Bohumil Hrabal
Notice
Le plasticien Jiri Kolár parle de son ami, l'écrivain tchèque Bohumil Hrabal : ses débuts, quand Kolár a aidé Hrabal à publier son premier recueil, son passage de la poésie à la prose, leurs goûts communs pour le peintre Bruegel et une analyse du style de Hrabal.
Éclairage
Bohumil Hrabal est né en 1914 à Brno, et décédé en 1997, à Prague. Après avoir exercé plusieurs métiers, il publie son premier recueil de nouvelles en 1963, à presque 50 ans ; le succès est immédiat. Mais après le durcissement du régime communiste en Tchécoslovaquie en 1968, suite à la répression du Printemps de Prague, Hrabal est interdit de publication, sous le prétexte de "grossièreté et pornographie".
Certains de ces ouvrages, écrits pendant cette période, circulent malgré tout sous le manteau, publiés en "samizdat" (littéralement, "auto-édition", système de reproduction artisanal et interdit). En 1976, c'est le tournant : cette année-là, une pétition circule dans les milieux intellectuels, la Charte 77, qui dénonce la "normalisation" du régime après 1968. En réplique, les communistes au pouvoir produisent une Anticharte. Bohumil Hrabal la signe, ce qui provoque son retour en grâce : ses oeuvres sont à nouveau publiées officiellement. Dans les années suivantes, il publie et écrit beaucoup : Moi qui ai servi le roi d'Angleterre (samizdat 1971, 1982), Une trop bruyante solitude (1976), Les Noces dans la Maison (1987).
L'univers de Hrabal est caractérisé par l'ironie, l'humour noir, le pessimisme et le grotesque, dans un style qui mêle argot et raffinement extrême. Considéré comme l'écrivain tchèque majeur de la seconde moitié du XXe siècle, avec Milan Kundera, Bohumil Hrabal refusera toujours d'émigrer. A nouveau frappé de censure dans les années 80, Bohumil Hrabal, malade, se suicide en 1997 en sautant par la fenêtre de l'hôpital où il est soigné.