Concert de Mstislav Rostropovitch

11 novembre 1989
02m 54s
Réf. 00165

Notice

Résumé :

En direct de Checkpoint Charlie, principal point de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest, l'envoyé spécial de France 2 fait le point sur les événements en cours.

Type de média :
Date de diffusion :
11 novembre 1989
Source :
A2 (Collection: Midi 2 )

Éclairage

Le 9 novembre 1989, le porte-parole du bureau politique du Parti communiste annonce à la télévision est-allemande : " les frontières sont ouvertes avec effet immédiat" : le passage du mur de Berlin devient possible dans les deux sens. Aussitôt, les Berlinois de l'Est affluent aux points de contrôle, notamment au célèbre Checkpoint Charlie ; les gardes-frontières les laissent passer. La joie éclate.

Le violoncelliste d'origine soviétique, Mstislav Rostropovitch, s'installe au pied du mur, à l'Ouest, pour jouer spontanément des extraits d'une suite de Bach. Dissident contraint à l'exil politique en 1974 pour avoir hébergé chez lui l'écrivain Soljenitsyne, puis déchu de sa nationalité soviétique, Rostropovitch est certainement particulièrement touché par la signification de l'événement. En quelques heures, des milliers d'Allemands de l'Est se précipitent pour voir la "vitrine du capitalisme" tandis que des Occidentaux passent à l'est pour découvrir la "patrie du socialisme".

L'événement est considérable ; il marque la fin de la division de l'Allemagne, qui durait depuis 1945 ; il signifie également l'effondrement sans guerre du bloc communiste, contraint à l'ouverture de ses frontières.

Elsa Coupard

Transcription

Daniel Bilalian
... maintenant en direct du mur de Berlin, Philippe Rochot. Philippe, une question toute simple pour commencer, Philippe. Où êtes-vous ce matin et que se passe-t-il autour de vous ?
Philippe Rochot
Ecoutez, nous sommes à Checkpoint Charlie. Vous savez que c'était le point de passage réservé aux étrangers. Et là, tout le monde, les Allemands de l'Est se mélangent aux Polonais qui, d'habitude, passent la frontière pour aller vendre au marché noir leur caviar sur Potsdamer Platz. et vous voyez, ici, il y a une file d'attente d'environ 300 mètres pour passer. Il faut attendre une heure et demie. Et puis, de l'autre côté, également, il y a 300 mètres de file d'attente d'Allemands de l'Est qui veulent venir passer le week-end à l'Ouest. Alors ce qui est intéressant de noter, c'est que sur le mur que vous voyez, ici, en bas, on a refait les inscriptions, c'est-à-dire qu'on a marqué le 10 novembre comme une date vraiment historique. Et puis on me signale que monsieur Rostropovitch, qui se trouve précisément à Berlin Ouest, ici, à Checkpoint Charlie, va jouer, se prépare à jouer. Je ne sais pas si nous aurons le temps de l'entendre, Daniel.
Daniel Bilalian
Oui, on le voit à l'image, en tout cas, là.
Philippe Rochot
Je crois que c'est un événement, quand même, extraordinaire, c'est-à-dire que chacun veut venir saluer à sa manière l'ouverture du mur.
Daniel Bilalian
Bien. Alors on a dit, Philippe... On va laisser monsieur Rostropovitch, bien sûr, se préparer. Si on a le temps de l'entendre, on l'entendra ou on le repassera à la fin du journal. Philippe, on a, ce matin, ouvert le mur en plusieurs endroits. Je crois qu'on va voir des images qui vont venir couvrir ce que vous allez nous dire à propos de ces ouvertures. On a au moins 9 ou 10 endroits où a carrément (on le voit, sur les images) ouvert le mur à la pelleteuse.
Philippe Rochot
Oui, on a ouvert le mur à la pelleteuse, on a creusé aussi pour mettre des dalles, pour permettre le passage des gens. Ça fait une brêche de 3 mètres à peu près. Et ce qui est extraordinaire, ce matin, c'était de se trouver, comme nous l'avons fait, entre les deux murs, puisque finalement, il y avait deux murs qui séparaient Berlin, et au milieu, un No man's land, de se trouver, là, au milieu, avec cette foule de gens qui passaient. Et d'hélicoptère, il y avait vraiment une très belle vue puisque c'était ce désert, ce No man's land avec cette foule qui traversait et qui symbolisait, finalement, l'unité de ces Berlinois entre eux qui n'ont jamais, finalement, cessé de pouvoir se parler mais qui ne pouvaient pas tous se rencontrer.
Daniel Bilalian
Bien. Philippe, on va se quitter ou alors on...
(Silence)
Daniel Bilalian
(Musique) Voilà. Ce moment que vous avez réussi grâce à nos installations, en direct de Berlin, à vivre, et que nous ferons, bien sûr, revivre dans notre édition de 20 heures.