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Le référendum de 1969 : l'allocution du général de Gaulle

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 avr. 1969

Deux jours avant la tenue du référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat, le général de Gaulle appelle solennellement les Français à approuver le projet.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
25 avr. 1969
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000114

Contexte historique

Par Eve Bonnivard

En mai 1968, le régime a subi la contestation générale de la société. De Gaulle a voulu y répondre en provoquant un référendum qui lui permettrait de renouveler sa légitimité devant le suffrage universel.

L'enjeu du référendum dépasse ainsi de loin la réforme des institutions et la régionalisation, qui ne sont nullement imposées par la situation, comme l'a été la réforme universitaire. De Gaulle, n'écoutant pas les voix qui lui conseillent de renoncer au référendum ou au moins de ne pas engager sa responsabilité, veut aller jusqu'au bout de l'épreuve de vérité : "Si je suis désavoué par une majorité d'entre vous (...) ma tâche actuelle de chef de l'Etat deviendrait impossible et je cesserai aussitôt d'exercer mes fonctions".

En personnalisant la consultation, réduite à un "quitte ou double", le Général prend le risque de coaliser non seulement les forces hostiles à la réforme, mais aussi celles qui s'opposent à son pouvoir. "Un plébiscite ne se discute pas, il se combat", a d'ailleurs déclaré Pierre Mendès France. Comme prévu, la gauche se prononce pour le "non", mais le camp des adversaires du Général s'étend considérablement, des partisans de l'Algérie française aux Républicains Indépendants qui, derrière Valéry Giscard d'Estaing, multiplient les critiques voilées de la pratique du Général, en passant par une grande partie des sénateurs rassemblés derrière le président du Sénat, Alain Poher. Le 27 avril 1969, les "non" l'emportent par 52,41%. La défaite du général est nette.

Éclairage média

Par Eve Bonnivard

L'entrée en scène radiotélévisée du Général est précédée d'un lever de rideau solennel, panneau annonçant en grande pompe "Le général de Gaulle, président de la République, vous parle", puis vue de face de l'Elysée, sur fond de marche militaire. La familiarité qu'introduit la couleur ne fait que ressortir, par contraste, la raideur du militaire qui a choisi pourtant de paraître en costume.

D'emblée, le général a recours à la dramatisation, afin de mobiliser l'électorat tout en le mettant en garde contre un vote négatif aux conséquences graves. "Votre réponse va engager le destin de la France", une phrase typiquement gaullienne, ponctue ainsi à trois reprises son discours. En dramatisant à dessein l'enjeu du référendum, le Général place l'électeur devant un choix lourd de sens et de responsabilité : voter oui, c'est choisir la France et de Gaulle, voter non, c'est s'exposer à de "désastreuses secousses". Moi ou le chaos. Conscient de la répugnance au changement chez une partie de son électorat conservateur, il prend soin d'inscrire la réforme dans la continuité de l'histoire de France : la régionalisation n'est ainsi rien de plus que l'aménagement "à la moderne" des "anciennes provinces".

Et pour qu'aucun doute ne soit permis sur l'importance qu'il attache à cette consultation des Français, à la source de laquelle il a jusqu'à présent toujours puisé sa légitimité, de Gaulle va jusqu'à mettre son mandat en jeu. Il brandit la menace de sa démission comme un argument définitif auquel le peuple français, pense-t-il, ne saurait rester insensible.

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