Le VIe conseil exécutif de la Communauté (partie 1 : rencontre officielle)

14 décembre 1959
06m 45s
Réf. 01041

Notice

Résumé :

Le service cinématographique présente l'ouverture du VIe conseil exécutif de la Communauté à Saint-Louis du Sénégal le 11 décembre 1959 et la rencontre des chefs de gouvernement des États membres autour du président de la République française et de la Communauté, le général de Gaulle.

Type de média :
Date de diffusion :
14 décembre 1959

Éclairage

De Gaulle imagine en 1958 une certaine idée de la décolonisation en Afrique subsaharienne, « pacifique » et « encadrée », en contrepoint de la guerre en Algérie. Il conçoit la Communauté française comme un laboratoire des indépendances.

Les populations africaines et malgache votent massivement en faveur de la Communauté au référendum du 28 septembre 1958, à l'exception de la Guinée. Ces territoires qui ont voté oui doivent choisir entre les trois options offertes par la constitution du 4 octobre 1958 : conserver leur statut de territoire d'outre-mer, devenir un département d'outre-mer ou se constituer en République au sein de la Communauté. Les leaders politiques africains s'étaient mobilisés pour que la constitution mentionne le droit à l'indépendance. C'est donc logiquement le troisième choix qui prévaut et 12 républiques sont proclamées d'octobre à décembre 1958.

De nouvelles institutions politiques franco-africaines sont créées. Les conseils exécutifs, qui rassemblent les chefs de gouvernement des États membres et de la France, constituent la colonne vertébrale de cette architecture communautaire. Ce sont eux qui déterminent entre février 1959 et mars 1960 le calendrier de la décolonisation, selon une politique d'association des pouvoirs exécutifs locaux dominée par de Gaulle, qui préside à la fois la République française et la Communauté. Le caractère pyramidal et la nature exécutive du dispositif sont affirmés.

Les cinq premiers conseils exécutifs définissent les compétences communes et nationales ainsi que les structures institutionnelles, économiques et de sécurité extérieure de la Communauté.

Le VIe conseil exécutif qui se tient à Saint-Louis les 11 et 12 décembre 1959 accélère la transition vers les indépendances et conduit à une mutation de la Communauté. Les représentants de la Fédération du Mali y demandent formellement leur indépendance, dans le cadre de négociations avec la France, comme cela est prévu par la constitution. La Fédération du Mali créée en janvier 1959 s'est réduite au Sénégal et au Soudan, après le retrait du Dahomey et de la Haute-Volta qui ont été dissuadés de l'intégrer par la France et la Côte d'Ivoire. Cette Fédération limitée marque l'échec de l'idée des « fédérations primaires » destinées à éviter la balkanisation de l'Afrique. La Fédération du Mali demande dès lors l'indépendance, et donc son retrait de la Communauté, et les autres États membres suivent peu après.

Le reportage réalisé par le service cinématographique des armées présente la cérémonie officielle du VIe conseil exécutif, sans évoquer le chant du cygne qu'il constitue pour la Communauté. Il s'agit surtout de célébrer la dimension évènementielle des relations franco-africaines, alors que le contenu de la rencontre entre les chefs d'État n'est pas mentionné et reste secret. Les conseils exécutifs sont présentés comme se tenant à tour de rôle dans les différents États membres, bien que ce ne soit que la deuxième fois que cette institution se réunit hors de Paris (le IVe conseil exécutif s'était tenu en juillet 1959 à Tananarive). La célébration d'une Communauté centrée sur la France et son président apparaît à toutes les étapes du reportage. Ce sont d'abord les symboles de cette Communauté qui pavoisent la ville et s'inspirent des emblèmes français, comme le drapeau tricolore et l'insigne représentant deux mains unies, entourées d'une couronne de laurier et de chêne. C'est ensuite l'accueil réservé à de Gaulle, représenté sur les vêtements, et qui rassemble autour de lui les chefs des États membres. C'est enfin le discours même du Général qui consacre la Communauté comme une « œuvre d'avenir », bien que celle-ci soit appelée à disparaître à brève échéance. Mais de Gaulle entend maintenir cette « amitié organisée » entre la France et les États africains à travers une « communauté rénovée », fondée sur des accords de coopération en dehors de tout cadre institutionnel.

Bénédicte Brunet-La Ruche

Transcription

(Musique)
Journaliste
Les Etats de la communauté accueillent à tour de rôle le conseil exécutif de la communauté ; qui réunit autour du Général de Gaulle les chefs des Etats membres de cette communauté depuis le référendum de 1958. C’est aujourd’hui Saint-Louis du Sénégal qui s’apprête à recevoir les hautes autorités et à devenir, pour trois jours, la capitale de la communauté. Cette petite ville qui fête son troisième centenaire fut le premier établissement français sur la côte africaine.
(Musique)
Journaliste
L'ile Saint-Louis, cœur de la cité, va vivre dans la joie des heures fiévreuses.
(Musique)
Journaliste
De bonne heure, les services municipaux assurent activement le dernier nettoyage des rues ; pendant que la population commence à se diriger vers le centre de la ville pour accueillir les autorités. A mesure qu’approche l’heure de l’arrivée du Général de Gaulle, les groupes deviennent de plus en plus compacts.
(Musique)
Journaliste
Une ambiance de joie et d’enthousiasme règne, rythmée par les tam-tams.
(Musique)
Journaliste
Saint-Louis s’est paré de couleurs multicolores. Les drapeaux de la communauté et ceux du Mali alternent. Sur l’aérodrome, les troupes se rassemblent pour rendre les honneurs. La foule se masse, s’infiltrant partout d’où elle pourra voir. Le service d’ordre s’assure que tout est bien en place. Venant de Nouakchott, où il a été pendant quelques heures l’hôte du gouvernement de la République islamique de Mauritanie ; le Général de Gaulle atterrit à l’aérodrome de Saint-Louis. Il est accueilli à sa descente de l’avion par les autorités du Sénégal. Après avoir passé en revue avec Monsieur Mamadou Dia les éléments qui rendent les honneurs, il salue les membres du conseil exécutif et les hautes personnalités locales.
(Musique)
Journaliste
La foule enthousiaste s’est massée tout au long des six kilomètres qui séparent la ville de l’aérodrome. Des femmes en costume traditionnel dont beaucoup portent un boubou, à l’image du Général de Gaulle, les enfants qui brandissent des drapeaux scandent, vive de Gaulle ! Monsieur Boubacar Sèye, maire de la ville, reçoit le Général au rond-point de Sort. Le Général de Gaulle prend place dans la tribune officielle pour écouter l’allocution de bienvenue de Monsieur Boubacar Sèye. Celui-ci déclare, vous personnifiez la grandeur à l’image que nous nous sommes toujours faits de la France, de cette France que vous avez restauré ; et qui fut toujours un exemple lorsqu’il s’agit de liberté. En terminant, il affirme l’amitié du Sénégal et du Soudan, unis au sein du Mali avec la France. Le Général de Gaulle répond, il souligne sa joie d’être à Saint-Louis, ville vieille de trois siècles où tant de liens existent entre la France et le Sénégal. Il ajoute, c’est une grande œuvre que nous avons entrepris avec la communauté. Notre communauté est une œuvre d’avenir, c’est l’association, c’est l’amitié organisée entre nous pour le bien de tous. Il termine par ces mots, le président de la communauté qui appartient à tous se trouve ici l’un des vôtres, je m’en réjouis, j’en suis fier.
(Bruit)
Journaliste
Remonté en voiture, le Général de Gaulle ; escorté de la garde rouge à cheval et de motocyclistes parcourt les rues de la ville pavoisées aux couleurs de la communauté et du mali, et envahies par une foule enthousiaste.
(Bruit)
Journaliste
Il arrive au pont Faidherbe, surmonté d’un arc de triomphe, portant au centre les puissants de la ville.
(Bruit)
Journaliste
Le Général, accompagné du président Mamadou Dia se dirige à pied vers la place Faidherbe.
(Bruit)
Journaliste
Dans le village de Ndar, les habitants entourent le monument aux morts. Après dépôt de la gerbe, le Général de Gaulle s’approche des anciens combattants mutilés et porte-drapeau, dont la poitrine est couverte de décorations. C’est le 11 décembre dans l’après-midi que s’est ouverte la sixième session du conseil exécutif. Monsieur Pierre Guillaumat ministre des Armées arrive. Monsieur Alfred Duméril, ministre des Affaires étrangères ; Monsieur François Tombalbaye pour la République de Tchad….
(Musique)
Journaliste
Monsieur Hamani Diori pour la République du Niger ; Monsieur Moktar Ould Daddah, pour la République islamique de Mauritanie ; Monsieur Pinet, ministre des Finances ; l’abbé Fulbert Youlou pour la République du Congo ; Monsieur Mamadou Dia pour la République du Sénégal ; Monsieur Tsiranana pour la République malgache ; Monsieur Michel Debré pour la République française.
(Musique)
Journaliste
Dans la salle des séances, le Général de Gaulle, à sa droite Monsieur Debré, à sa gauche, Monsieur Léon Mba premier ministre de la République gabonaise ; en face, Monsieur Mamadou Dia, entouré de Monsieur Pinet et Lecours.