La sélection 1969

15 mai 1969
03m 05s
Réf. 00120

Transcription

Journaliste
Réception à Cannes pour la mi-temps du festival, sur le rocher du Suquet. Au festival 69, Jean Louis Trintignant a trois chances d'obtenir le prix d'interprétation avec "Ma Nuit chez Maud", "Disons un soir à dîner" et enfin "Z" qui reste favori. Trois titres sont cependant à retenir : "If" de l'anglais Lindsay Anderson, "Easy Rider" de l'américain Denis Hopper, et surtout, "Les Troubles d'Adalen", du suédois Bo Widerberg, qui a enthousiasmé le jury. Marie-Claire Gautier a pris le poul du festival avec Favre Le Bret, délégué général.
Marie-Claire Gautier
Monsieur Favre Le Bret, vous qui êtes un des grands du festival puisque vous êtes l'organisateur principal du festival, est-ce qu'on peut, maintenant, au sein de cette ambiance, prendre la température du festival 1969 ?
Favre le Bret Robert
Oui, comme vous le constatez, il y a une ambiance créée, d'ailleurs, par un très grand nombre de participants. Jamais le festival n'a connu autant de visiteurs, et singulièrement, des visiteurs étrangers. Et puis, les critiques, et les professionnels, d'ailleurs, se plaisent à reconnaître que les films sont particulièrement intéressants, cette année, qu'il y a un échantillonnage très intéressant de la production mondiale.
Marie-Claire Gautier
J'ai entendu dire à différentes reprises : " Mais ce n'était pas comme c'était aux éditions des années précédentes. Il y a moins de vedettes " ?
Favre le Bret Robert
Vous savez, on le dit toujours. D'ailleurs, toutes les années. On confond les vedettes et les monstres sacrés. Or, les monstres sacrés est une race qui disparaît.
Marie-Claire Gautier
Et est-ce que vous pensez que compte-tenu de l'âge du festival et de... on pourrait presque dire sa routine, est-ce que vous pensez qu'il y a une nécessité de changement, de modification dans son fonctionnement et dans ses habitudes, justement ?
Favre le Bret Robert
Et bien non, n'est-ce pas, parce que je pense qu'on confond souvent le contenu et le contenant, n'est-ce pas. Ce sont les films, le cinéma qui évoluent. Mais cette évolution est marquée sur l'écran, n'est-ce pas ? C'est-à-dire ce n'est pas en changeant, en mettant des tabourets à la place des fauteuils dans la salle du palais des festivals que ça peut changer quelque chose.
Marie-Claire Gautier
Maurice Bessy, on a toujours recours à vous quand on veut connaître les dessous du festival. Pourquoi ?
Maurice Bessy
Parce que ça ne me rajeunit pas, bien entendu. Mais tout est... aujourd'hui, c'est la fête dans le festival. Il y a fête. Et je crois que c'était un peu nécessaire parce qu'il y a tellement de films, tellement de films sur tous les écrans qu'il fallait un peu s'aérer, aujourd'hui. C'est le vingt deuxième festival. Je trouve qu'au lieu d'avoir vingt deux ans de plus, il a vingt deux ans de moins, n'est-ce pas ? Nous sommes tous en train de rechercher une formule comme nous la recherchions, il y a vingt deux ans, et je trouve que c'est très bien. Il fallait absolument sortir des cadres un peu rigides dans lesquels nous étions. Nous nous trouvons, ici, avec un certain nombre de nations qui sont de faible production. On ne va pas éliminer les pays qui font dix films par an sous prétexte que ces dix films ne sont pas des superproductions. Donc, ce n'est pas, à proprement parler, une confrontation. C'est une sorte d'échantillonnage de la production de différents pays. C'est comme le vin. Il y a des années qui sont bonnes et il y a des années qui sont moins bonnes. Je crois que cette année, d'un cru très satisfaisant.