Regroupement de populations civiles en Algérie [muet]

19 avril 1957
09m 55s
Réf. 01071

Notice

Résumé :

Ce sujet traite d'un regroupement de population, dans le bled algérien, dans le département de Constantine. Ces opérations de regroupement sont centrales dans l'entreprise de « pacification » menée par l'armée en française en Algérie et sont l'occasion d'exercer l'action psychologique.

Type de média :
Date de diffusion :
19 avril 1957

Éclairage

Les rushes de ces images tournées dans le département de Constantine, à Aïn el Arbia, montrent les opérations de regroupement menées auprès des populations rurales algériennes. La conduite de ce type d'opérations est très fréquente dans l'entreprise dite de « pacification » mise en œuvre par l'armée française sur tout le territoire algérien. Dans le cadre de la « lutte contre la rébellion », la traque des combattants sur le terrain, illustrée ici à l'image avec des patrouilles (jet d'une grenade dans une grotte par exemple) n'est pas suffisante, il s'agit de contrôler les populations. Les civils sont en effet susceptibles, au-delà de leur sympathie pour les nationalistes et les combattants de l'ALN, de leur fournir une aide matérielle concrète : caches, ravitaillement, déplacements...

Pour priver le FLN de l'appui des populations et soustraire ces dernières au nationalisme, des zones interdites sont définies par l'armée à partir de 1957 et vidées de leurs habitants. Ceux-ci sont envoyés dans des camps de regroupement, composés de tentes ou comme ici d'habitations sommaires, et vivent dans des conditions extrêmement précaires sous surveillance militaire. En 1959, Michel Rocard, élève de l'ENA en stage en Algérie, rédige un rapport alarmant sur les camps de regroupement (cf Michel Rocard, Rapport sur les camps de regroupement et autres textes sur la guerre d'Algérie, Paris, Mille et une nuits, 2003. Réédition critique établie sous la direction de Vincent Duclert et Pierre Encrevé). En 1961, les camps de regroupement rassemblent deux millions de personnes, soit environ un tiers de la population rurale d'Algérie.

Il n'en est pas question sur ces images, mais les soldats français procèdent en plus des opérations de regroupement à un véritable quadrillage, donnant lieu à des perquisitions : bouclage du village, contrôle des identités, fouille des maisons, bien souvent sans ménagement, avec des mesures d'intimidation. Ces ratissages ont souvent donné lieu à de nombreuses exactions.

C'est l'action psychologique qui est privilégiée dans ces images. Les responsables militaires basés non loin, à Bou Sirib, visitent ce regroupement et effectuent une distribution de tracts, écrits en français et en arabe. Un homme du village procède à la lecture. Il s'agit pour l'armée française d'appeler au ralliement. Le combattant de l'ALN désireux de se rendre pourra se présenter devant un poste militaire, arme à la bretelle canon dirigé vers le bas, muni de ce sauf conduit rédigé en français et en arabe.

Peggy Derder