L'attentat de Marrakech contre Mohammed Ben Arafa

11 mars 1954
48s
Réf. 00163

Notice

Résumé :

Lors d'une visite officielle à Marrakech, le sultan Mohammed Ben Arafa est victime d'un attentat à la grenade qui le blesse légèrement.

Date de diffusion :
11 mars 1954
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Éclairage

La résidence générale a sous-estimé l'émotion suscitée par l'éviction du sultan Mohammed Ben Youssef le 20 août 1953, veille de l'aïd el-kebir. Transformé en icône du mouvement national, le souverain exilé à Madagascar devient l'objet d'un culte populaire et son portrait s'affiche un peu partout dans le pays. La répression qui a suivi les émeutes des Carrières Centrales à Casablanca (décembre 1952) a considérablement affaibli les partis, c'est donc la lutte armée qui s'impose. Les actions violentes se multiplient contre les autorités françaises et contre le nouveau pouvoir. Considéré comme un usurpateur, le sultan Ben Arafa échappe à plusieurs attentats à la fin de l'année 1953. Le puissant pacha Thami El Glaoui, qui avait mené l'intrigue contre Mohammed Ben Youssef, est l'objet d'une tentative d'assassinat à la mosquée de la Koutoubia, dans son fief de Marrakech, le 20 février 1954. Mohammed Ben Arafa est attendu en visite officielle dans la ville quelques jours seulement après le sanglant événement. Malgré un dispositif sécuritaire exceptionnel, le sultan est visé par une grenade en pleine prière du vendredi, à la mosquée Berrima. Si les Actualités françaises n'hésitent pas à taire la contestation politique, elles traitent systématiquement les attentats qui leur permettent de discréditer les nationalistes. Mais les images se révèlent ici catastrophiques pour la France coloniale et même le commentaire rassurant ne peut masquer l'ampleur du désastre marocain. Du « chaleureux accueil » réservé par la capitale du sud, le spectateur devine plus ou moins une foule masquée par les forces de l'ordre et entr'aperçoit, en plan moyen, un attroupement de curieux, dont quelques gamins qui applaudissent mollement. L'absence de plan général, souvent utilisé lors des visites officielles pour montrer l'accueil enthousiaste de la population, ne peut qu'interroger. Du « sourire » que Mohammed Ben Arafa aurait adressé à ses concitoyens après l'attentat manqué, le spectateur retient surtout l'habit blanc ensanglanté du souverain soutenu par le Glaoui. La faiblesse du « sultan des Français » crève ici l'écran.

Morgan Corriou

Transcription

(Musique)
Journaliste
La visite du sultan Sidi Mohamed Moula Ben Arafa à Marrakech, la capitale du sud, qui lui avait réservé un chaleureux accueil, a été brusquement interrompue par un attentat. C’est dans l’enceinte sacrée de la mosquée de Berrimah, où il présidait à la prière du vendredi, que le sultan a été victime de l’explosion d’une grenade qui fit six autres blessés.
(Musique)
Journaliste
Heureusement, les blessures du sultan ne devaient être que légères, et il pouvait à la sortie de la mosquée, soutenu par le pacha de Marrakech, esquisser un sourire en saluant la foule. Cependant, cet acte de violence marque d’un caractère particulièrement odieux l’agitation dans laquelle les terroristes essaient d’entraîner le Maroc.