoute tout de suite cette chanson et on se retrouve après pour parler de ce mois de la Grèce à la Maison de l'étranger à Marseille.
(Musique)
(Silence)