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Yves Saint Laurent

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 févr. 1959

Le couturier Yves Saint Laurent explique les caractéristiques de son style.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
01 févr. 1959
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000537

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Après quelques années d'apprentissage chez Christian Dior, Yves Saint Laurent lui succède en 1957. C'est l'une des premières fois qu'une maison de couture survit à son créateur. Cela s'explique en partie par l'édifice économique qui avait été élaboré par Dior et que Saint Laurent perpétue : la clientèle des particuliers ne constitue plus le seul débouché. Le parfum, le prêt-à-porter et, surtout, la concession de licences de reproduction et de fabrication assurent l'essentiel du chiffre d'affaires, la haute couture devenant une vitrine souvent déficitaire.

A peine âgé de 20 ans, Saint Laurent présente sa première collection en 1958 où sa robe « trapèze » frappe les esprits, coup d'éclat qu'il transforme en triomphe lors de sa 3e collection en 1959. Dans la continuité de son maître, il libère la femme de ses corsets, redonnant aux vêtements « simplicité », « naturel » et « souplesse » comme il le dit lui-même dans cet entretien. Considérant que « toutes (ses) robes naissent d'un geste », il veut mettre « à l'aise » et magnifier le corps de la femme ; il remplace le mot « élégance » par celui de « séduction ». Ses sources d'inspiration diverses révèlent un souci aigu de renouvellement. Il évoque ainsi sa complicité avec la danseuse et chanteuse Zizi Jeanmaire, compagne du chorégraphe Roland Petit, pour qui il réalise des costumes en 1960. Par ailleurs, Yves Saint Laurent a souvent utilisé des motifs de peintres célèbres (Goya, Van Gogh, Mondrian), révélant le souci de s'ancrer dans le passé pour habiller l'avenir.

La création de sa propre maison, en 1961, avec Pierre Bergé lui a permis de continuer son aventure esthétique et économique, son nom sous la forme de ses initiales (YSL) devenant une marque connue et copiée dans le monde entier. Sa renommée tient aussi à ce qu'il habilla le premier les femmes d'un blouson noir, d'un smoking d'homme ou de robes transparentes.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Au ton ferme et énergique du journaliste, Yves Saint Laurent oppose des réponses empreintes de timidité (il ne regarde que très peu le journaliste) ; il n'a alors, il est vrai, qu'une vingtaine d'années. La photographie de Christian Dior filmée en ouverture vient rappeler la figure tutélaire du maître, mort subitement en 1957. Saint Laurent est ainsi ramené à une condition d'élève. Tête rentrée, recroquevillé sur sa chaise, main sous la table, il doit faire face aux interrogations de l'examinateur comme lors d'un oral. Dans un deuxième temps, comme pour vérifier la réalité de son talent, le journaliste lui fait exécuter docilement son exercice. Le sujet, une esquisse à la craie sur le tableau noir d'un modèle, lui est quasiment imposé ; à peine lui est-il concédé de dessiner son modèle préféré.

On peut voir par ailleurs, dans l'adresse directe faite aux téléspectatrices, l'expression traditionnellement misogyne de la nécessité pour une femme de faire attention à son allure. Les femmes sont d'ailleurs totalement absentes de l'entretien, si ce n'est sous la forme d'objets avec les mannequins d'exposition des robes de la collection passée : c'est entre hommes que se décide ce que doivent porter les femmes. L'attitude décontractée du journaliste (il a une main dans la poche) et l'affirmation des avantages de cette nouvelle mode (celle-ci « met la femme à l'aise ») vient donner toutefois une touche de modernité à l'entretien, à l'unisson du vent nouveau que veut faire souffler Saint Laurent et que s'approprie le journaliste et plus largement la télévision alors symbole du progrès.

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