L'indépendance de la République du Congo [muet]

17 août 1960
01m 35s
Réf. 00103

Notice

Résumé :

[Document muet] Proclamation de l'indépendance de la République du Congo le 15 août 1960 en présence d'André Malraux, ministre du gouvernement français.

Date de diffusion :
17 août 1960
Source :
ORTF (Collection: JT NUIT )

Éclairage

Ce petit film d'1 minute 35 débute par une vue du monument à Savorgnan de Brazza et ses compagnons – surnommé le « Phare » –, monument érigé à Brazzaville durant la Seconde Guerre mondiale, dans cette Afrique Équatoriale française ralliée dès 1940 à la cause gaulliste et devenue capitale de la France Libre de 1940 à 1943. Cet obélisque de 14,5 mètres, conçu par l'architecte Georges Erell, fut inauguré le 30 janvier 1944 à l'occasion de l'ouverture solennelle de la célèbre conférence conduite par le général de Gaulle.

Ouvrir le reportage sur ce « lieu de mémoire » de la colonisation et du gaullisme suggère que l'indépendance de la république du Congo s'inscrit dans la sereine continuité de la politique française en Afrique centrale. De fait, les festivités liées à proclamation de l'indépendance, le 15 août 1960, sont l'aboutissement d'un processus où la France a pesé de tout son poids et de toute son influence, et où elle a contribué à porter au pouvoir l'un des ses fidèles. Face à la montée des contestations nationalistes après 1945, les Français ont en effet appuyé le candidat qui leur semblait le plus à même de servir leurs intérêts : l'abbé Fulbert Youlou, facilement reconnaissable ici à ses vêtements sacerdotaux. En 1959, c'est même l'armée française qui est intervenue dans la capitale congolaise pour mettre fin à l'agitation politique attisée par les luttes partisanes qui mettaient aux prises les « youlistes » de l'UDDIA (Union démocratique de défense des intérêts africains) et les partisans du Mouvement socialiste africain (MSA) dirigé par Jacques Opangault.

Fulbert Youlou, Premier ministre depuis 1958, est élu président de la République autonome du Congo en 1959. A ce poste, il conforte son pouvoir personnel, affirme sa position de modéré pro-occidental et devient l'homme fort du Congo sous le regard bienveillant de l'ex-métropole. Entre autres choses, l'attachement affiché à l'ex-métropole se marque, le 15 août 1960, par un geste symbolique effectué en présence de divers dignitaires français (dont André Malraux, alors ministre des Affaires Étrangères) : l'inauguration d'un buste du général de Gaulle au cœur de Brazzaville, dont le nom colonial n'est d'ailleurs pas modifié.

Sophie Dulucq