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Le café théâtre

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 janv. 1970

Romain Bouteille, chargé des "public relations", évoque l'esprit qui présida à la création du Café de la gare.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
12 janv. 1970
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000588

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Mai 68 marque une rupture dans l'histoire du théâtre en France d'autant que l'art dramatique, fortement politisé, participe activement au bouillonnement des journées de mai. Jean Vilar et Jean-Louis Barrault sont ainsi violemment pris à partie dans leur lieu de travail respectif, le Festival d'Avignon et le théâtre de l'Odéon.

Au cours des années 70 se multiplient les nouvelles compagnies. Alors que ces jeunes troupes le plus souvent sans statut ni lieu de travail étaient au nombre de 45-50 avant 1968, elles sont 85 en 1972 et l'ascension se poursuit puisqu'on en compte 300 en 1977. Ces jeunes compagnies entendent promouvoir un théâtre différent dans les conditions économiques de sa production ainsi que dans sa qualité artistique : déconstruction du récit, prolongement des actions hors du champ de vision, intégration du spectateur dans le spectacle, sont à l'honneur dans des lieux nouveaux, cafés-théâtres mais aussi dans la rue où le public est disposé à participer à ce théâtre festif.

Par ailleurs, la "création collective" et l'improvisation sont mis au premier plan. L'équipe de Romain Bouteille, (Coluche, Henri Guybet, Miou-Miou...) gère ainsi en coopérative le Café de la gare, rompant avec la figure du metteur en scène-administrateur unique. Impasse d'Odessa à Montparnasse à proximité de la gare (puis à partir de 1972 dans le Marais à Paris), les huit jeunes comédiens du Café de la Gare s'installent dans l'euphorie de mai 68 dans un vieil atelier de moteurs, y dressent un campement et, pendant dix mois, maniant la truelle, la pioche et la scie, bâtissent un théâtre. Les débuts sont plutôt difficiles. L'état quasi insalubre du site fait fuir bon nombre de spectateurs. La troupe mise alors sur plusieurs combines tel qu'un système de loterie pour déterminer le prix des places : le spectateur aura tantôt son entrée gratuite, tantôt un verre de vin...

Le pari marche et il donne naissance à de nombreux cafés-théâtres, ouvrant la voie à la troupe du Splendid (Josiane Balasko, Thierry Lhermitte...) et au règne du spectacle comique qui s'impose au cours des années 80 à travers la figure de Coluche.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Romain Bouteille, debout devant les murs délabrés de la salle, répond à une question en voulant faire de l'humour (il est chargé des "public relations" quand Guybet s'occupe de gérer les glaçons pour les verres des spectateurs) ; pour cela, il use de l'antiphrase ("c'est une bande énorme" alors qu'ils ne sont que 8 !). Par ailleurs, tout dans son attitude incarne la volonté de faire du théâtre un moment de fête : les lunettes tombent sur son nez, la coupe de cheveux est "naturelle", il rigole à ses propres réponses.

L'extrait qui suit (spectacle ou répétition ?) permet d'apercevoir l'esprit collectif qui règne au café de la gare. En interprétant une chanson à la tonalité assez parodique ("tu vas t'envoler") et à la musique bigarrée, les membres du Café de la gare construisent délibérément une image anti-médiatique, à l'unisson de leur volonté de rupture artistique, attitude décalée que les humoristes adaptent selon leur tempérament depuis les années 80 lors de leur apparition télévisuelle mais qui est aussi récupérée par le média lui-même.

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