Brina Svit à propos de son arrivée en France

22 mars 2006
03m 01s
Réf. 00344

Notice

Résumé :

L'écrivain slovène Brina Svit évoque sa découverte de la langue française, grâce à sa professeur de français à Ljubjana, qui lui a appris cette langue à travers l'étude de pièces de théâtre, ainsi que son arrivée à Paris.

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Date de diffusion :
22 mars 2006
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Éclairage

Brina Svit (née en 1954), écrivain slovène, arrive à Paris en 1980, afin de poursuivre ses études de littérature française commencées en Slovénie.

Journaliste pour le quotidien slovène Delo, scénariste, réalisatrice de courts-métrages, elle a publié quatre romans écrits en slovène (dont Mort d'une prima donna slovène en 2001) puis trois en français : Moreno (2003), Un c?ur de trop (2006) et Coco Dias ou la Porte Dorée (2007). Ce dernier se base sur un épisode autobiographique : pour apprendre à danser le tango, la narratrice, Valérie Nolo, promet au danseur de tango parisien, Orlando Dias, dit Coco Dias d'échanger des cours de danse contre un livre sur lui. Entre Paris et Buenos Aires, cette biographie romancée évoque l'art de l'abrazo, l'enlacement des danseurs, l'accord entre le corps et l'âme.

Les romans de Brina Svit sont empreints de nostalgie slovène et d'humour tendre.

Aurélia Caton

Transcription

Philippe Lefait
On va commencer avec vous, Brina Svit, et peut-être avec deux questions. La première porte sur le fait que vous avez appris une première phrase en français, qui est très belle : « Je suis solide comme le Pont Neuf. » C'est une phrase que votre enseignante vous a mise dans la tête. Première question : d'où vient-elle et pourquoi êtes-vous solide comme le Pont Neuf ? Et puis Svit... Parce que la signification de ce terme est trop beau pour qu'on ne s'y arrête pas ? Est trop belle...
Brina Svit
J'ai commencé à apprendre le français au lycée, et au lycée on avait une troupe de théâtre qui était dirigée par une prof très connue à Ljubljana, une très bonne prof de français qui s'appelle madame Sayel et qui est toujours vivante. Et donc, moi, j'ai fait partie de cette troupe, et on a joué des pièces en français. Pendant toute l'année, on les a répétées, et à la fin on les a jouées devant un vrai public.
(Silence)
Brina Svit
Et cette réplique, c'est une réplique de Montherlant dans Port-Royal. Et c'est vrai que à l'époque, mon français était très fragile. En fait, c'était vraiment le contraire du Pont Neuf. A l'époque, je ne connaissais pas Paris, encore moins le Pont Neuf, et j'ai essayé de dire cette réplique avec beaucoup d'aplomb. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, à chaque fois...
Philippe Lefait
Quel âge aviez-vous ?
Brina Svit
J'avais 17 ans, et c'est vrai qu'à chaque fois aujourd'hui que je passe sous le Pont Neuf à vélo, je pense à ça.
Philippe Lefait
Svit ?
Brina Svit
Svit, c'est mon pseudonyme.
Philippe Lefait
Svit ?
Brina Svit
Svit, voilà.
Philippe Lefait
C'est slovène ?
Brina Svit
C'est slovène et ça veut dire l'aube.
Philippe Lefait
Le moment où les oiseaux s'arrêtent de chanter.
Brina Svit
Oui, c'est le... en fait c'est le... la toute première lumière le matin.
(Silence)
Philippe Lefait
Voilà 2 repères biographiques. Question subsidiaire : Comment êtes-vous arrivée en France où vous êtes installée depuis une bonne vingtaine d'années maintenant ?
Brina Svit
C'est très simple, j'ai rencontré mon mari, j'étais son interprète à Ljubljana, j'avais à l'époque 23 ans. Il m'a proposé de venir vivre avec moi à Ljubljana, mais je me suis dit : Un pauvre Français à Ljubljana, il va être complètement perdu. Et moi je parle plus ou moins le français, et je ne sais pas pourquoi, je m'imaginais que pour moi, de partir à Paris... Je m'imaginais que c'était pas loin, et je n'imaginais pas la rupture que ça allait être pour moi, et que ce serait pas si facile que ça. Parce qu'au début ce n'était pas facile. Du tout.