Yves Montand parle du rôle difficile de président du Jury

19 mai 1987
02m 40s
Réf. 00243

Notice

Résumé :

Yves Montand parle du rôle difficile de juré, qui pour établir un palmarès doit rejetter des films, alors que ceux-ci représentent tout pour les réalisateurs qui les ont fait. Il évoque ensuite les différentes sortes de films, ceux pour s'évader et ceux qui demandent plus d'effort au spectateur.

Type de média :
Date de diffusion :
19 mai 1987
Source :
A2 (Collection: )

Transcription

Montand Yves
Vous avez la décision à prendre. Il y a 20 films et il y en a eu 300 évidemment choisis. Vingt et sur ces vingt, il faut qu'il y en ait six. Donc, on est obligé d'éliminer d'une façon à la hache. Et, on a dit : " bon, alors, celui-là non ", " celui-là non ", " celui-là non " ! Et au fur et à mesure qu'on ait des " non ", on était très malheureux parce qu'on a pensé à chacun de ces films... Le metteur en scène qui dit... qui est malheureux parce qu'on n'a pas réussi le plan de la veille parce qu'il avait voulu une lumière plus dense, plus contrastée et qu'il n'a pas eu comme il le voulait. La monteuse se casse la tête pour raccorder.
William
Une nuit entière à faire des raccords, oui.
Montand Yves
Et toute cette passion que l'on connaît bien où on croit que l'on fait le plus beau film du monde à chaque fois et que le... non, non, non !
William
Et puis, en plus maintenant, si ce n'est pas plus difficile de juger ses pairs parce que vous êtes un acteur en exercice.
Montand Yves
Oui, oui, oui.
William
Et, vous jugez vos pairs si l'on veut : bon, vous étiez à la retraite... Mais là, ça doit être encore plus dur.
Montand Yves
Oui mais vous avez raison mais, si vous voulez, ma voix n'arrivait qu'en dernier.
William
Ah bon, vous étiez là...
Montand Yves
... pas par peur et pas par non plus démagogie mais je laissais parler les autres.
William
Dites-moi, c'est le palmarès de votre coeur ou le palmarès de la raison ?
Montand Yves
C'est une bonne question comme disait l'autre mais je dirai que, très sincèrement, oui et comprenez-moi bien. Je suis, je crois, comme la grande majorité des Français, c'est-à-dire quand on va voir un film. Et, on a envie de se dire : " Bon allez, prenez-moi maintenant, je veux marcher ".
William
Emmenez-moi dans votre création-là.
Montand Yves
Alors, je suis allé voir " Highlander ", " Out of Africa ", " Mission ", tous ces grands spectacles. Bon, ce que j'appellerai vraiment où les gens vont passer deux heures exactes de détente. Et puis, il y a les films de cinéphile lesquels films de cinéphile (on peut considérer comme [" Sabourret "] par exemple) et qui sont tournés dans le style 80. Ça n'a plus rien à voir avec les films de 60.
William
Ceux-là, vous les aimez aussi.
Montand Yves
Mais, naturellement. Ou " Cherche Suzanne désespérément ", je veux dire. Et puis, il y a les films de cinéphile même un peu plus fermés. Mais ce sont ces films-là qui, peut-être, ne remplissent pas les salles mais font avancer les choses.
William
C'est ce que vous disiez tout à l'heure en disant : il faut placer la barre de temps en temps...
Montand Yves
Il faut placer la barre un peu plus haut. Alors, je sais très bien que le film de Pialat avec Bernanos, ça va être certainement rébarbatif comme comparativement...
William
Ça va être difficile pour " Highlander ".
Montand Yves
Je ne veux pas diminuer " Highlander " ou même venant des sources dans d'autres domaines si vous voulez. Bon, je n'en rougis pas. Au contraire, c'est très bien mais il est évident que c'est plus haut, ça va être sévère et donc il faudrait que les gens aussi fassent un petit effort quelques fois.
William
Mais, j'ai l'impression (et là, je m'adresse à Christophe Lambert puisqu'on parle de " Highlander ")...