Gilles Jacob explains the job of General Delegate at the Cannes Festival

14 mai 1980
22m 36s
Ref. 00451

Information

Summary :

Gilles Jacob explains what his functions are as General Delegate of the Cannes Festival.

Broadcast date :
14 mai 1980
Source :
A2 (Collection: MIDI 2 )

Transcription

Journaliste
Voilà pour le football et l'actualité. Je vous propose de rejoindre Cannes, Patrick Lecocq et le festival du cinéma.
Patrick Lecocq
Festival du cinéma. Mais avant de parler du septième art, avec Gilles Jacob, nous évoquions l'actualité, et pendant que vous parliez du football, nous, nous restions sur les jeux olympiques. Vous faisiez une comparaison entre le festival de Cannes et les jeux olympiques.
Gilles Jacob
Oui, ce qui est intéressant, c'est la comparaison entre deux manifestations où, finalement, des gens viennent du monde entier, d'un côté, des sportifs, de l'autre, des gens du cinéma, pour se rassembler. Et sans faire aucun jugement, ce que l'on constate, c'est qu'en ce qui concerne le festival de Cannes, le président du festival, Robert Favre le Bret, qui tient en mains les destinées de ce festival depuis trente-trois ans, a toujours su le préserver de toute intrusion de la politique au festival de Cannes. D'où la santé du festival.
Patrick Lecocq
Il n'y a jamais de pays ou de producteurs privés qui ont boycotté systématiquement le festival de Cannes ?
Gilles Jacob
Non, c'est plutôt le contraire. C'est-à-dire que du monde entier, on veut venir à Cannes, que malheureusement, sur deux mille films tournés dans le monde, nous en visionnons trois cent et nous en retenons vingt. Alors, vous imaginez que c'est l'inverse. Ca fait des jaloux. Norbert Auerbach, puisque vous êtes là, justement, que vous vous occupez beaucoup de cinéma, aux Artistes Associés, puisque vous êtes le senior vice-président mondial des Artistes Associés.
Patrick Lecocq
Pourquoi venir à Cannes ? Quel est l'intérêt pour un producteur ?
Norbert Auerbach
Mais Cannes est toujours un plateau, pour nous, un plateau de lancement. C'est un événement, à mon avis, le plus important dans le cinéma en ce qui concerne le festival. Et puis, il y a énormément de presse. Pour présenter un film, ici, c'est un lancement qui extrêmement valable.
Patrick Lecocq
Bien, on vous retrouve, tout à l'heure, et on parlera du film que vous présentez, "The Long Riders", et du western. Mais Gilles Jacob, le premier rôle du délégué général du festival, finalement, c'est de faire le tour du monde et de sélectionner des films ? C'est ça ?
Gilles Jacob
Il y a trois parties. Il y a, en effet, comme vous l'indiquez très justement, la période préparatoire qui est la sélection des films où il faut, évidemment, " courir le monde ", comme vous le dites pour les visionner, les voir, les choisir. Ca, c'est la partie qui dure à peu près six mois avant le festival. Et puis, deuxièmement, il y a l'animation d'une équipe qui passe, pendant toute l'année ... nous sommes une petite équipe de huit personnes qui passe à trois cent personnes pendant le festival, c'est-à-dire c'est une véritable usine. Et puis, il y a, troisième partie, la réception des trente cinq mille professionnels qui viennent du monde entier à Cannes. Et il s'agit de les accueillir. Donc vous voyez, pendant le festival, c'est plutôt l'accueil. Avant et pendant, c'est l'organisation. Et encore avant, c'est la sélection.
Patrick Lecocq
Alors, la sélection, c'est une petite équipe ou c'est Gilles Jacob tout seul qui parcourt le monde ?
Gilles Jacob
Non, vous imaginez bien qu'une chose aussi importante doit être soupesée. C'est-à-dire que nous avons des informateurs dans le monde entier, des amis critiques. Il y en a un sur ce plateau : Robert Benayoun. Dans chaque pays, des gens qui nous donnent des conseils. Ensuite, nous avons un comité de sélection, bien sûr, que nous ne pouvons pas déplacer dans chacun des pays, et donc, là, il faut juger seul. Et quand on a un doute, car c'est très facile, quand les films sont très bons, de les demander, ou quand il nous paraît qu'ils ne sont pas pour le festival, de les écarter, mais quand il y a doute, on fait venir les films à Paris, on les montre au comité de sélection qui décide.
Patrick Lecocq
Justement, quels sont les critères de choix d'un film ? La qualité, c'est très subjectif.
Gilles Jacob
C'est très subjectif mais vous savez, il y a beaucoup de critiques, dans ce comité de sélection. Et c'est leur métier, quand même, de soupeser les qualités d'un film. Vous savez, ce qu'il y a d'agréable, dans ce métier, c'est d'aider les films à vivre. Et un festival comme celui-ci doit être soucieux à la fois de préserver les films trop fragiles et leur déconseiller de venir, comme le disait monsieur Auerbach, tout à l'heure, de porter sous le projecteur mondial comme sur un tremplin les films que nous voulons aider.
Patrick Lecocq
Pour vous, le trente quatrième festival de Cannes, commencera le 26 mai au soir ?
Gilles Jacob
Non, le trente quatrième festival de Cannes, il est déjà commencé, car en même temps que nous faisons celui-là, nous avons des contacts pour l'année prochaine avec des gens qui, dans le monde entier, produisent des films. Et nous essayons de voir avec eux si les dates coïncideront. Donc, déjà, sur le papier, nous travaillons sur l'année prochaine.
Patrick Lecocq
Bien. Gilles Jacob, l'événement de ce trente troisième festival de Cannes, en dehors du grand retour de Kurosawa... Son film sera présenté... est présenté depuis de matin à Cannes. Nous irons probablement le voir ce soir, France, et vous nous ferez une critique qui est très très attendu. C'est le grand retour du western, si j'ose dire, l'entrée du western dans le festival. C'est un film, "The Long Riders", de Walter Hill. Et le western, c'est une grande tradition américaine. C'est la tradition des mauvais garçons. Alors ? (Vous avez un micro, France).
France Roche
On dit qu'il y a un western ; il y a des westerns. D'abord, les westerns sont différents suivant l'époque où ils sont situés. Vous savez que l'histoire de l'Ouest a commencé en 1802 pour terminer à peu près vers 1900. Alors, au début, vous avez la ruée vers l'or. Vous avez donc les gens qui venaient chercher l'or dans les chariots et puis les méchants sont les indiens qui ne sont pas très contents de voir arriver les chercheurs d'or. Puis, les chercheurs d'or, peu à peu, deviennent les farmers, les fermiers. Ils s'installent. Les Indiens sont encore les méchants, à ce moment-là, mais déjà, les méchants peuvent commencer à être les gens qui vont détrousser les fermes. Arrive la guerre de Sécession, en 1860. Et à ce moment-là, après la guerre de Sécession, commencent les pillages de banque, les attaques de diligence par les blancs qui sont les sudistes qui ont considéré que le Nord ayant gagné les a brimés. Et c'est là que naissent les légendes des brigands bien-aimés qui volaient les banques en disant qu'ils volaient les méchants nordistes. Et enfin, la dernière époque du western, c'est l'époque des "Cattle Baron", c'est-à-dire les fermiers ont été peu à peu grignotés par les grands propriétaires qui ont fait de l'élevage. Et à ce moment-là, les méchants sont les voleurs de bétail. Et à travers tout ça, vous avez des héros qui sont le Shérif, élu par la population, vous avez les chasseurs de prime et vous avez aussi une agence de détectives qui s'appelait Pincarton qui avait quatre ou cinq malheureux détectives qui étaient obligés de courir à travers tout l'Ouest pour retrouver ces voleurs, ces bandits et ces gens-là. Et alors, vous avez également une grande différence, dans le western, suivant les endroits. Par exemple, vous avez, dans le Nord, dans le Dakota, dans le Nebraska, le western sous la neige. Et puis, quand vous descendez le Missouri, le Montana, vous avez des paysages qui peuvent ressembler à la Normandie. Et enfin, vous descendez vers le Colorado, le Texas, vous avez les cactus. Dans le costume du cow-boy, il y a également de grandes différences. Par exemple, le pain de sucre texan n'est pas la même chose que le montana-pic. Ce n'est pas non plus la même chose que le costume du Texas. Même chose pour les éperons. Et en Amérique, à l'American Library, il y a des tas de bouquins qui montrent toutes ces différences, entre les woolers, par exemple, qui, dans le nord, sont faits avec des fourrures et dans le sud, sont fait en cuir. Et puis, on a également beaucoup de portraits véritables des héros du Far West parce que des photographes allaient, avec des énormes appareils, photographier d'abord les Indiens. On a, par exemple, les portraits du vrai Geronimo, du vrai Sitting Bull, du vrai Little Dog. Et puis, il y a eu aussi des portrait des vrais hors-la-loi, du juge Roy Bean, de Davy Crockett. Alors Davy Crockett était un des premiers. Il se promenait sur des échasses dans les marais. Après, il y a eu Wilebee Licock. Et puis, il y a eu Calamity Jane et Annie du Far West qui étaient des dames pas aussi jolies qu'on les a montrées dans les films. Il y a eu les grands héros. C'était Wyatt Earp, le shérif un petit peu douteux, d'ailleurs, ou Doc Hallyday. Et puis, Buffalo Bill, qui a été, d'abord, un véritable coureur de prairie et puis qui s'est littéralement transformé en clown quand il a rencontré le cirque Barnum. Et enfin, on a les portraits des hors-la-loi. On a les portraits des Dalton, le jour de leur arrestation. On a l'affiche qui demandait la tête de Cole Younger, qui a été... (on voit dans le film), qui était un associé des James. Et puis, on a la photo de Jessy James mort. Cette photo... Il a été photographié mort. Et on a la photo de celui qui l'a trahi et qui l'a vendu, et qui s'appelait Charles Ford et qui l'exécuta. Et généralement, dans le cinéma, les films ne montrent pas le véritable visage du western. Et je crois que dans ce film, Walter Hill a voulu se rapprocher énormément de la réalité puisque, justement, pour montrer ces bandes de frères qui étaient des hors-la-loi, il a engagé des bandes de frères qui sont les frères Kitch, les frères Carradine et les frère Guest.
Patrick Lecocq
Et les frère Quaid.
France Roche
Et les frères Quaid.
Patrick Lecocq
... Bien, un très grand cours de western ? Vous êtes d'accord avec tout ce que vient de dire France Roche ?
Norbert Auerbach
Oui, je dois l'être. Moi, je n'ai pas fait de recherches aussi profondes qu'elle mais en principe, elle a décrit...
Patrick Lecocq
Ca fait partie de l'histoire américaine, quand même ?
Norbert Auerbach
Oui. Et ce qu'elle dit, vraiment, c'est que le film, "Long Riders", je crois, s'approche beaucoup de la vérité. Et c'est donc un film épique qui montre le western comme il était.
Patrick Lecocq
Alors, en trente secondes, vous parlez de "The Long Riders" ?
France Roche
Et bien, "The Long Riders", c'est donc l'histoire de Jessie James, le bandit bien-aimé, le brigand bien-aimé. Il y a eu plusieurs films fait là-dessus. L'un a été joué par Tyrone Power. Un autre a été joué par Robert Wagner. Et généralement, c'était montré d'une façon un petit peu opérette. On montrait que Jessie James était quelque chose comme Robin des Bois. Alors que Walter Hill a montré vraiment le côté très ambigu de ces personnages qui n'étaient pas des Robin des Bois mais qui volaient quand même les banques un peu pour leur compte.
Patrick Lecocq
Je pense, d'ailleurs, qu'on va le voir tout de suite.
de film Extrait
[anglais]
Patrick Lecocq
Gilles Jacob, alors, le western avec ce "The Long Riders", ça sera le grand western de ce festival. C'était donc une nouveauté pour vous ?
Gilles Jacob
Oui parce que ça correspond tout à fait à la politique que nous voulons suivre qui consiste, d'ailleurs, à ramener les spectateurs dans les salles de cinéma. Et comment ? En montrant, justement, un retour aux films de genre, comme vous venez de voir une scène époustouflante d'un film spectaculaire. Car nous pensons que, bien sûr, il faut montrer des films d'auteurs, bien sûr, d'ailleurs, c'est un film d'auteur, mais nous voulons absolument réconcilier le spectateur avec l'écran. Là, vous venez de voir une séquence extrêmement brillante. Mais j'ajoute que ce qui m'a touché dans ce film, c'est qu'il y a également des plages de calme qu'on ne montre pas là, parce qu'à la télévision, il faut être spectaculaire, qui sont intimistes, qui sont très précises et qui sont très belles.
Patrick Lecocq
Il faut voir tout le film complètement. Norbert Auerbach, pourquoi est-ce que les producteurs américains avaient, disons, un peu abandonné le western depuis quelques années ?
Norbert Auerbach
Mais je crois que c'est dû, principalement, à deux choses. C'est-à-dire que le spectateur, dans le cinéma, ne voulait plus voir du western. Ceci est dû à ce qu'il y en avait énormément à la télévision. Et donc, maintenant, on en refait parce que les anciens westerns sont trop passés ? Il y a longtemps qu'on n'a pas fait un très bon western. Nous, naturellement, nous y croyons que le western reviendra. Mais à la fin, c'est le public qui décidera.
Patrick Lecocq
Bien. Si vous voulez, je vous propose de retrouver France Roche qui se trouve à quelques mètres de nous, isolée sur un peu d'herbe, et surtout, entourée de quelques frères. Vous avez certainement reconnu l'un des frères Carradine, David Carradine, puisqu'il était l'un des héros de la télévision française. Il est avec son frère Keith qui parle quelques mots de français. Et avec Stacy Keach, si je ne me trompe. Si je me suis trompé, France Roche...
France Roche
C'est Randy Quaid.
Patrick Lecocq
Randy Quaid, excusez-moi. Avec tous ces frères, on peut se tromper.
France Roche
Ils jouent les Younger dans le film, et lui, il joue un Miller. Et David Carradine, qu'on connaît très bien, en France, par le personnage de kung-fu, a une série télévisée qui s'appelle "Shane". Est-ce qu'il y a une grande différence entre être un cow-boy à la télévision et être un cow-boy dans un film comme "The Long Riders" ?
David Carradine
[anglais] (Traduction) Le cow-boy, dans "Long Riders", est beaucoup plus âgé.
France Roche
Vous êtes plus jeune à la télévision, alors ?
David Carradine
(Traduction) Oui. Il y a de ça à peu près dix ans. (Traduction) La télévision, c'est quand même assez différent.
France Roche
Mais le style de cow-boy à la télévision est certainement différent de celui des films. Les films essayent plus de se rapprocher de la réalité, non ?
David Carradine
(Traduction) Oui, ce film-ci, oui. (Traduction) En effet, il colle vraiment à la réalité. (Traduction) Pourquoi ? (Traduction) Il recherche une vérité. (Traduction) Et c'est, là, un concept étranger à la télévision. (Traduction) (excusez-moi).
France Roche
Vous avez déjà fait, pour la télévision américaine de toute manière, (nous, nous ne faisons pas de westerns), vous avez déjà fait des westerns. Vous devez vous sentir très à l'aise, alors, sur des chevaux, avec des revolvers ? La bagarre, ça doit être quelque choses comme une affaire de famille ? Je sais bien que les cow-boy ne parlent pas beaucoup, mais quand même, ils ont, quelquefois, des dialogues !
Keith Carradine
(Traduction) Oui, bien sûr ! (Traduction) Non, je n'arrivais pas à vous entendre. (Traduction) C'est pour cela que je ne réagissais pas. (Traduction) Qu'est-ce que vous portez dans l'oreille, là ? (Traduction) C'est pour écouter la traduction.
France Roche
Vous êtes déjà venu au festival dans un film avec Jack Nicholson. C'est donc votre deuxième film à Cannes ?
Randy Quaid
(Traduction) Oui, c'est vrai. (Traduction) Je suis venu, ici, une fois, avec David. (Traduction) Enfin, moi, je ne suis pas venu mais un de mes films est venu, "Bound for Glory".
France Roche
Donc, c'est la troisième fois que vous êtes ici, à Cannes ?
Randy Quaid
(Traduction) Troisième ou quatrième.
France Roche
Je vois que les cow-boys ne sont pas très très causants, comme on dit chez nous.
Patrick Lecocq
... Nous allons voir le deuxième extrait de ce film "The Long Riders", puisque France Roche a fini de converser avec ces méchants garçons qui l'entouraient, tous ces frères qui sont les héros de ce film. Donc, je vous propose de voir un court extrait encore de "The Long Riders", le premier vrai western présenté dans le cadre du festival de Cannes, trente troisième du nom, cette année.
de film Extrait
[anglais]
Patrick Lecocq
Bien, Robert Benayoun, vous allez avoir à juger ce film. Vous allez le voir quand ?
Robert Benayoun
Moi, je ne l'ai pas encore vu, je le verrai demain. Je crois que c'est demain qu'on nous le montre, n'est-ce pas ?
France Roche
Je ne crois pas que Robert Benayoun ait le droit de venir à cette table. Parce que comme juré, après le film, il n'a plus le droit de venir.
Patrick Lecocq
Il n'a plus le droit de participer ?
Robert Benayoun
Je ne voulais pas parler de ce film-là du tout. Je voulais simplement parler des hors-la-loi.
Patrick Lecocq
Vous êtes un grand spécialiste des hors-la-loi ?
Robert Benayoun
Oui. J'avais participé à un ouvrage paru dans une collection française sur le western. Et je m'étais occupé, uniquement, des hors-la-loi. Donc, c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup.
France Roche
Pourquoi vous préférez les hors-la-loi aux héros ?
Robert Benayoun
Parce que c'est l'adolescence de l'histoire, au fond. Pourquoi tous ces jeunes gens sont des révoltés ? Parce qu'ils appartiennent tous à une époque où le pays lui-même est neuf et il se rebelle. Il a sa crise de puberté, sa crise d'adolescence. Et c'est toujours au travers de jeunes gens, un petit peu mal dans leur peau, parfois un petit peu débiles, parfois, un petit peu en révolte contre leurs parents, en tout cas, contre leur famille et surtout contre les gens qui incarnent la loi et qui incarnent la société que se manifestent ces gens. Et l'histoire de l'Ouest passe par eux, voilà.
Patrick Lecocq
C'est l'histoire des Etats-Unis qui passe par eux, en grande partie. Robert Benayoun, vous êtes membre du jury, cette année. Voilà. C'est la première fois, je crois.
Robert Benayoun
C'est la première fois.
Patrick Lecocq
Comment procédez-vous ? Vous allez voir trois films par jours, quatre films par jour ?
Robert Benayoun
On voit les deux films quotidiens. On les voit exactement aux heures qui nous conviennent. Certains y vont le jour, certains, par exemple, comme Kirk Douglas, le président, a besoin de voir certains films sous-titrés anglais. Alors, lui, il les voit aux rares heures où passe un sous-titrage anglais. Et les autres peuvent voir exactement où ils veulent. Moi, je préfère, quand il fait beau, ce qui n'est pas le cas, aujourd'hui, je préfère aller, un peu, prendre le soleil, et ensuite, voir les films le soir.
Patrick Lecocq
Ensuite ? Vous vous réunissez tous les deux jours ?
Robert Benayoun
En fait, notre première réunion, depuis le début, c'est aujourd'hui. Vous voyez ? On a attendu d'avoir vu, quand même, quatre ou cinq films pour pouvoir avoir quand même de quoi...
Patrick Lecocq
Est-ce qu'il est indiscret de vous demander quels sont les films qui, dans votre conversation, sont sortis le plus ?
Robert Benayoun
Non, nous n'avons encore pas discuté. Nous allons discuter tout à l'heure. Donc vous pouvez me demander ce que vous voulez, en fait, je ne peux rien vous dire.
Patrick Lecocq
Vous, dans les films que vous avez vus jusqu'à présent, quels sont ceux qui vous ont le plus intéressés, disons ?
Robert Benayoun
Ecoutez, le seul dont je puisse parler, c'est un film qui est hors compétition qui est un film russe de Tarkovski, qui est passé hier et que je trouve absolument extraordinaire.
Patrick Lecocq
Vous avez décidé de ne pas vous mouiller, dans cette affaire !
Robert Benayoun
Non mais écoutez, je ne peux pas, normalement. Mais ceci dit, ça me fait très plaisir de parler de ce film russe qui est très très beau.
Patrick Lecocq
Alors, une brève parenthèse : il y a un autre film qui est présenté, aujourd'hui. C'est l'autre événement de ce festival en dehors du film avec tous les frères, "The Long Riders". C'est le film de Kurosawa. Ca fait vingt cinq ans que l'on n'a pas vu Kurosawa en France.
Robert Benayoun
Evidemment, Kurosawa est un des dieux actuels. Et depuis que sont morts, disons, John Ford, Hawks et Walsh, enfin, et les quelques autres, maintenant, il reste encore Bergman, Fellini et Kurosawa parmi, vraiment, les grands noms.
Patrick Lecocq
Hitchcock...
Robert Benayoun
Hitchcock étant mort, et on lui rend un hommage, je crois, dans deux jours. Alors, c'est un dieu du cinéma. Ce qui est amusant, c'est que pour les américains, les dieux du cinéma sont Kurosawa, Fellini et Truffaut aussi. En général, on cite ça dans la même phrase. En général, c'est très bien.
Patrick Lecocq
C'est très bien pour Truffaut ?
Robert Benayoun
Aux Etats-Unis, on le cite avec ces grands noms.
Patrick Lecocq
Bien. Robert Benayoun, nous allons nous quitter dans quelques secondes. Gilles Jacob a été obligé de partir, il a été appelé par un coup de fil, un problème urgent à régler dans le cadre du festival dont il est le délégué général. Il nous a donc quittés il y a deux minutes, pendant le deuxième extrait de ce film. Nous allons, nous, nous quitter. Je vais vous donner un autre rendez-vous. Nous ne quitterons pas le festival de Cannes pendant les huit jours qui viennent, puisque Samedi Midi sera réalisé ici, à partir de midi trente, et que la semaine prochaine, Daniel Bilalian sera sur cette même terrasse et il vous présentera, à trois reprises, Antenne2 midi, en direct du festival de Cannes. Quant à moi, je vous retrouverais demain mais dans un autre lieu, à quelques kilomètres d'ici, à Monaco, très exactement, puisque nous recevrons, comme témoin, Michel Bassy, le patron de radio Monte Carlo, demain, donc, à partir de midi quarante cinq dans Antenne2 midi. Prochain rendez-vous avec l'actualité, ça sera à dix-huit heures trente, C'est la vie. A vingt heures, le journal que vous présentera, comme chaque soir, Patrick Poivre d'Arvor. Voilà. Ici Cannes, donc, où il ne fait pas très beau. Le soleil nous a quitté et la pluie va revenir. Elle est tombée pratiquement toute la journée d'hier, ici. J'espère que pour Samedi Midi, il fera à nouveau beau. Bon après-midi et à demain.
(Musique)