Interview with Youssef Chahine for The Other in 1999

13 mai 1999
04m 18s
Ref. 00299

Information

Summary :

Interview with the Egyptian director Youssef Chahine, who has come to present The Other out of competition at the 52nd Festival. The director confirms that everything is political and tries to denounce religious integralism and excessive globalisation through his film.

Broadcast date :
13 mai 1999
Source :
France 2 (Collection: JA2 20H )

Transcription

Claude Sérillon
Youssef Chahine, bonsoir. Vous voudriez qu'on retienne quoi de ce film ? Un film d'amour ou un film politique ?
Youssef Chahine
Les deux se valent et les deux se continuent. Il n'y a pas de chose qui ne soit pas politique. L'amour est politique, entrer dans la salle de bain est politique, tout est politique.
Claude Sérillon
Mais là, vous dénoncez la mondialisation, c'est-à-dire vous attaquez plutôt l'argent, le libéralisme, les américains. Et puis, vous dénoncez l'intégrisme. Et finalement, ce qui m'a surpris, dans votre film, c'est que ça se termine mal. C'est une tragédie. Pourquoi ?
Youssef Chahine
C'est plutôt un avertissement. Ca veut dire si vraiment vous pensez au jeunes et vous pensez à l'avenir, attention, vous ne devez pas continuer à faire ça. Moi, je n'ai pas de haine, je n'ai pas de haine contre les américains. Ils ont été mes profs.
Claude Sérillon
Oui, vous avez une haine contre les intégristes.
Youssef Chahine
Mais, écoutez, il y a une collusion entre et l'argent, et les affairistes, et les américains, et les intégristes. Et d'ailleurs, les intégristes, ils les ont bien aidés.
Claude Sérillon
C'est-à-dire une sorte d'alliance objective ?
Youssef Chahine
Certainement, sans le moindre doute. Tout le monde, ça marche, pour eux. Mais il y a beaucoup de gens qui souffrent et les nouvelles générations. C'est ça où il faut faire un tout petit peu attention. Non, ce que vous dites, votre philosophie, votre économie, votre mondialisation, ce n'est pas très vrai, ce n'est pas très juste. C'est comme comment voulez-vous que moi, je crois qu'ils n'ont pas prévu qu'au Kosovo, Milosevic allait faire ce qu'il a fait ? Je n'arrive à croire. Ils l'ont vu, ils l'ont testé en Bosnie. Et puis, d'un coup, ils sont surpris qu'il ait fait ça ? Ce n'est pas très logique.
Claude Sérillon
Si on revient à votre film, est-ce parce que vous avez eu le grand prix, à Cannes, il y a deux ans, que vous pouvez, maintenant, vous permettre de dire et de faire des choses au cinéma que peu de gens peuvent faire dans les pays du sud ?
Youssef Chahine
C'est gentil, " les pays du sud ", parce qui si tu allais dire autre chose, j'allais me fâcher !
Claude Sérillon
Non, ce sont les pays du sud.
Youssef Chahine
C'est une bonne formule. On a un nouveau censeur qui est jeune, qui a été un journaliste, un critique de cinéma très prisé. Et aussi, avec ce que nous avons fait au gré des années...
Claude Sérillon
Oui, c'est le trente troisième film.
Youssef Chahine
Oui, cinquante ans. Aujourd'hui, je fête mes cinquante ans de cinéma.
Claude Sérillon
Je vais vous proposer de voir un film qui est un film israélien, qui est en compétition, également, pour Un Certain Regard. C'est un film d'Amos Gitaï qui avait déjà fait "Yom Yom", qui s'appelle "Kadosh". C'est son septième film. Et là aussi, il y a ce même thème de l'intolérance. C'est un film qui dénonce l'emprise des religions. On l'a vu dans le reportage de Maryse Burgos, tout à l'heure, en Israël.
Youssef Chahine
Attends une seconde, laisse-moi parler. Tu parles tout seul. Tu n'as pas besoin de me présenter Amos Gitaï. C'est un très grand ami. C'est quelqu'un que j'aime beaucoup et que j'admire beaucoup.
Claude Sérillon
Alors, regardons cet extrait de son film où des hommes parlent des femmes.
Interwiewé
[hébreu]
Claude Sérillon
Un film d'actualité qu'on va revoir, tout à l'heure. Télérama dit de Youssef Chahine : "Il est roué comme un signe et il est sérieux comme un artisan". Qu'est-ce qu'il faut retenir de Youssef Chahine ?
Youssef Chahine
Croire Télérama. Il y a les deux.
Claude Sérillon
C'est une bonne définition ?
Youssef Chahine
J'aime beaucoup.
Claude Sérillon
Merci beaucoup d'avoir participé à ce journal. Je vais...