Renzo Piano, architecte du Centre Pompidou

22 avril 1987
02m 17s
Réf. 00138

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Résumé :

L'architecte italien Renzo Piano explique ce qu'il a voulu créer en concevant le Centre Georges Pompidou à Paris.

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Date de diffusion :
22 avril 1987
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Éclairage

Issu d'une famille de constructeurs de père en fils, Renzo Piano étudie à Milan et Florence sous la direction de Franco Albini, néo-rationaliste de renom avec qui il collaborera. En 1965 il s'expatrie à Philadelphie dans l'agence de Louis Kahn. C'est à cette époque qu'il se lie d'amitié avec Jean Prouvé. Il fonde sa première agence avec Richard Rogers en 1971 et gagne le concours international du Centre Pompidou, avec une proposition provocatrice inspirée du Fun Palace de Cedric Price. Associé pendant un temps à Peter Rice, il ouvre son atelier Renzo Piano Building Workshop regroupant plus de cent collaborateurs entre Gênes, Berlin, et Paris où il vit actuellement.

Renzo Piano aborde l'architecture à travers la tradition du "faire", élaborant ses projets à partir d'une recherche poussée sur les matériaux, leur mise en oeuvre et le contrôle du process de réalisation dans son intégralité. Il synthétise les enseignements du pragmatisme britannique et la tradition artisanale méditerranéenne dans des bâtiments imprégnés de l'histoire du lieu. Au Japon, l'aéroport effilé d'Osaka rappelle, par ses formes courbes et sa structure en acier, la mer qui l'entoure. En Nouvelle-Calédonie, les pavillons du centre culturel Jean-Marie Tjibaou, en bois iroko d'Afrique, s'inspirent directement des huttes de la culture kanak à laquelle le centre est dédié. Il est honoré par le Prix de Kyoto, le Prix Pritzker et la Médaille d'Or de l'Union Internationale des Architectes à Berlin.

Marion Michaut

Transcription

Renzo Piano
Je crois qu'il n'y avait pas de choix et les bâtiments institutionnels pour la culture provoquent une sorte d'intimidation pour les gens, je veux dire pour les gens qui ne sont pas cultivés. Et là, le choix avait été plutôt seul de faire un bâtiment différent, une sorte de machine, un outil vis-à-vis duquel les gens puissent avoir plutôt un sentiment de curiosité. Mais qui n'a rien à faire avec l'intimidation. Vous savez, on nous a dit très souvent qu'on était en train de construire un supermarché, un hypermarché. Et la chose m'avait toujours plu finalement puisque personne n'a peur d'aller à un hypermarché. Justement, on vous a accusé que le bâtiment ne s'intègre pas dans un site historique parisien. Je crois que c'était tout à fait clair dès le début qu'il fallait créer un vide. D'ailleurs le vide existait déjà puisqu'il ne faut pas oublier le plateau Beaubourg depuis 1935. C'est une sorte de grand parking. On l'a agrandi un petit peu, on a créé une sorte de grande clairière dans laquelle on pouvait faire atterrir un paquebot spatial. Ça voulait dire introduire dans le bâtiment un sentiment qui est la curiosité, la curiosité pour quelque chose de différent. Et pour quelque chose qui en même temps était familier. Parce que la machine, il ne faut pas l'oublier, elle est très familiale à la vie de notre siècle. Le bâtiment était conçu comme une sorte de stratification de différentes fonctions. Il y a la bibliothèque, mais il y aussi le musée. Il y a des salles d'expositions temporaires. L'idée de faire l'escalator, ça revient à dire qu'on coupe en diagonale les différentes fonctions et on arrive à créer le cas tout simplement, l'hasard de la personne qui vient au centre pour visiter la bibliothèque. Mais en même temps, elle tombe sur une exposition où peut-être, il monte sur une toiture pour déjeuner. Elle découvre d'autres activités encore. Je crois qu'on ne peut pas penser qu'on aurait pu faire une chose beaucoup plus simple. Puisqu'on aurait perdu le côté curieux, le côté riche, le côté lieu d'événements qu'on a voulu créer.