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Intervention de René Dumont en 1974

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 avr. 1974

René Dumont, candidat écologiste aux élections présidentielles 1974, justifie la légitimité et le sérieux de sa candidature, puis présente une partie de son programme.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 avr. 1974
Production :
INA
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000129

Contexte historique

Par Philippe Tétart

Issue de la transformation en partis politiques de certains mouvements associatifs prônant la protection de la nature et la lutte contre la pollution, l'écologie entre sur la scène politique à la charnière des années 1960-1970, à la faveur notamment du choc consécutif à la marée noire du Torrey-Canyon (1967).

Avec la crise économique et de l'énergie (crise pétrolière) qui commence en 1973-1974, l'opinion est d'autant plus sensibilisée par le discours écologiste. La crise pétrolière incite en effet les pays industrialisés, dont la France, à accélérer leurs programmes nucléaires. Une partie de l'opinion s'y oppose. Sur la base du mouvement anti-nucléaire, un fort courant se dessine alors. Il rejette les méfaits du productivisme et du modèle de la société industrielle. Il oppose à cette dernière un projet global de société écologiste respectueuse de la nature et de l'homme.

En France, la candidature aux élections présidentielles de 1974 de René Dumont (au nom du Mouvement écologique pour une autre civilisation) marque l'entrée sur la scène publique de ce courant. Chercheur de réputation internationale (il est sociologue et agronome spécialiste du tiers-monde), René Dumont (1904-2001), fonde sa campagne sur un programme posant les questions de la pollution, de la gestion des crises démographiques futures, de la faim et de l'aide au tiers-monde, de la protection de l'environnement et du recyclage, de la remise en cause du nucléaire, de l'économie d'énergie et des énergies nouvelles, du respect des cultures régionales, d'une agriculture "propre" et du développement durable… "Une croissance indéfinie, déclare-t-il, est impossible, nous n'avons qu'une seule terre mais une civilisation du bonheur est possible !".

Dirigée par Brice Lalonde - lui-même futur candidat écologiste aux présidentielles de 1981 -, la campagne de René Dumont débouche sur un faible résultat : 1.32 % des suffrages. Nonobstant, cette première candidature écologiste favorise la tenue rapide d'assises (novembre 1974), posant sur les fonts baptismaux l'organisation politique de l'écologie française.

Au-delà, la candidature de René Dumont ouvre la voie à un mouvement politique et d'opinion, qui depuis lors s'est pleinement intégré à la vie publique.[Daniel Boy, "Ecologistes", in Sirinelli Jean-François (dir.), Dictionnaire historique de la vie politique française, PUF, édition 1995, pp.323-326.]

Éclairage média

Par Philippe Tétart

En 1974, le réflexe du vote écologiste n'est pas encore acquis. Le mot lui-même – René Dumont le souligne ici – n'est pas encore entré dans le vocabulaire commun. Cela n'empêche pas les téléspectateurs d'être marqués par les interventions du scientifique, diffusées simultanément sur les deux chaînes, comme le veut le principe de la campagne télévisuelle.

Connu pour son énergie et sa détermination, réputé pour ses apparitions télévisées en pull-over rouge (habitude vestimentaire en rupture complète avec les usages des hommes politiques), il surprend les Français. Au-delà de l'apparence, il se distingue aussi par sa façon d'être. Durant la campagne officielle dont cette séquence est tirée, il apparaît tel qu'en lui-même : il ne cherche pas à gommer ses défauts de diction, ses hésitations. Ce n'est pas un habile communicateur. Son objectif – et le pari de la campagne dirigée par le journaliste Brice Lalonde - est moins de séduire, selon les canons de toute bonne communication politique - que d'émouvoir. Ainsi il s'adresse aux téléspectateurs comme à des "amis". Mais il entend aussi convaincre en particulier en suscitant la crainte de l'avenir.

René Dumont mise avant tout, ici, sur une pédagogie de la prise de conscience. Il présente les risques encourus par la planète et ses habitants si le rapport de la société industrielle à la nature et à l'environnement ne change pas. Pour mieux souligner les urgentes réformes qu'il appelle de ses vœux, il apporte des objets symboliques sur le plateau : ici un verre d'eau, d'autres fois une pomme. Ceux-ci lui permettent de donner corps à ses affirmations et d'illustrer avec simplicité les menaces qui, selon lui, pèsent lourdement sur l'avenir du monde - une pratique que la Commission nationale de contrôle, dans son rapport de juin 1974, jugera inopportune, car "préjudiciable à la dignité de la fonction présidentielle".

[Besset, Jean-Paul, René Dumont: une vie saisie par l'écologie, Pocket, 1994/ Jérôme Bourdon, Haute Fidélité. Pouvoir et télévision, 1935-1994, Le Seuil, 1994, p. 165.]

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