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La littérature populaire et la série des San Antonio

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 janv. 1965

Frédéric Dard, créateur de la série policière San Antonio, vient de battre le record du nombre de ventes de livres en 1964.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
29 janv. 1965
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000520

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Si le "Nouveau Roman" rencontre un certain succès en librairie à la fin des années 50, cela est sans commune mesure avec les chiffres de vente de certains auteurs tel Frédéric Dard (1921-2000) qui accumule les best-seller avec sa série policière San Antonio (c'est à la fois le nom du narrateur, du personnage principal et le pseudonyme d'auteur de Dard pour la série).

Au même titre que le cinéma d'un Georges Lautner qui tourne sur des dialogues de Michel Audiard une série de films comme Les Tontons flingueurs truffés de calembours et de mots d'auteur, ces livres sont une des incarnations de la culture consommée par les Français, soit une culture du divertissement dont le comique est le principal ressort. La truculence de son écriture, faite d'un déluge torrentiel de contrepets, d'argot inventé et de néologismes burlesques, la rapproche de celle de François Rabelais (il participe d'ailleurs à une Académie éponyme). La verve des dialogues au vocabulaire fleuri (que le début du reportage vient justement illustrer) assure ainsi son succès. Pourtant au travers d'aventures policières, Dard se livre à une destruction systématique du langage et des structures conventionnelles de la narration.

Par ailleurs si Dard apparaît bien comme un descendant de la tradition satirique du Guignol lyonnais et des grandes séries policières du XIXe (Gaston Leroux, Maurice Leblanc), il écrit aussi sous son nom des romans policiers sombres comme Le Bourreau pleure qui obtient le Grand Prix de littérature policière en 1957. Il a au même titre que Georges Simenon avec sa série de l'inspecteur Maigret ou que Léo Malet, inventeur du personnage de Nestor Burma, contribué au renouvellement du roman policier français, ouvrant la voie au néo-polar de Jean-Patrick Manchette et Jean-Claude Izzo par exemple.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Découpé en deux temps, ce documentaire dresse le portrait de l'écrivain le plus lu de France dans les années 60. En décidant de filmer Frédéric Dard dans la cour du Louvre, monument phare de l'histoire de France puisqu'il fut la résidence des rois pendant plusieurs siècles, il s'agit de faire écho à son dernier ouvrage qui revisite l'Histoire de France tout comme de rappeler le lien très fort qui unit Dard à Paris et à son parler.

L'essentiel réside toutefois dans l'entretien réalisé dans les locaux d'une imprimerie. Le journaliste cherche volontairement à provoquer Dard en le traitant ouvertement de mauvais écrivain. Il enfonce le clou jusqu'à lui demander s'il ne vit pas mal de ne pas écrire "quelque chose qui reste". La tonalité des questions du journaliste à l'encontre du travail de Dard révèle le mépris dans lequel est tenue la littérature populaire et tout particulièrement policière par les élites intellectuelles tenantes du bon goût littéraire.

Ce jugement dépréciatif s'incarne dans le dispositif de l'entretien. D'ordinaire l'écrivain est assis dans un lieu calme, si ce n'est chez lui dans son bureau. Au contraire, il a été préféré une déambulation dans un immense hangar d'imprimerie contenant des milliers d'exemplaires. Il est alors indirectement signifié l'aspect industriel de son travail, entendu que l'art en est l'opposé absolu. Comme des objets dont on peut mesurer le poids et non la qualité, les livres de Dard sont ramenés à l'état de "bouquins" s'entassant les uns sur les autres.

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