Le général de Gaulle en Algérie, 4, 5 et 6 juin

04 juin 1958
08m 11s
Réf. 01017

Notice

Résumé :

Film couleur sur la tournée du général de Gaulle, nouveau président du Conseil, en Algérie du 4 au 6 juin 1958. Durant son séjour, il prononce des discours à Alger ("Je vous ai compris" du balcon du gouvernement général au dessus du forum), à Constantine, à Oran et à Mostaganem. Partout, la foule l'acclame.

Type de média :
Date de diffusion :
04 juin 1958

Éclairage

Du 4 au 6 juin 1958, le général de Gaulle, tout juste nommé président du Conseil par le président de la République, se rend en Algérie pour témoigner aux militaires et aux différentes populations de son attention aux problèmes du pays, avec son fameux « Je vous ai compris ». Mais ce qu'il comprend immédiatement, et ce qu'il dit d'ailleurs tout de suite, c'est la nécessaire égalité entre les Européens et les « musulmans » (Voir le document Français à part entière). Il avait refusé de désavouer le Comité de salut public à Paris, et se montre ici avec lui. Par contre, il n'entend pas laisser aux militaires d'Alger les mains libres, et le général Salan, qu'on voit dans ce film, est rapidement démis de ses fonctions. De Gaulle, en fin politicien, s'est servi des militaires et des Européens d'Alger pour revenir en politique, pour finalement en finir avec l'Algérie française ; ils lui en tiendront toujours rigueur, jusqu'à vouloir l'assassiner et le destituer à son tour lors du putsch d'avril 1961.

Premier élément important : le film est en couleurs, ce qui est assez rare, surtout pour un film d'actualités, mais s'explique par la forte notoriété de de Gaulle et le côté exceptionnel de sa prise de fonction. Le speaker n'est pas le speaker officiel du SCA, mais le même que celui du film réalisé peu avant à Alger (voir Honneur, Patrie, Algérie française), issu du 5e bureau (action psychologique). Le ton du texte est également différent, puisqu'il s'agit à la fin d'une interpellation directe à de Gaulle : « Sachez, mon général, que l'Algérie se tient prête à témoigner encore, et pour vous, et pour la France ». Ce film est donc plus libre formellement ; mais il n'en est pas moins porteur d'un message particulier différent de ce premier film issu du Comité de salut public. Ici, la sélection des extraits de de Gaulle va bien plus dans le sens du général que dans celui de l'armée d'Algérie et du Comité de salut public : pour qui sait entendre, le seul message qui ressort est celui de la nécessaire égalité, et de la nécessaire disparition des « barrières » et « privilèges », entre les différentes populations puisqu' « il faut assurer une patrie à ceux qui pouvaient douter d'en avoir une ». Des images d'Européens (les futurs « pieds-noirs ») applaudissant ses discours sur l'égalité semblent avaliser le changement voulu par de Gaulle. Mais par-delà la mise en scène savamment orchestrée des événements, les images disent toutefois la réalité d'un rassemblement qui n'aura pas de postérité.

Sébastien Denis

Transcription

(Musique)
Journaliste
Parce qu’ils voulaient rester Français, uniquement Français, totalement Français ; 10 millions d’hommes, de femmes, de vieillards et d’enfants criaient depuis le 13 mai 1958 Algérie française et vive la France ! Alors l’homme qui incarnait la France, parce qu’il l’avait déjà prouvé, l’homme qui n’appartenait à personne, mais qui appartenait à tout le monde a répondu présent à cet immense appel. Et il vient à Alger ou avant toute chose, il s’incline devant ceux qui sont morts pour que vive ce premier jour de la résurrection nationale, dont il a accepté la haute direction.
(Musique)
Journaliste
Le soir de ce même jour, plus de 300 000 personnes reprennent le chemin du forum.
(Bruit)
Journaliste
Depuis plus de trois semaines, chaque soir, ils venaient là pour appeler la France, pour appeler de Gaulle.
(Bruit)
Journaliste
Leur espoir est aujourd’hui comblé, il est là.
(Bruit)
Journaliste
Il apporte avec lui cet immense réconfort.
Charles (de) Gaulle
Je vous ai compris.
(Bruit)
Journaliste
Cet immense programme.
Charles (de) Gaulle
Cela veut dire qu’il faut assurer une patrie à ceux qui pouvaient douter d’en avoir une.
(Bruit)
Journaliste
Cet immense espoir….
Charles (de) Gaulle
Jamais plus qu’ici et plus que ce soir, je n’ai senti combien c’est beau, combien c’est grand, combien c’est généreux la France.
(Bruit)
Journaliste
Comme le sursaut national vient de l’Algérie entière, le Général de Gaulle quitte Alger pour se rendre à Constantine où la même foule, la même ferveur, la même confiance l’attendent.
(Bruit)
Journaliste
Tout le Constantinois est venu entendre le Général de Gaulle qui lui dit notamment : je salue Constantine, ville noble, ville de labeur, on ne fait rien de grand sans un grand mouvement des âmes et des esprits.
(Bruit)
Journaliste
Symbole de la grandeur et de la force de la France, la caravelle conduit ensuite le Général de Gaulle à Oran.
(Bruit)
Journaliste
L’Oranie entière vient elle aussi entendre la réponse que de Gaulle apporte en écho à son appel angoissé. Oui, oui, oui, la France est ici, elle est ici pour toujours. L’Oranie entière vient elle aussi se jeter dans les bras largement ouverts de la France.
Charles (de) Gaulle
Il faut que toutes les barrières, il faut que tous les privilèges qui existent en Algérie entre les communautés ou dans les communautés disparaissent. Et il faut qu’il n’y ait en Algérie rien d'autre chose, mais c’est beaucoup rien d’autre chose, que 10 millions de Françaises et de Français avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.
(Bruit)
Journaliste
Ce sont ces mêmes droits et ces mêmes devoirs qui déjà, ont unis jusque dans la mort sous un même uniforme, tous les Oranais tombés aux champs d’honneur ; devant lesquels, le Général de Gaulle va maintenant se recueillir.
(Bruit)
Journaliste
Par la route, le Général de Gaulle se rend ensuite à Mostaganem, où des plaines et des djebels, des cités et des douars, une foule immense est venue l’accueillir.
(Bruit)
Journaliste
Là, ému par cet extraordinaire spectacle, le Général a dit : la France entière, le monde entier sont témoins de la preuve que vous apportez aujourd’hui, que tous les Français d’Algérie sont les mêmes Français, dix millions d’entre eux sont pareils. Merci, merci du fond de mon cœur, le cœur d’un homme qui sait qu’il porte une des plus lourdes responsabilités de l’histoire. Merci, merci d’avoir témoigné pour moi en même que pour la France. Sachez mon Général, que l’Algérie se tient prête à témoigner encore et pour vous et pour la France.
(Musique)