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Charles Munch et la création de l'Orchestre de Paris

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 17 nov. 1967

Dans le sillage de la politique culturelle menée par André Malraux, Marcel Landowski fonde l'orchestre de Paris afin de redonner à la France sa place dans le concert des nations.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
17 nov. 1967
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000562

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Jusqu'à la nomination de Marcel Landowski comme directeur de la musique au ministère des Affaires culturelles d'André Malraux en 1966, il n'y eut pas réellement de politique publique de la musique. La vie musicale française et parisienne en particulier reposait avant tout sur la bonne volonté de quelques riches mécènes. Seule la radiodiffusion française avec l'Orchestre national de France, fondé en 1934, avait les moyens de faire exister un orchestre. Il existait bien depuis le XIXe siècle des associations symphoniques privées comme Les Concerts Lamoureux par exemple mais le maigre salaire touché par les musiciens les obligeait à multiplier les fonctions. Le nombre des répétitions était donc faible et la qualité des concerts souvent approximative.

Cette volonté de doter Paris et par là même la France d'un orchestre de classe internationale rentre alors en écho avec la politique de grandeur du Général de Gaulle qui fait de la culture une arme pour le rayonnement de la France dans le monde. Si l'effort a d'abord été concentré sur la peinture et sans doute aussi parce que les dirigeants politiques français sont peu familiers du monde de la musique, la nécessité de créer des équipements musicaux d'envergure se concrétise à la fin des années 60. De plus, le succès rencontré à l'étranger par Pierre Boulez en tant que chef d'orchestre renvoie l'image d'une France incapable d'offrir les infrastructures suffisantes à ses meilleurs représentants.

Ainsi en 1967, Marcel Landowski crée-t-il l'Orchestre de Paris à la tête duquel il place Charles Munch qui a forgé son image de maestro en dirigeant l'Orchestre philharmonique de Boston de 1946 à 1962. Cette formation remplace la Société des Concerts du Conservatoire, association fondée au début du XIXe siècle. En confiant à Munch la direction de l'orchestre, Landowski compte récupérer les dividendes de la renommée internationale du vieux chef. Celui-ci est assisté du jeune Serge Baudo et commence son travail par revisiter le grand répertoire symphonique des compositeurs français, de Berlioz à Ravel en passant par Debussy.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Cette série d'entretiens réalisés par Bernard Gavoty et diffusés dans le magazine d'informations "Panorama" se met au service de la politique culturelle du Général de Gaulle. En s'entretenant d'une manière assez officielle (assis derrière son bureau), Marcel Landowski incarne ici les nouvelles fonctions qu'il occupe depuis 1966. Les questions très respectueuses de Gavoty, passant sous silence les polémiques liées à la création de l'orchestre, révèlent la soumission du journaliste aux exigences politiques. Par ailleurs, l'attitude nonchalante de Munch (assis au 1e rang dans la salle de répétition) révèle un homme d'un autre temps, d'une génération peu habituée à l'image (à l'opposé de Boulez par exemple). Se touchant les lèvres, donnant des réponses peu audibles, se contentant d'un hochement de tête, il se comporte comme lors d'un entretien avec la presse écrite ou radiophonique. Cela contraste avec les discours très construits (et télégéniques) de Marcel Landowski et Serge Baudo, l'assistant de Munch.

Enfin, la remarque sur la "sonorité nationale" des orchestres français, un cliché hérité d'une opposition passée avec les orchestres allemands, vient compléter ce sujet tout à la gloire de la culture française. Le commentaire rappelle ainsi la mission assignée à l'orchestre, soit celle d'assurer le rayonnement de la France (symbolisé par l'expression "notre Claude Debussy" qui signait ses lettres "Claude de France") à l'étranger. En cela aussi, la télévision se met au service de la politique ; son indépendance en matière d'information est alors quasiment nulle.

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