Histoire d'un village

03 mars 1961
18m 22s
Réf. 01022

Notice

Résumé :

Après l'enlèvement d'un villageois, les habitants de ce village décident de s'organiser en autodéfense avec l'aide de l'Armée. Distribution des fusils, entraînement.

Type de média :
Date de diffusion :
03 mars 1961
Lieux :

Éclairage

Le film, terminé en mars 1961, peu avant les premières négociations d'Evian entre la France et le GPRA (en mai), présente la situation de l'année précédente : « Algérie 1960. La rébellion déclenchée six ans plus tôt par quelques fanatiques inspirés et soutenus de l'étranger jette maintenant ses dernières flammes, prenant de plus en plus la forme d'un terrorisme aveugle et négatif ». Le but du film est de montrer la constitution, dans un petit village de Kabylie, d'un groupe d'autodéfense ; une solution qui existait avant 1958 mais qui a décuplé en 1959, notamment parce qu'elle permet de montrer la confiance nouvelle de l'armée dans les populations désireuses de prendre en main leur sécurité.

Le titre de ce film en couleurs (une chose encore rare au SCA) est aussi en arabe, signe qu'il a été pensé pour être projeté dans les populations arabophones. Il s'agit d'une fiction au statut plus clairement assumé que dans la plupart des films militaires. Toutefois, le discours n'a guère changé depuis les films de 1957, signe que l'évolution est assez lente dans les représentations et les discours, où on retrouve toujours la « peur », les « hors-la-loi » et les « brigands », avec « leur dictature de misère et de haine ». Aussi, « le fellagha sait bien qu'il ne peut s'imposer que par la terreur », comme le montre preuve à l'appui une séquence fictionnelle mettant en scène un assassinat, suivie d'une autre « reconstitution » nocturne sur une musique lugubre. Mais ces éléments négatifs vont être contrebalancés par le retour à « Ouled Brahim, petit village du djebel » de Hacène sur son âne, sur une musique de western. S'ensuit un improbable échange en voix over entre Hacène et son ami Chergui, sur lequel viennent se plaquer des images de ce qu'a vu Hacène « de l'autre côté de la montagne », avec des maisons, des usines : « Là-bas l'armée française a détruit le FLN, la paix française est une réalité » entend-on sur fond de musique aux accents ravéliens accompagnés de plans d'agriculture florissante et d'enfants joyeux. Mais tout cela s'explique parce que « là-bas les hommes sont armés Chergui, et ils ils se défendent ». Mais le « traître Ben Mira » surprend leur conversation, et Chergui est enlevé par le FLN. L'armée, aidée par des hommes du village, part à sa recherche et on voit, chose rare, des « rebelles » fictionnels en action puis arrêtés. « Alors Hacène tu voudrais bien le garder ce fusil ? », demande le capitaine. L'autodéfense s'organise donc au village : « Les hommes courageux qui ont décidé de défendre eux-mêmes la vie de leurs familles et de leurs concitoyens auront désormais les moyens de le faire », les armes s'ajoutant aux autres dispositifs scolaires ou sanitaires. Le film se termine sur la chanson et sur l'effigie des groupes d'autodéfense : un hérisson au-dessus d'un fusil et du drapeau français.

Sébastien Denis

Transcription

(Musique)
Journaliste
Algérie 1960, la rébellion déclenchée six ans plus tôt par quelques fanatiques, inspirée et soutenue de l’étrange jette maintenant ses dernières flammes ; prenant de plus en plus la forme d’un terrorisme aveugle et négatif.
(Musique)
Journaliste
Ouled Brahim, petit village du djebel a, comme beaucoup d’autres, longtemps connu la peur née de la présence des hors-la-loi dans la montagne environnante. Ces bandits qui prétendaient combattre au nom du peuple ont vite montré leur véritable visage. Rapidement, leur lutte s’est transformée en entreprise de brigandage pour pressurer chaque jour un peu plus les populations et leur imposer leur dictature de misère et de haine.
(Musique)
Journaliste
Le fellaga sait bien qu’il ne peut s’imposer que par la terreur. Et pour le récalcitrant, ce peut-être la mort un jour au détour de la piste. La nuit, les hors-la-loi apparaissent plus entreprenants encore, pénétrant dans les mechtas pour voler et brutaliser les habitants.
(Musique)
Journaliste
C’est dans ce temps que Hassen revient à Ouled Brahim de retour d’un long voyage de l’autre côté des montagnes.
(Musique)
Chergui
Tu vois ici, c’est toujours pareil.
Hassen
Eh oui !
Chergui
Tiens, on va là-bas, raconte-moi un peu.
Hassen
Tu ne peux pas savoir comme là-bas, c’est différent. Tu peux travailler, tu es tranquille, tu marches sur de bonnes routes, puis tu dors la nuit. Là-bas à Chergui, l’armée française a détruit le FLN, la paix française est devenue une réalité. Un village tout neuf a été construit. Un puits profond va chercher l’eau loin sous terre, et l’eau coule en abondance. Les cultures ont été étendues et les machines venues de France labourent la terre.
(Musique)
Hassen
Là-bas, Chergui, les enfants peuvent jouer sans crainte, rire, être heureux, mais aussi, ils vont à l’école, ils apprennent à lire et à écrire.
(Musique)
Hassen
Ils seront demain des hommes, Chergui.
(Musique)
Hassen
Mais là-bas, les hommes sont armés Chergui, et ils se défendent.
Chergui
Oui, oui, j’ai entendu parler de ça, mais il faudrait essayer ici au moins. Retourne-toi !
Hassen
Qui est-ce ?
Chergui
C’est Ben Mira, celui-là sera sûrement contre nous.
Hassen
Il faudrait agir vite alors.
Chergui
Séparons-nous, c'est plus prudent.
(Musique)
Journaliste
Ainsi, Chergui avait bien vu, le traitre Ben Mira était allé prévenir ses complices.
(Musique)
Journaliste
Chergui, l’homme courageux qui a voulu prendre la défense des enfants, des femmes et des hommes de son village est maintenant entre les mains des bandits. Mais les enfants ont pu fuir, ils vont donner l’alerte au village et au poste militaire le plus proche.
(Musique)
Capitaine
Alors, Hassen, tu voudrais bien le garder ce fusil, hein ?
Hassen
Ah oui mon capitaine, il faudrait aussi que nous en ayons tous au village, à chacun un fusil.
Capitaine
Mais qu’est-ce que vous en feriez ? Il y a au village des paysans qui n’ont jamais touché à un fusil de leur vie.
Intervenant
Mon capitaine, je voulais justement vous en parler, il est temps que nous passions de l’autre côté de la montagne.
Capitaine
Alors toi aussi, tu penses comme ça, c’est bon, je vais envoyer au village un groupe. C’est le Sergent Pascal qui le commandera. Il va venir au village avec cinq de mes meilleurs soldats. Avec lui, vous apprendrez à tirer, à réparer une arme.
(Musique)
Journaliste
L’aventure de Chergui s’était donc bien terminée, puisque grâce à l’intervention rapide et efficace de l’armée, il avait échappé à une mort cruelle. Mais d’autres bandits pouvaient revenir. Menés par des hommes courageux, tel Hassen et Chergui, les villageois étaient désormais bien décidés à se défendre eux-mêmes.
(Musique)
Journaliste
Et l’armée, toujours présente, leur donnerait les moyens de le faire.
(Musique)
Journaliste
Maintenant, une tour domine le village. Dans cette tour, des guetteurs armés, tous volontaires monteront la garde pour protéger leur famille et leur voisin.
(Musique)
Journaliste
A l’Ouled Brahim, une journée de paix s’achève. Ceux-ci, villageois hier apeurés, ont appris à se défendre contre les bandits qui tenteraient de revenir. Ceux-là, militaires européens et musulmans de l’armée française ont apporté à leurs amis du village leur savoir et leur protection.
(Musique)
Journaliste
Aujourd’hui, Ouled Brahim reçoit officiellement la marque de la confiance que l’armée au nom de la France porte à ceux qui la méritent. Les hommes courageux qui ont décidé de défendre eux-mêmes la vie et les biens de leur famille et de leur concitoyen auront désormais les moyens de le faire.
(Musique)
Journaliste
Ouled Brahim, qui s’est engagé sur le chemin de la paix française en connaîtra peu à peu les bienfaits.
(Musique)
Journaliste
Déjà, le médecin y vient régulièrement, des jeunes filles chrétiennes et musulmanes, fraternellement unies l’accompagnent et apprennent aux mères à soigner leurs enfants.
(Musique)
Journaliste
Grâce à la France, grâce à son armée, grâce à ses hommes courageux qui ont choisi la voie du progrès ; Ouled Brahim connaîtra bientôt la paix et la prospérité dans une Algérie nouvelle et fraternelle.
(Musique)
Journaliste
Mais tous les villages, tous les djebels, toutes les forêts ne sont pas encore entièrement débarrassés des bandits, qui vaincus aujourd’hui peuvent revenir demain. Ils reviendront encore tant qu’ils ne seront pas partout et totalement réduits à l’impuissance. Aussi, les hommes d’Ouled Brahim, comme des milliers d’autres, montent chaque nuit une garde vigilante. Et si le rebelle tente une ultime action sur ce village, il sera reçu comme il le mérite.
(Musique)
Journaliste
Parce qu’ils luttent aujourd’hui pour la paix, le progrès et la prospérité, ils auront le droit et le devoir de conduire les leurs demain vers cette Algérie nouvelle ; que nous tous, et d’abord l’armée française, nous voulons bâtir sur des bases de justice, de liberté, de fraternité.
(Musique)
Journaliste
Demain, Ouled Brahim, comme tous les autres villages d’Algérie, comme toutes les autres villes, vivra heureux dans la paix française retrouvée avec la France.
(Musique)