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Les marins-pêcheurs bretons saccagent le marché de Rungis

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 févr. 1994

Pour protester contre les importations croissantes de poisson et la baisse des cours, les pêcheurs bretons organisent en janvier 1994 une expédition aux marchés de Rungis où ils saccagent les caisses de poisson étranger.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
03 févr. 1994
Production :
INA
Page publiée le :
2005
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000422

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Avec 3100 kilomètres de littoraux métropolitains et des eaux aux fondements biologiques variés, les ressources de la mer ont depuis longtemps fourni du travail à une multitude d'hommes en France et favorisé l'essor de certains ports de pêches, notamment les ports de la Manche (Boulogne, Saint-Malo), de Bretagne (Concarneau, Lorient, Le Croisic) ou de Vendée (La Rochelle).

Mais à partir de la fin des années 1980, la situation de la pêche en France se dégrade inexorablement et les effectifs des marins-pêcheurs connaissent des réductions drastiques (17 500 en 1990 contre 50 000 en 1970) leur donnant l'impression d'être des laissés-pour compte. Cette crise de la pêche repose sur plusieurs facteurs : la raréfaction des espèces dans les eaux françaises, conséquence de la surexploitation du capital halieutique, l'élimination de certains lieux de pêche (de plus en plus de pays interdisent l'exploitation de leurs bancs par les chalutiers étrangers), la concurrence croissante des produits étrangers. Mais pour les pêcheurs français, ce qui suscite les plus vives critiques reste indéniablement la politique européenne. Soucieuse de protéger les stocks halieutiques, les autorités de Bruxelles ont pris des mesures pour instaurer des quotas de capture par Etat (les TAC, totaux admissibles de capture). Pour mettre fin à la surcapacité des flottes, la commission européenne a également imposé plusieurs POP (plans d'organisation pluri-annuelle). En 1991, le plan Mellick impose ainsi une diminution de 10 % de la flotte française, faisant tomber ses effectifs à quelques 7 000 bâtiments.

En revanche, les mécanismes communautaires s'avèrent impuissants pour briser les importations croissantes de poissons très bon marché en provenance des pays d'Amérique latine, de Russie ou de Pologne, et qui font considérablement chuter le cours du poisson en France. C'est dans ce contexte qu'éclate en 1993 une importante crise : la dégringolade des cours dans les ports de Bretagne entraîne la montée d'une contestation importante et la création d'un "comité de survie" à Douarnenez, bientôt rejoint par une quinzaine de ports bretons. En février 1993, les pêcheurs bretons organisent une montée à Paris et dévastent le marché de Rungis, saccageant notamment les caisses de poisson étranger. L'année suivante, un nouveau coup de sang se produit fin janvier 1994 : parti du Guilvinec, il a mobilisé l'ensemble des pêcheurs français et dégénéré en nouvelles manifestations de violence, toujours au marché de Rungis. Face à cette situation de crise, la commission européenne s'est vue dans l'obligation d'imposer en 1993 et 1994 des prix minima sur les importations de poisson. Le gouvernement français décida de son côté d'accorder un certain nombre d'aides financières aux pêcheurs pour faire baisser les tensions.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Les images particulièrement violentes (destructions de caisses de poissons répandus à même le sol, affrontements avec les forces de l'ordre...) laissent entrevoir le désespoir des marins-pêcheurs. L'interview d'une mandataire de Rungis laisse également transparaître les profondes divisions qui opposent les pêcheurs aux commerçants et distributeurs, ces derniers se tournant volontiers vers les fournisseurs étrangers pour s'approprier leurs produits aux meilleurs coûts.

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