L'industrie du disque

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 07 avr. 1961

A l'occasion de l'enregistrement d'une chanson, Pierre Tchernia revient sur le processus de fabrication d'un disque destiné à être un tube.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Cinq Colonnes à la une
Date de diffusion du média :
07 avr. 1961
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000542

Contexte historique

Par Vincent Casanova

La musique au cours des années 50 entre dans l'ère de la culture de masse. Elle envahit l'espace public par la multiplication des techniques de reproduction et de diffusion sonores (autoradio, pick-up, walkman). Grâce aux innovations de firmes américaines, le microsillon est mis au point en 1948 et les premiers exemplaires sont diffusés en France en 1952 par la maison de disques Barclay.

Plus léger, moins cher, au confort d'écoute amélioré (une vingtaine de minutes pour une face de microsillon contre 3 minutes avec un 78 tours), le disque devient un objet de consommation courante : 7 millions de disques sont vendus en 1948 contre 18 en 1956, 41 en 1963, 100 en 1973. C'est principalement aux variétés que bénéficie cet essor, parallèlement à la standardisation de la chanson. Celle-ci est ainsi produite à la chaîne, en série, de manière industrielle. Des paroles souvent consensuelles voire conservatrices comme ici celles de La Terre associées à une mélodie simple et mémorisable doivent permettre une large diffusion, l'instrumentation pouvant être adaptée selon le public visé, adulte avec Georges Guétary, transgénérationnel avec Bourvil, populaire avec l'accordéon d'Yvette Horner... Le développement du marché du disque favorise par ailleurs le renouvellement du paysage de l'industrie discographique hexagonale.

L'apparition en 1945 de nouveaux labels comme Vogue et Barclay se fonde d'abord sur le succès du jazz (1 million de disques de Sidney Bechet vendus en 1955) avant d'élargir leurs activités au domaine de la variété. A elles seules, les deux firmes se partagent 30 % du marché français, le reste étant partagé entre les filiales des grandes compagnies multinationales, américaines pour la plupart (CBS, RCA). Enfin, ces entreprises mettent au point un système médiatique très puissant commercialement. Dès 1955, Bruno Coquatrix, directeur de l'Olympia, Lucien Morisse, directeur des programmes de la nouvelle station Europe 1, et Eddie Barclay, directeur de la compagnie du même nom, élaborent une stratégie commune visant à promouvoir les artistes enregistrés par Barclay en les faisant passer dans l'émission d'Europe 1 "Musicorama" quelques jours avant leur baptême sur la scène de l'Olympia. Loin de se concurrencer, radio, disque et scène se complètent. A partir des années 60, la télévision se joint au système.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

A ses débuts, la télévision est conçue autant comme un moyen de divertissement que comme un instrument d'éducation, d'accès à la culture. C'est dans cette optique qu'un certain nombre d'émissions prennent le soin d'expliquer le monde. Dans cet esprit est créée en 1959 "5 colonnes à la Une", émission de reportages de Pierre Lazareff, Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet. Le même esprit anime ici le sujet sur le "lancement d'un disque". Il s'agit de révéler et donc de comprendre les coulisses d'un succès discographique.

Pierre Tchernia joue ici le rôle du professeur (regard caméra, plan fixe), faisant découvrir petit à petit les recettes de fabrication d'un tube. Toutefois, on peut percevoir aussi les liens qui unissent télévision et industrie du disque. L'ensemble des versions, ici entrevu par le découpage en autant de parties que contient la chanson, est présenté de manière successive, la télévision assurant la promotion conjointe du titre et des artistes, conformément aux accords passés avec la maison de disque. C'est ainsi que la télévision entre dans l'ère du tout divertissement, à la recherche d'une audience toujours plus grande. Les variétés deviennent dès lors progressivement le genre musical médiatiquement dominant - ce qui n'est pas forcément le gage toutefois de succès durable, comme le prouve l'oubli dans lequel est tombé La Terre aujourd'hui.

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