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Projection de Léon à Los Angeles

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 nov. 1994

Peu de temps avant la projection de Léon à Los Angelès, Luc Besson se sent comme un sportif d'une équipe française avant une compétition aux Jeux Olympiques. La première du film, projetée devant 900 personnalités, est un succès.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
04 nov. 1994
Production :
INA
Page publiée le :
2005
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000507

Contexte historique

Par Carole Robert

Depuis la fin des années 1980, avec Le Grand Bleu (plus de 9 millions de spectateurs), Luc Besson est devenu un des piliers du cinéma populaire français, voire international. Estimé par certains comme un "phénomène social" à part entière, Luc Besson est un personnage public atypique, à la fois réalisateur, scénariste et producteur : dans les bonnes années, il représente 1/5ème du chiffre d'affaires de Gaumont. Après le refus de Gaumont de produire Taxi, il fonde sa société "Europacorp", qui devient une major à la française (20 films en production ou développement en 2004-2005).

Scandales, polémiques (films produits en anglais) et procès jalonnent sa carrière (mort d'un cadreur pendant le tournage de Taxi 2, démêlés judiciaires de Léon, rumeurs de plagiat de Jeanne d'Arc...). Luc Besson est à la fois l'idole d'une génération d'adolescents et la cible des critiques, notamment à l'encontre du Cinquième élément, unanimement rejeté par la presse française qu'il n'hésite pas à attaquer en retour par procès. Il est souvent accusé de faire du cinéma hollywoodien. Le 5ème film de Besson, Léon, est produit par Gaumont et distribué aux Etats-Unis par la Columbia, c'est un succès puisque le film est vu par plus de 4 millions de spectateurs. Ce succès international du film est d'autant plus frappant que le sort du cinéma français se joue de plus en plus sur le marché audiovisuel international. Or depuis 1981, année où le cinéma français atteint 49,6% dudit marché, cette part ne cesse de chuter, sans toutefois franchir un palier de 30%. L'ensemble du cinéma est dominé par le marché américain ; et Besson est un des rares réalisateurs français à l'aise dans un système où l'économie d'un film repose plus sur les pré-achats télévisés et les droits étrangers que sur les entrées en salles.

Dès ses premiers films, Besson relance le cinéma spectaculaire français, alors en plein déclin. Le Grand Bleu, un des plus gros budgets de 1988, est une bombe dans le paysage du cinéma français. Le film devient immédiatement culte et relance les écrans larges. Inspiré de la bande dessinée, de la comédie française des années 1970, du cinéma d'Extrême-Orient et des blockbusters américains, son style est un mélange de violence (rythme et cadre) et d'humour avec des personnages décalés, voire inadaptés, rarement sauvés dans un happy-end.

Son projet de "Bessonland", un ensemble de studios de 40 hectares à Saint-Denis, couplé d'un parc d'attractions sur le cinéma, bouclerait la boucle, créant un nouvel empire cinématographique privé en France.

En 2005, le succès de Besson aux Etats-Unis est dépassé par La Marche de l'Empereur (dont la bande originale est changée intégralement pour la version destinée aux Etats-Unis), documentaire sur les manchots qui bat tous les records de succès du cinéma français aux Etats-Unis !

Éclairage média

Par Carole Robert

Le style de Besson ne fait pas l'unanimité en France : la projection aux Etats-Unis est donc pour lui un véritable défi. Il ne nie pas d'ailleurs une forme de trac et de pression sur le "bon Frenchie à Hollywood". Mais la fierté l'emporte. Près de 900 personnes assistent à la 1ère projection-test à Los Angeles.

Un scandale éclate lors de la scène où Mathilda, jouée par Natalie Portman (11 ans) demande à Léon (Jean Reno, 40 ans) de faire l'amour avec elle. Besson finit par retirer les scènes qui choquent trop l'opinion américaine : la distribution passe de 100 à 1000 salles avec la version écourtée, et les critiques positives passent de 19 à 31%. Dans le reportage, Luc Besson n'évoque pas ce scandale de la première-test. Le reportage est plutôt illustratif, joue sur des scènes "people" et met l'accent sur le succès de Besson et le prestige qui en ressort pour le cinéma français : le téléspectateur assiste de loin aux conférences de presse (sans entendre les questions...) et aux interviews pour les chaînes américaines. La seule information est donnée sur la sortie en espagnol qui se prépare.

Le cadre (caméra épaule, au milieu de la foule) se concentre ensuite sur la présence des stars américaines à la première, et ne sélectionne que les éloges, des scènes d'accolade, donnant une vision idéale du monde du cinéma qui accueille à bras ouvert le jeune réalisateur français... L'information est délibérément partiale : il s'agit de n'aborder que les aspects positifs de la diffusion aux Etats-Unis des films français. Besson est présenté comme un athlète qui réussit un challenge, celui d'avoir du succès aux Etats-Unis, ce qui bouleverse l'ordre habituel des choses.

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