180 000 musulmans

14 janvier 1960
17m 35s
Réf. 01021

Notice

Résumé :

Ce reportage évoque la vie quotidienne et la mise en place de groupes d'autodéfense dans le bled. Il montre des tirailleurs et spahis "contre la rébellion", ainsi que le travail des officiers SAS (visite dans les villages, distribution d'armes, chantiers de construction).

Type de média :
Date de diffusion :
14 janvier 1960
Lieux :

Éclairage

Après les deux conflits mondiaux, l'Armée d'Afrique a été mise en valeur à plusieurs reprises par la propagande filmée afin de donner à voir une image positive de l'engagement des soldats algériens (et plus largement coloniaux), de façon également à créer un lien indissoluble entre ces soldats et la France qui favoriserait, en retour, l'engagement des nouvelles générations dans l'armée dans le cadre des guerres d'Indochine ou d'Algérie. Durant la guerre d'Algérie, cette stratégie est très souvent mise en scène, notamment comme arme psychologique visant à perturber le discours du FLN, ces soldats servant à prouver que tous les hommes ne sont pas du côté de la « rébellion ». Il s'agit donc bien d'instrumentaliser une part de la population algérienne.

Comme on le note dès le générique, qui ne contient ni logo du SCA, ni termes en français, mais seulement le chiffre « 180000 », il s'agit ici d'un film qui devait pouvoir être projeté avec un commentaire en arabe ou en kabyle auprès des populations algériennes. Le film s'ouvre sur une étonnante séquence de vie villageoise accompagnée d'une musique dans le style traditionnel. La suite du film alterne musique jazz agressive pour rappeler les méfaits du FLN et et musique classique calme pour évoquer le rôle des SAS et des groupes d'autodéfense. C'est ensuite une longue suite de chiffres, présentés avec des schémas animés et entremêlés d'images valorisant les différents statuts, qui permettent de donner les effectifs « musulmans » de l'armée française, qui se monteraient d'après le film à 180000 soldats, divisés en groupes d'autodéfense (32500), soldats des troupes régulières (54500), supplétifs (harkis 55000, moghaznis 19400, groupes mobiles de sécurité 8600), gardes de chantiers (10000) ; le tout donnant un chiffre de 180000 qui, on le voit, mélange des emplois très différents et est donc surtout utilisé pour faire mouche : c'est « un total qui parle » comme le dit le commentaire. « Tous ces volontaires musulmans, harkas, moghaznis, GMS, contribuent à cette tâche générale qui est de protéger l'Algérie française contre les égarés qui sèment le désordre, la terreur et les ruines. Unis au sein des forces de l'ordre, participant aux mêmes tâches et aux mêmes combats, sur ce sol national Français de métropole et Français musulmans luttent pour un même idéal ». Le film se termine sur une vision positive d'enfants et de cités en construction, accompagnés par une musique calme : « Dans la paix retrouvée s'ouvrira ici l'ère des hommes libres, égaux et fraternels ».

Sébastien Denis

Transcription

(Musique)
Journaliste
Des millions d’hommes vivaient en paix, et la terre d’Algérie est aujourd’hui ensanglantée.
(Musique)
Journaliste
Les villageois ont fait appel à cet homme, ils ont besoin de lui.
(Musique)
Journaliste
Et c’est pourquoi la foule impatiente l’accueille et l’entoure.
(Musique)
Journaliste
L’histoire qu’ils vont lui conter, c’est l’amer réveil de bien des douars depuis quatre ans.
(Musique)
Journaliste
C’est ainsi qu’a débuté le terrorisme. Hier, à la faveur de la nuit, les fellagas ont fait irruption. Ils ont saccagé les récoltes, volé, pillé, tué le bétail.
(Musique)
Journaliste
C’était la seule du village. Viendra le temps où les hommes, les femmes, les enfants seront à leur tour égorgés. Alors, ces travailleurs, ces pères de famille ont demandé des moyens pour se défendre. C’est ainsi que se constitue spontanément un groupe d’autodéfense. De plus en plus nombreux, ils aident efficacement les forces de l’ordre dans leurs opérations de pacification ; grâce à leurs activités locales qui gênent considérablement l’implantation et les déplacements des rebelles.
(Musique)
Journaliste
Cet autre village possède aussi son groupe d’autodéfense, une quinzaine d’hommes volontaires parmi tous ceux qui désirent vivre tranquilles, en paix.
(Musique)
Journaliste
Ce foyer de sécurité attire les isolés des environs et de nouvelles habitations se construisent.
(Musique)
Journaliste
La nuit peut venir, le groupe d’autodéfense veille.
(Musique)
Journaliste
En un an, le nombre de ces groupes est passé de 433 à 1 117. Au mois de mai 1958, leur effectif s’élevait à 8 751 hommes. Il est à présent de 32 500.
(Musique)
Journaliste
Mais les musulmans sont nombreux aussi dans les troupes régulières. Les tirailleurs, les spahis, riches de leur tradition et de leur gloire combattent aussi contre la rébellion.
(Musique)
Journaliste
Combien sont-ils ? Ils sont 54 500.
(Musique)
Journaliste
Les harkis, eux, s’engagent librement pour la durée qu’ils désirent. Ils peuvent résilier leur contrat comme bon leur semble. Ils sont répartis par petits détachements au sein des troupes régulières ou employés isolément sous forme de commando.
(Musique)
Journaliste
Les Maghzens sont recrutés localement à des fins civiles et militaires. Ils assurent principalement la protection des SAS, des Sections Administratives Spéciales.
(Musique)
Journaliste
Quant aux Groupes Mobiles de Sécurité, les GMS, ils sont formés de civils. Leur statut, comparable à ceux des compagnies républicaines de sécurité en font des fonctionnaires de la sureté générale.
(Musique)
Journaliste
Ces groupes sauvegardent l’ordre public et sont généralement mis dans les secteurs à la disposition de l’autorité militaire.
(Musique)
Journaliste
Tous ces volontaires musulmans, harkas, Maghzens, GMS contribuent à cette tâche générale qui est de protéger l’Algérie française ; contre la folie des égarés qui sèment le désordre, la terreur et les ruines.
(Musique)
Journaliste
Unis au sein des forces de l’ordre, participants aux mêmes tâches et aux mêmes combats sur ce sol national, Français de métropole et Français musulmans lutent pour le même idéal.
(Musique)
Journaliste
Et voici un total qui parle, 180 000, car ces 180 000 soldats musulmans ne sont que l’aile marchante de l’Algérie française. Ils ont choisi librement, ils sont des témoins. Par eux et avec eux, la masse musulmane s’est prononcée contre les meneurs ambitieux, contre les attentats odieux, et les combats fratricides.
(Musique)
Journaliste
Grâce à eux, par le combat, par la pacification, par le progrès économique et social ; les valeurs intellectuelles et morales et les milliards que la France investit dans sa province d’outre-Méditerranée ne sont pas donnés en vain. La route est tracée, dans la paix retrouvée s’ouvrira ici l’ère des hommes libres, égaux et fraternels.
(Musique)