Les sélections parallèles à Cannes

31 mai 1978
07m 47s
Réf. 00195

Transcription

Anne Andreu
Je voudrais rappeler, maintenant, que le festival de Cannes est un festival international non seulement du point du vue des films en compétition mais aussi du point de vue de la critique. C'est-à-dire qu'ici, viennent à Cannes, des critiques du monde entier, d'Europe mais aussi des Etats-Unis. Alors, tous les ans, je vois, ici, monsieur Edwin Jahiel qui est, à la fois, professeur et critique, aux Etats-Unis. Pouvez-vous nous dire, d'abord, en deux mots, qui vous êtes et où vous habitez, aux Etats-Unis ?
Edwin Jahiel
Je suis professeur de français et de cinéma à l'université de l'Illinois qui se trouve à Urbana, une ville totalement universitaire, avec un énorme campus, le campus de l'université de l'Illinois, au sud de Chicago. Voilà.
Anne Andreu
Très bien. Alors, je vous ai remarqué, ici, parce que vous participez à toutes les conférences de presse...
Edwin Jahiel
Et que je suis très beau aussi, oui. Allez-y.
Anne Andreu
Vous posez beaucoup questions. Vous connaissez visiblement très bien le cinéma. Alors, je vais vous demander, parmi les compétitions non officielles, c'est-à-dire parallèles, la Semaine de la critique et la Quinzaine, pour vous, quels sont les films les plus marquants ?
Edwin Jahiel
Bon, alors, pour la Quinzaine des réalisateurs, il y a d'abord ... Enfin, entre autres, je vais les prendre alphabétiquement, c'est "The Getting of Wisdom", le film australien. C'est une révélation. Le cinéma australien est quelque chose de tout à fait inconnu. Et ça m'a plus énormément. C'est le genre de film que je n'aime pas et malgré tout, ça m'a plu. Une reconstitution historique extrêmement bien jouée, avec très peu de fausses notes, si on peut dire. Il y a eu "Chuvas de Verao", le film de Carlos Diegues, le film brésilien, qui est un petit film extrêmement bien fait. Et d'ailleurs, c'est le premier film, à ma connaissance, qui montre deux vieux, enfin, deux personnes qui sont plus ou moins des croulants, des âgés, qui font l'amour. Et c'est très beau. C'est assez rare, ça, dans le cinéma, la nudité des vieux, si vous voulez. Il y a "Gamin", le film de Duran, ou "Gamin", qui est un film colombien, en co-production française, très émouvant. Ca m'inquiète un peu parce que c'est le genre de film qui ne peut que vous donner bonne conscience. Ce sont des gamins déshérités, comme un peu "Los Olvidados", le film de Bunuel, le film classique, en Colombie. Et c'est plutôt atroce; c'est très pénible. Alors, c'est le genre de film qui vous donne un peu bonne conscience, mais il faut que ça soit fait, de toute façon. Et puis, le film de Mrinal Sen. C'est une révélation. Mrinal Sen n'est pas très connu, mais c'est un des deux grands indiens. Ca veut dire lui et Satyajit Ray. Et Mrinal Sen, que je connais très bien personnellement, d'ailleurs, j'ai vu la plupart de ses films. Et ce dernier, "Les Marginaux", est un film extrêmement puissant où le décor ne change presque pas de personnages. Ce sont des gens qui sont absolument des parias de la société. C'est atroce. Et ça se passe, aujourd'hui, en Inde. Et c'est tout à fait authentique. Il y a aussi "La Vedette", le film allemand, de Hauff, de Reinhard Hauff, où je relève particulièrement le jeu de Mario Adorf qui est très peu connu, inconnu tout à fait aux Etats-Unis, mais qu'on a eu le plaisir, aussi, de voir dans "Fedora", parlant un grec impeccable, qui était d'ailleurs le sien. Je n'ai pas vu le film "Il Regno Di Napoli" de Werner Shroeter. On m'en a dit énormément de bien. Mais vous savez, toujours on rentre chez soi en pleurant parce qu'on a loupé certaines choses.
Anne Andreu
Vous n'avez pas loupé grand-chose, en fait. Et dans la sélection américaine de la Quinzaine ?
Edwin Jahiel
Il y avait "Girlfriends". C'est gentil, c'est bien. Ce qu'il m'arrive, à moi, c'est que je trouve qu'on surfait un peu la réputation de certains films américains. Ca me rappelle énormément "Marty", le film "Marty", cette tranche de vie qui est passée au festival de Cannes. C'était la grande révélation du néoréalisme américain en 50 et quelques, un petit film qui a relancé le petit cinéma américain. Alors, c'est un peu dans ce genre-là, et ça m'étonne qu'on n'en ait pas parlé. Et puis, bien sûr, il y a eu le film suédois que je n'ai pas beaucoup aimé, mais qui n'est pas mauvais.
Anne Andreu
Et est-ce que vous avez vu le film de Rappaport, "Scenic Route" ?
Edwin Jahiel
Non. Je ne l'ai pas vu. Je le verrai chez moi. Je me réserve les films américains à la maison, chez moi.
Anne Andreu
Et bien, nous qui avons découvert Rappaport, ici, nous allons montrer quelques images du film de Rappaport.
Interwiewé
[Anglais]
Anne Andreu
Alors, autre compétition parallèle, la Semaine de la critique qui est composée de sept longs métrages, de nationalités différentes. Parmi ces longs métrages, "Alambrista", le film de Robert Young a obtenu la caméra d'or, qui est un prix donné à un premier long métrage. Vous avez aimé ce film ?
Edwin Jahiel
C'est un bon film. C'est un film qui va faire plus d'impression en Europe qu'aux Etats-Unis parce que le sujet, le thème des travailleurs illégaux, immigrés, qui viennent du Mexique, des millions et des millions, tous les ans, c'est un thème qui a été déjà assez travaillé, et c'est la télé américaine qui fait souvent du très bon travail là-dessus, avec des documentaires ou des demi-documentaires, donc. La nouveauté qui existe ici, en France, n'existe pas aux USA. Mais le travail, quand même, est très bien fait.
Interwiewé
[Espagnol]