Entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 13 nov. 1940 | Date d'évènement : 24 oct. 1940

Dans la petite gare de Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher), le 24 octobre 1940, le maréchal Pétain rencontre le chancelier Hitler en présence de Pierre Laval et du général Keitel. Par une poignée de main symbolique, le maréchal Pétain montre qu'il "entre dans la voie de la collaboration".

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités mondiales
Date de l'évènement :
24 oct. 1940
Date de diffusion du média :
13 nov. 1940
Production :
Les Actualités Mondiales
Page publiée le :
2003
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000226

Contexte historique

Par Françoise Berger

Le 24 octobre 1940, le maréchal Pétain rencontrait, dans la petite ville de Montoire-sur-le-Loir, Adolf Hitler venu à bord de son train spécial Erika. Le Führer entreprenait un long voyage qui devait le conduire, après une première entrevue le 22 octobre 1940 dans la petite ville vendômoise avec Pierre Laval, à Hendaye le 23 octobre, puis à Montoire le 24 octobre avant de s'achever à Florence où il devait s'entretenir avec Mussolini. Ces entretiens firent couler beaucoup d'encre.

Les partisans du vainqueur de Verdun ont volontiers affirmé, avec Louis Dominique Girard, que cette rencontre avait été un "Verdun diplomatique" ; les historiens ont montré, à l'inverse, que la collaboration, loin d'avoir été imposée par le Reich, correspondait à une demande française. Montoire a posé les bases d'une collaboration entre le vainqueur et le vaincu. Soucieux de s'intégrer au nouvel ordre européen imposé par l'Allemagne, Philippe Pétain se montrait prêt à dépasser les conventions d'armistice, en entamant, notamment, la reconquête des colonies africaines passées à la dissidence gaulliste. Sans aller jusqu'à envisager une cobelligérance contre la Grande-Bretagne, cette politique marquait un retournement d'alliance susceptible d'intéresser le Führer.

Avant de commencer l'attaque de l'Union soviétique, Adolf Hitler envisageait de "fermer la porte de derrière" en neutralisant une Méditerranée placée sous le contrôle britannique. Dans cette perspective, les offres françaises pouvaient présenter un réel intérêt. Cette collaboration militaire sera pourtant sans lendemain. Interrogé par Hitler, Franco, durant l'entrevue d'Hendaye le 23 octobre 1940, se montrait pour le moins réservé quant à sa participation à l'aventure. Malgré les ouvertures prudemment avancées par Pétain le lendemain, Hitler restait également évasif, persistant à traiter la France en vaincue et tournant son regard vers l'Union soviétique.

Du point de vue militaire, Montoire n'a donc guère eu de résultats concrets. Reste qu'un principe, celui de la collaboration, avait été avancé au grand dam de ceux des Français, largement majoritaires, qui persistaient à considérer l'Allemagne comme un ennemi d'autant plus détestable qu'il occupait une importante partie du territoire. Cette donnée explique que la "poignée de main" échangée le 24 octobre 1940 soit devenue et demeure encore un symbole majeur de la trahison de Vichy. [Voir François Delpla, Montoire, Paris : Albin Michel, 1996]

Éclairage média

Par Françoise Berger

A Montoire, Hitler et Pétain ont échangé une poignée de main qui restera pour l'opinion française comme le premier signe de la collaboration franco-allemande. La rencontre fut instrumentalisée aussi bien par les Allemands que par Vichy à partir d'images qui provenaient des seuls reporters allemands. La trop récente mise en place par Vichy de ses propres actualités n'avait pas permis à une équipe de journalistes français d'entamer les démarches pour se rendre en zone occupée et suivre Pétain à Montoire. En ce qui concerne la poignée de main, elle n'a jamais été filmée car le reporter-caméraman a été gêné par le ministre allemand des Affaires étrangères, Ribbentrop, et par l'interprète. Seuls les photographes qui se trouvaient en face ont pu figer cet instant.

En novembre 1944, les techniciens de "France Libre Actualités" réalisent un montage sur l'Occupation en reprenant les archives des actualités tournées entre 1940 et 1944. Ils veulent commémorer à leur façon la rencontre de Montoire et en faire le symbole de la politique suivie par le gouvernement de Vichy. Mais ils se heurtent à l'absence d'images pour les raisons évoquées plus haut. Pour pallier ce manque, au moment où les deux hommes s'avancent l'un vers l'autre, les techniciens décident d'intercaler un insert représentant le gros plan de deux mains qui se serrent. Un plan sans doute tourné en studio.

Ce document fait partie des actualités cinématographiques diffusées du 7 août 1940 au 14 août 1942 sous le label "Actualités mondiales". Pathé et Gaumont s'étant repliés en zone sud, ce journal fut le seul diffusé dans la zone occupée. Version pour la France du journal allemand de l'UFA Deutsch-Wochenchau, il était conçu, monté et sonorisé à Berlin et ne comprenait que quelques sujets portant spécifiquement sur la France.

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