Mike Leigh, Naked

15 mai 1993
04m 33s
Réf. 00203

Notice

Résumé :

Mike Leigh répond aux questions de Michel Field sur son film Naked présenté au Festival de Cannes : il parle de l'ambivalence de son film et de son personnage principal, qui sont à l'image de celle de l'avenir de l'humanité, de sa volonté de s'intéresser aux gens ordinaires et de les filmer dans leur quotidien.

Type de média :
Date de diffusion :
15 mai 1993
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Thèmes :

Éclairage

A la base du travail de Mike Leigh, cinéaste britannique né en 1943, une technique originale, le "devising", héritée de son expérience théâtrale et d'abord adaptée pour la télévision, permet de rendre compte de l'originalité de son oeuvre. Pas de scénario préétabli : à partir d'une trame sommaire, le metteur en scène travaille séparément avec chaque comédien, en une sorte d'improvisation créatrice qui lui permet d'être le seul à posséder un regard global sur le film en train de s'écrire.

A l'arrivée, le cinéma de Leigh est bel et bien inscrit dans la tradition sociale du cinéma britannique, même si les classes moyennes sont son univers de prédilection (High Hopes en 1988, Secrets et Mensonges, Palme d'or à Cannes en 1996).

L'essentiel ne réside pourtant pas tant dans la dénonciation politique que dans une mise à nu (Naked, 1993) très réfléchie des comportements humains à travers un certain nombre de situations qui tendent progressivement, de l'évocation du monde du spectacle (Topsy Turvy, 1999) au tableau de l'Angleterre des années 50 (Vera Drake, 2004) à une réflexion sur la traversée des apparences.

Thierry Méranger

Transcription

Michel Field
Alors ce film, il est très dur, on a l'impression que c'est la saga d'un antihéros qui est à la fois, peut-être néo-punk, on a l'impression, est-ce que c'est un film, finalement, « No future » ?
Mike Leigh
[Anglais]
Traducteur
Peut-être qu'effectivement il y a un espoir, peut-être qu'il n'y a pas d'espoir. Mais en fait, c'est en fait un parti pris. On peut choisir là, une solution ou l'autre, en fait, c'est vrai que ce qu'on a fait à notre planète, fait que, on peut penser qu'il n'y a pas d'espoir, mais il y a quand même aussi de bons moments. Voilà, on est ici, ce sont de bons moments de la vie, donc on peut aussi considérer que c'est possible. C'est un choix.
Michel Field
Vous dites de votre film : je pense que ce film est aussi drôle qu'il est triste, aussi beau qu'il peut être laid, aussi responsable qu'anarchisant. C'est beaucoup de choses pour un seul film ?
Mike Leigh
[Anglais]
Traducteur
Prenez par exemple le personnage qui est joué par David. Il est bon, il est mauvais, en fait il est plein de compassion, il est aussi cynique, il a un côté destructeur. Donc, on a voulu faire un film qui ne tirait pas de conclusions et qui parlait plutôt de notre époque et qui laisserait les questions, les réponses à tout le monde.
Michel Field
Dans vos films précédents, et dans celui-ci, on a l'impression que vous essayez de scruter au plus près le quotidien des personnages. Que vous filmez les gens, leurs tics, leurs manies, leurs manières de parler. Est-ce que vous avez le sentiment que cette approche du quotidien, c'est aujourd'hui ce qui permet de rendre compte finalement d'une situation sociale ou d'une situation politique ?
Mike Leigh
[Anglais]
Traducteur
Personnellement, ma passion, mon instinct, est de faire des films, à propos des gens, de tout le monde, de monsieur tout le monde. Et bon, ici nous sommes à Cannes, c'est vrai, et ici, il y a plein de gens très spéciaux. Mais quand on pense à notre monde, n'est-ce pas, les gens, qu'est-ce qu'ils font ? Ils se lèvent le matin, ils déjeunent, ils vont au travail, ils font l'amour, ils dorment. Bon. Et ça c'est vraiment la vie. Donc, moi c'est ça que j'aime, c'est ça que j'aime faire. J'aime faire des films sur ça. Parce que je crois que c'est vraiment ça la majorité des gens.