Scandale pour "La Grande Bouffe" de Marco Ferreri

22 mai 1973
03m 51s
Réf. 00447

Notice

Résumé :

Marco Ferreri et l'équipe de "La Grande Bouffe" reçoivent huées et sifflets après la projection du film, en compétition pour la France.

Date de diffusion :
22 mai 1973
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )

Transcription

Présentateur
Parlons, maintenant, de cinéma. On s'habitue à tout. C'est ce que l'on pourrait conclure après la projection, hier soir, à Cannes, du film de Marco Ferreri, "La Grande Bouffe" dont nous vous avons déjà parlé hier soir. On nous avait promis un scandale pour le film le plus scandaleux de l'histoire du cinéma. Finalement, très peu de spectateurs ont quitté la salle. Il y a eu, bien sûr, quelques huées et des sifflets, aussi des applaudissements. En tout cas, le résultat espéré par les producteurs est atteint : beaucoup de bruit autour de ce film.
Spectateur
C'est une honte, un film comme ça qui représente la France !
Spectateurs
(Ouh !)
Spectatrice
C'est un scandale. Un scandale ! Ca gagne du pognon, ça, sur le dos du pauvre populo !
Présentateur
Sous les mouvements divers, comme on dit, monsieur [André Astaud], le patron du cinéma français, a congratulé les acteurs dont deux : Marcello Mastroianni et Michel Piccoli accompagnés et réconfortés par leurs dames, Catherine Deneuve et Juliette Greco. (bruit]
Journaliste
Vous avez, ainsi, évidé des réactions suscitées par "La Grande Bouffe". Ce film a réalisé une unanimité aussi totale qu'hostile, tant auprès des spectateurs que de la critique, ce qui est tout de même assez rare. Au-delà du style rabelaisien ou pasolinien, il y a l'abject. C'est, semble-t-il, ce que la plupart des gens auront retenu. Après le réalisme outrancier de "La Grande Bouffe", Jacques Brel propose, aujourd'hui, un voyage poétique dans le monde de l'imaginaire avec Far West.
Jacques Brel
C'est le droit de rêver. Complètement en dehors des normes, en dehors de la vie, quoi. Le droit de rêver.
Journaliste
C'est un message d'amour et d'espoir, un film fraternel avec des personnages à la recherche des valeurs idéales et éphémères de l'enfance face aux réalités d'aujourd'hui, un film hors de notre temps.
(Musique)
Journaliste
Qu'est-ce que vous avez voulu également dire dans ce film ?
Jacques Brel
C'est vrai qu'il y avait le moyen qu'à quarante cinq ans, on n'était pas nécessairement un adulte, qu'on ne s'occupait pas nécessairement de pognon et de cul. Qu'on pouvait simplement avoir l'envie de rêver, d'être naïvement fleur bleue.
de film Extrait
Moi, je cherche de l'or. Ca fait douze ans que je cherche de l'or. Tu en trouve souvent ? Pas ici. Mais en 1956, j'ai trouvé une pépite. Et une autre en 1962, chez un paysan, au fond d'un puits. C'était vraiment de l'or, ça ? Oui monsieur. Enfin, presque. Qu'est-ce que tu veux ? A ce moment-là, je débutais. Et toi, où tu vas ? Moi, je vais au Far west.
Présentateur
C'est extraordinaire parce que ça vient très exactement au lendemain d'un film qui, précisément, montrait le contraire.
Jacques Brel
Je ne l'ai pas vu.
(Musique)