Les élections à l'Assemblée algérienne

08 avril 1948
41s
Réf. 00045

Notice

Résumé :

Reportage à Alger à propos des élections des délégués de la première Assemblée algérienne. Des citoyens français, hommes et femmes, ainsi que des notables musulmans votent pour le premier collège. Les autres citoyens de statut musulman votent pour le second collège.

Date de diffusion :
08 avril 1948
Source :
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Éclairage

Le premier tour des élections à l'Assemblée algérienne le 4 avril 1948, dont il est question dans ce reportage des Actualités françaises diffusé dans le Journal national, fait suite à l'adoption du nouveau statut de l'Algérie.

La mise en place des institutions de la IVe République, à l'automne 1946, et de l'Union française qui rassemble les colonies françaises, avait ouvert la voie à la discussion d'un nouveau statut de l'Algérie. Le projet gouvernemental porté par le ministre de l'Intérieur Edouard Depreux a été adopté par 322 voix contre 92, puis promulgué le 20 septembre 1947. En réalité ce nouveau statut innove peu par rapport au régime légué par la IIIe République et l'ordonnance du 7 mars 1944. L'Algérie demeure un ensemble de départements « doté de la personnalité et de l'autonomie financière ». Assisté d'un conseil de gouvernement de six membres (quatre élus, deux nommés), le gouverneur général continue d'exercer le pouvoir exécutif et administratif, hormis l'Education nationale et la Justice qui relèvent directement du gouvernement à Paris.

Le statut de 1947 crée une Assemblée algérienne de 120 membres élus à parité par deux collèges électoraux. Le premier collège comprend les citoyens français de plein droit et 58 000 citoyens musulmans « de statut local » tandis que le second collège comprend 1 300 000 électeurs musulmans. Le commentaire indiquant « L'Algérie toute entière a voté » est donc à nuancer très largement puisqu'en 1948, la population d'Algérie compte 860 000 Français et 7 700 000 musulmans. Les compétences de cette Assemblée sont précisément définies. Elle peut élaborer un nouveau régime communal, organiser le vote des femmes musulmanes, définir un nouveau régime du culte musulman...

Le nouveau gouverneur général de l'Algérie, Marcel-Edmond Naegelen qui a succédé au général Chataigneau très critiqué, avait retardé de plusieurs mois l'élection de l'Assemblée algérienne. Elles ont lieu les 4 et 11 avril 1948 et laissent supposer une importante victoire des partis nationalistes : le PPA-MTLD (Parti du peuple algérien - Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de Messali Hadj et l'UDMA (Union démocratique du Manifeste algérien) de Ferhat Abbas. En effet, le PPA - MTLD avait déjà remporté un franc succès lors des élections municipales d'octobre 1947, suivi par l'UDMA. Mais une importante opération de corruption est organisée avec un bourrage des urnes, des arrestations, la présence de l'armée dans certains douars... Ce scrutin truqué aboutit à l'issue de second tour à des résultats conformes aux souhaits du pouvoir colonial avec l'élection de 41 candidats administratifs, désignés dans le sujet avec emphase comme les « candidats unis par l'idéal républicain et français ». Ils laissent neuf sièges pour le MTLD et huit pour l'UDMA.

Peggy Derder

Transcription

Journaliste
Pour élire la première Assemblée algérienne, l’Algérie tout entière a voté. Avec Monsieur Gazagne, maire d’Alger, 2 millions d’électeurs sont allés aux urnes. Les premiers, citoyens français et notables musulmans, votant pour le premier collège, où les candidats unis par i républicain et français sont arrivés en tête.
(Musique)
Journaliste
Les autres musulmans, votant pour le second collège, où les partisans de Messali et de Ferhat Abbas ont essuyé un échec. Premiers résultats : la raison triomphe en Algérie, et l’union française s’organise.