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De Gaulle fait acte de candidature en 1965

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 nov. 1965

Dans son bureau de l'Elysée, le général de Gaulle annonce sa candidature à l'élection présidentielle de décembre 1965.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
04 nov. 1965
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000100

Contexte historique

Par Philippe Tétart

En vertu de la réforme constitutionnelle validée par le référendum du 28 octobre 1962, l'élection présidentielle des 5 et 19 décembre 1965 amène pour la première fois les Français à élire le président de la République au suffrage universel direct. Cette réforme laisse planer bien des incertitudes sur le déroulement de la campagne, ses conséquences, son issue. Les nouvelles dispositions électorales prévoient le maintien au second tour des deux candidats arrivés en tête au premier tour. Qui seront-ils ? Après sa victoire en demi-teinte au référendum de 1962, De Gaulle se présentera-t-il ? Quelles conséquences la bipolarité, toute nouvelle dans la vie politique hexagonale, aura-t-elle ? Le système des partis peut-il trouver à s'exprimer dans un tel schéma ? Y résistera-t-il ?

Ces questions, conjuguées aux rapports de forces conflictuels entre gaullistes, centristes, socialistes, communistes et extrême droite, transforment en profondeur les enjeux et les rapports de force de la vie politique. Pleinement conscient de cette situation et de la possibilité d'un ballottage contre un candidat de gauche qu'il devrait affronter au second tour, le général de Gaulle peut se demander si la réforme qu'il a voulu lui permettra de rester au pouvoir. En sera-t-il paradoxalement la première victime, lui qui, en 1962, "écartait par avance l'hypothèse de rester au pouvoir en cas d'un vote faible, médiocre, aléatoire ?" Le 9 septembre, tandis que François Mitterrand se porte candidat pour la gauche, le Général laisse encore planer le doute sur sa candidature, en "prenant un plaisir évident à entretenir le suspens".

Alors que la campagne bat déjà son plein pour les autres candidats (Mitterrand, Lecanuet, Tixier-Vignancourt, Barbu, Marcilhacy), il attend près de deux mois avant de reprendre la parole et d'annoncer sa candidature, tardive, lors d'une allocution télévisée. Fidèle à lui-même et à sa rhétorique du recours, il y met en avant l'idée de menaces qui pèseraient sur la France et que lui seul serait en mesure de repousser.[René Rémond, Notre siècle, Paris: Fayard/Livre de Poche, 1991, p. 385]

Éclairage média

Par Philippe Tétart

En 1965, la télévision joue pour la première fois un rôle de premier plan dans la campagne électorale, parce que les téléspectateurs sont toujours plus nombreux (20 millions en 1965 pour 6,3 millions de foyers équipés) et que les Français jugent alors à 52%, que la télévision est le principal moyen d'information. Pour la première fois, en soi et à cause de la mise en place de première campagne télévisée moderne (décret du 14 mars 1964), la télévision va jouer un rôle clef dans l'élection. De Gaulle, qui a choisi de se déclarer tard pour abréger la campagne, mesure bien le poids de sa déclaration de candidature relayée par la télévision. D'autre part, c'est un homme vieillissant qui sait devoir prêter une grande attention à son image.

Il en témoigne dans ses Mémoires : un "septuagénaire assis seul derrière une table sous d'implacables lumières" doit paraître "assez animé et spontané pour saisir et entretenir l'attention, sans se commettre en gestes excessifs et en mimiques déplacées". Habitué à apprendre de longs textes par cœur, orateur talentueux, vieux routier de la rhétorique du recours, il tente donc ici de mettre en œuvre son savoir-faire. Il veut entrer en force dans la campagne. Persuadé – contrairement à son entourage, qui va le presser d'utiliser le temps qui lui est alloué à la radio et à la télévision, - que cette seule allocution lui permettra de prendre la tête de la course électorale, il place son discours sous le signe de la menace et du recours. Sur chacun des thèmes abordés (son rôle passé, la nécessité de maintenir un régime "stable et efficace", le bilan d'une France conquérante, le rôle international de la France, la conception du rapport démocratique entre le peuple et son dirigeant), il joue d'une logique toute gaullienne - "moi ou le chaos" - qui s'exprime encore plus nettement dans ses derniers mots : "Devant tous les peuples, le scrutin historique du 5 décembre 1965 marquera le succès ou le renoncement de la France vis-à-vis d'elle-même".

Pour la première fois depuis 1958, cette démarche ne sera pas fructueuse; sans doute, comme le nota André Malraux, parce que cette logique du recours et de l'homme providentiel ne pouvait prendre force dans une campagne marquée par le retour à une "élection classique" et non référendaire.

Bibliographie :

Jean-Pierre Guichard, De Gaulle et les mass media. L'image du général, Paris: France Empire, 1985, pp. 215 et sq.

Jean-Noël Jeanneney, L'Écho du siècle. Dictionnaire historique de la radio et de la télévision française, Paris: Pluriel, 2002 (2e édition), article "De Gaulle", pp.483.

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