Chroniques du Festival 1992 : le Palmarès, les coulisses, les jeunes réalisateurs

19 mai 1992
05m 29s
Réf. 00268

Transcription

Hervé Claude
Lendemain de fête à Cannes, ce qui veut dire lendemain de palmarès et aussi, des critiques sur ce palmarès. Dans la presse, ce matin, on remarque que beaucoup de spécialistes regrettent le choix " académique ", disent-ils, du jury qui a couronné le film "Les Meilleures Intentions". C'est le film du suédois Billie August. Jean Jacques Dufour est notre envoyé spécial, chaque jour, à Cannes. Jean Jacques ?
Jean-Jacques Dufour
Bonjour, Hervé. Avec nous, et sur une plage du Majestic, déserte, un ciel couvert et un temps très friquet, André Bonzel et Vincent Tavier, réalisateur et co-scénariste de "C'est arrivé près de vous", un film provocateur présenté à la Semaine de la critique, et qui a beaucoup fait causer. On est très loin, avec ce film, du palmarès très classique. Mais tout de suite, et même si, comme le dit Libération, " Les Meilleures Intentions ne font pas les meilleurs palmarès ", la remise du prix côté coulisses. Reportage Deschamps, Meulin.
Pascale Deschamps
Facétieuse Jamie Lee Curtis. Facétieuse et soulagée. La discussion sous la houlette du président, Gérard Depardieu, a été franche mais animée.
Jamie Lee Curtis
(Traduction) Oui, il y a eu beaucoup de discussions, mais je pense que c'est le boulot d'un jury de discuter. (Traduction) Et le choix final semble avoir été fait avec l'accord de tous. (Traduction) Enfin, en gros.
John Boorman
(Traduction) Le résultat s'est, disons, imposé, comme un consensus. (Traduction) Et je pense que tous les membres du jury sont satisfaits de ce que nous avons fait.
Pascale Deschamps
Content le couple August. Content et surpris de cette nouvelle palme, comme tout le monde, ici, ou presque. " Je n'en reviens pas ", dit Billie. " C'est presque trop pour moi ". Un qui ne s'y attendait pas non plus, c'est John Turturro. Meilleur acteur, l'an dernier, il rafle, cette fois, la caméra d'or. " Je ne sais pas ce que j'ai fait au jury ", dit-il. " J'imagine qu'ils ont aimé mon film, c'est tout ce que je peux dire ". Côté dames, tandis que Brigitte Fossey se recoiffe, qu'Isabelle Huppert et Victoria Abril regardent la cérémonie à la télé, Nicole Kidman, madame Tom Cruise, prend une brève leçon de français avant de remettre le prix d'interprétation féminine. Tom Cruise qui, lui, n'était pas en compétition, mais qui s'est offert, hier soir, l'un des plus beaux bains de foule de ce festival.
Jean-Jacques Dufour
Ce que l'on peut dire à propos du palmarès 92, c'est que le jury, pourtant composé de gens de qualité, n'a pas fait dans l'audace ni l'innovation. Il récompense, certes, des films d'excellente facture mais laisse de côté des oeuvres originales, singulières, comme "Simple Men"de Hal Hartley, Leolo, de Jean-Claude Lauzon, et "La Sentinelle" de Desplechin. Cela dit, vous, avec votre film dont on a beaucoup parlé, ici, vous avez eu trois prix hors compétition officielle, donc, c'est un bon festival ? Ca permet quand même de récompenser des jeunes qui innovent ?
Vincent Tavier
Nous, on a récupéré trois prix. Oui, pour nous, ça a été fantastique parce qu'on ne s'attendait pas du tout à ça. Et pour nous, ça a été...
Jean-Jacques Dufour
Vous l'avez vendu ?
Vincent Tavier
On l'a vendu dans plein de pays : dans dix pays environ et ça continue à... D'autant plus qu'on vient juste de terminer le film, avant le festival et personne n'en avait entendu parler. Donc, ça a été la surprise totale.
Jean-Jacques Dufour
Donc, "C'est arrivé près de chez vous", c'est un film qu'il faudra aller voir. Comme on n'a pas beaucoup de temps, on ne va pas passer l'extrait, mais on devait le faire. Mais en tout cas, le titre, c'est "C'est arrivé près de chez vous". Et de toute façon, on va arrêter d'épiloguer parce qu'à Cannes, tout est consommé. Et les festivaliers, avec ou sans palme, s'enfuient à toutes jambes. Comme disent les pêcheurs : " Ici, on plie les gaules ". Dans les palaces, on fait les comptes, autre genre de palmarès.
Interviewer
Reportage de Nicole Cornuz-Langlois.
Jean-Jacques Dufour
Et juste après, je vous retrouve en mer.
Nicole Cornuz-Langlois
Sur la plage abandonnée, festivaliers et cinéphiles s'en sont allés. Place aux touristes et aux loisirs. Les directeurs de palace font leur bilan. A la plage du Majestic comme à celle du Carlton, cinq mille repas ont été servis pendant le festival. Ils préparent l'avenir mais évoquent leurs hôtes.
Gérard Yvos
Deux moments forts : Gérard Depardieu président du jury, présent à l'hôtel, et l'arrivée d'Alain Delon qui a déclenché l'émeute dans le Majestic.
Christian Leprince
On remplace les stars connues par des stars inconnues, mais qui viennent vivre leur vie de star, chez nous. Le marché du film se passe vraiment au Carlton, pour le festival, parce qu'il y a vraiment un marché du film. Et puis, les vedettes, bien sûr. Michael Douglas était chez nous. Sharon Stone était ici. David Lynch.
Nicole Cornuz-Langlois
Situé plus près du palais, le Majestic a vu, chaque soir, passer quatre mille personnes ici ou au bar.
Gérard Yvos
On va pouvoir faire le grand ménage. Maintenant, on démarre avec le jumping international de Cannes et je crois que les cavaliers vont remplacer les stars du cinéma.
Nicole Cornuz-Langlois
Restent, pour chacun, des images choc et des souvenirs de fête magiques.
Jean-Jacques Dufour
Conclusion, douze jours de festival, c'est une orgie d'images. Drôle, triste, tendre, vulgaire, trivial, cocasse, enfin, on a l'impression d'avoir, dans la tête, ou à la place de la tête, une bobine 35 millimètres. Franchement, ce n'est pas désagréable. Justement, je vois arriver le mot " Fin ", alors, je vous dis au revoir depuis le Karenita, le bateau d'Errol Flynn, tout un symbole.
Hervé Claude
Salut Jean-Jacques, bon voyage. Hissez les voiles, ce n'est pas encore fait. La formule 1...