L'opération d'échange des billets (juin 1945)

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 juin 1945 | Date d'évènement : 04 juin 1945

Entre le 4 juin et le 15 juin, les Français doivent procéder à l'échange de leurs billets de banque dans le cadre d'une vaste opération destinée à enrayer l'inflation, établir un cadastre des fortunes et faciliter la reconstruction de la France.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
04 juin 1945
Date de diffusion du média :
08 juin 1945
Production :
INA
Page publiée le :
2004
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000327

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Pour lutter contre la crise monétaire léguée par les années d'Occupation, le gouvernement provisoire décide de procéder à un échange de billets au début de l'année 1945. La pratique des échanges monétaires est une technique assez courante à la fin de la guerre et a lieu dans de nombreux pays afin de comprimer la masse monétaire. La décision de procéder à un échange de billets une fois le territoire libéré avait été adoptée par les autorités de la France libre dès la fin 1942.

Mais au lendemain de la Libération, un vaste débat a lieu sur la manière dont il faut procéder à cet échange. Pierre Mendès-France, ministre de l'Economie nationale, souhaite procéder à un échange avec blocage (chaque porteur ne recevrait qu'une somme uniforme de 5000 francs, le reste étant bloqué pendant une période indéterminée et ne devant être restitué aux propriétaires que lorsque les progrès de la reconstruction le permettraient). Cette politique de "rationnement monétaire" doit à ses yeux permettre de restreindre la demande, de juguler l'inflation et de traquer les profits réalisés au marché noir. Mais ce projet de Mendès-France se heurte à une vive opposition de la part des libéraux et de leur chef de file, René Pleven, ministre des Finances, qui préconise de son côté un échange indolore, franc pour franc, sans blocage. Désavoué par le général de Gaulle, qui prend position pour son ministre des Finances, Mendès-France démissionne du gouvernement le 5 avril 1945.

La solution proposée par Mendès-France pouvait apparaître séduisante sur le plan théorique mais était difficilement applicable sur un peuple qui avait subi quatre années de contraintes et de tensions et vivait déjà avec beaucoup de difficultés le maintien des restrictions alimentaires. C'est donc sous l'égide de René Pleven que s'effectue l'échange de billets : entre le 4 et le 15 juin 1945, dans plus de 34 000 guichets (banques, bureaux de poste, caisses d'épargne, perceptions), les Français ont pu procéder à l'échange des coupures de 50 à 5000 francs contre de nouveaux billets.

Bien que l'échange s'effectue valeur contre valeur et que les comptes bancaires n'ont pas été bloqués, l'opération suscite une certaine méfiance, notamment dans les campagnes, où l'on craint que les profits réalisés à la faveur de l'Occupation ne soient confisqués. Toutefois, seuls 35 milliards de francs (8% de la circulation fiduciaire) ne se présentèrent pas au guichet. Au final, l'opération ne provoque donc aucun véritable bouleversement économique : elle ne permet pas d'enrayer l'inflation et n'a qu'un effet très limité dans la recherche des profits illicites.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Alors que l'opération d'échange des billets a provoqué quelques grincements de dents et suscité certaines méfiances, le reportage tente de rassurer les petits porteurs. Il montre à plusieurs reprises la présence de gendarmes dans les bureaux d'échange afin d'éviter toute tentative de vol, insiste sur le fait que l'opération s'effectue franc pour franc.

Le principal argument avancé pour expliquer l'opération est celui de la recherche des profits illicites réalisés sous l'Occupation (il s'agissait là d'une attente sociale très forte au lendemain de la Libération, notamment dans les grandes villes, où l'on soupçonnait les classes paysannes de s'être considérablement enrichies grâce au marché noir). Enfin, même s'il s'efforce de présenter des gens souriants, le reportage ne peut occulter totalement l'un des principaux inconvénients de l'opération : les nombreuses queues et files d'attente, parfois très longues, qui se développent devant les bureaux d'échange.

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