Les événements d'Algérie en novembre 1954

11 novembre 1954
01m 01s
Réf. 00207

Notice

Résumé :

Dans la nuit du 1er novembre 1954, une vague d'attentats a lieu sur l'ensemble du territoire algérien. C'est le début du soulèvement des nationalistes algériens.

Date de diffusion :
11 novembre 1954
Date d'événement :
01 novembre 1954

Éclairage

Le 10 octobre 1954, un groupe de nationalistes algériens fonde le Front de Libération National (FLN). Leur objectif : mener une guérilla révolutionnaire visant à arracher l'indépendance algérienne à la France.

Le premier acte de ce soulèvement a lieu dans la nuit du 1er novembre 1954 : 70 attentats disséminés sur une trentaine de points du territoire algérien visent à saboter des installations névralgiques (radio, centraux téléphoniques, dépôts de pétrole...) et à toucher des casernes et des gendarmeries afin d'y récupérer des armes.

Ces attentats, qui devaient épargner les civils, font huit morts, parmi lesquels un jeune instituteur français, Guy Monnerot. Dès le lendemain, le gouvernement Mendès France et son ministre de l'Intérieur, François Mitterrand, organisent la répression contre-terroriste dite de "remise en ordre intérieure". Toutefois, l'expression ne dupe pas longtemps l'opinion : c'est bien une guerre qui vient de débuter en Algérie.

Selon l'expression de Jérôme Bourdon ["Images télévisées de la guerre d'Algérie", in Bussière M, Méadel C., Ulmann-Mauriat C., Radios et Télévision au temps des "événénements d'Algérie", Paris: l'Harmattan, 1999], la presse filmée et la télévision prennent d'emblée la décision de considérer les événements en "adoptant le vocabulaire des autorités" et en "taisant certains faits pour en avantager d'autres". Ce document illustre le caractère parcellaire et partisan de l'information : l'engagement du commentaire est très net, il ne s'encombre pas d'interrogations sur les motivations de la rébellion, et encore moins sur sa légitimité. Il exprime d'emblée la défense d'une Algérie colonie française qui ne se "prêtera pas au rôle souhaité par les agitateurs".

Aucune place n'est faite ici à une information pondérée et raisonnée qui tienne compte du pourrissement pourtant bien connu de la situation algérienne (globalement nord-africaine) depuis 1949 et des causes profondes de la guerre. Le commentaire privilégie avant tout la logique des autorités politiques et joue sur une sémantique négative pour désigner les rebelles : "hors-la-loi, terrorisme, complot organisé par des ligues musulmanes, agitateurs"...

Philippe Tétart

Transcription

Commentateur
Heures troublées en Algérie où en plusieurs endroits du territoire une série d'attentats ont été commis dans la nuit qui précéda la Toussaint.
(Silence)
Commentateur
A Batna se sont déroulées les obsèques des trois soldats du camp militaire assassinés alors qu'ils montaient la garde, tandis qu'au cœur du massif de l'Aurès, Arris recevait les premiers renforts après être resté isolé un jour entier.
(Silence)
Commentateur
Un hélicoptère a ramené à Batna Mme Monnerot, la jeune institutrice victime de l'attentat de Tiffelfell au cours duquel son mari fut tué.
(Silence)
Commentateur
Cependant des mesures de sécurité amenaient de nouveaux renforts et la lutte s'organisait contre les hors-la-loi dont on pouvait situer les repaires dans l'Aurès. A Khenchela, une garde vigilante protégeait la cité et les troupes engageaient l'action. On parle de fellaghas et de complots organisés par certaines ligues musulmanes, mais l'Algérie ne se prêtera pas au rôle souhaité par les agitateurs. On peut croire que le calme sera…