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Marcel Duchamp

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 21 janv. 1968

À l’occasion de la réédition de ses "ready-made", Marcel Duchamp revient sur sa pratique artistique.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 3

    L’art in situ

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de diffusion du média :
21 janv. 1968
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000593

Contexte historique

Par Vincent Casanova

L’oeuvre de Marcel Duchamp a bouleversé radicalement l’art du XXe siècle. Né en 1887, l’artiste français Marcel Duchamp commença sa carrière dans le sillage du mouvement cubiste au début des années 1910. Mais l’abandon d’une peinture strictement descriptive et la juxtaposition d’éléments représentant les différentes phases du mouvement rapprochent alors son travail de celui des futuristes. Avec Nu descendant un escalier, il fait scandale en 1912 à Paris, puis en 1913 à New York.

Parti aux Etats-Unis pendant la Première Guerre mondiale, il introduit alors le thème de l’objet manufacturé aux formes mécaniques dans la création artistique. Ainsi avec La Mariée mise à nu par ses célibataires, même qu’il exécute en feuille et fil de plomb sur une plaque de verre à New York de 1915 à 1923, Duchamp abandonne les "manipulations formalistes" de la peinture pour s’engager dans un art conceptuel, interrogeant les fondements de l’art. Cette machine, au-delà du thème de l’impossibilité d’aimer, vient pointer la faillite de la perspective illusionniste inventée à la Renaissance.

Il poursuit encore plus loin sa remise en cause en déployant une activité ouvertement ironique afin de désacraliser l’art. Duchamp "réalise" pour cela un nombre limité de "ready-made", c’est-à-dire d’objets manufacturés qu’il promeut à la dignité d’objets artistiques, proposant notamment une roue de bicyclette ajustée à un tabouret de cuisine (1913), un porte-bouteilles (1914), un urinoir posé à l’envers qu’il dénomme Fontaine ou encore une reproduction de la Joconde de Léonard de Vinci à qui il adjoint une moustache et une barbiche et qu’il intitule de manière provocante L. H. O. O. Q. ("Elle a chaud au cul").

Tous les mouvements qui par la suite ont utilisé des objets de la vie courante, pour surprendre comme le surréalisme, pour évoquer, critiquer, voire poétiser la société de consommation comme le pop art, lui doivent cette transgression des coutumes académiques. Il est à l’origine du renouvellement des matériaux utilisés dans l'art, mais aussi un goût pour des questions complexes d'esthétique qui aboutiront dans les années 70 à l'Art conceptuel dont les oeuvres ambitionnent d’analyser ce qui permet à l’art d’être art.

Connues d’abord de manière confidentielle, les oeuvres de Duchamp ont été largement diffusées à partir des années 60, lorsque la plupart des ready-mades, disparus au fil de ses déménagements ou tout simplement détruits, ont été réédités. En 1964, la galerie Schwartz, à Milan, lui propose en effet une édition à 8 exemplaires de ses ready-mades. Les considérant comme des originaux, dès lors que les premiers avaient été perdus, cet épisode lui permet encore une fois d’interroger un concept central dans l’histoire de l’art, puisque le terme d’ "original" pour un ready-made n’a aucun sens. Duchamp y insiste lorsqu’il signe par exemple l’un de ces objets, le Porte-bouteille, "Marcel Duchamp, Antique certifié". Après sa mort en 1968, la remise en question des fins et des moyens de l’art est devenue l’un des enjeux essentiels de la création contemporaine.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Cet entretien avec Marcel Duchamp, sur le mode de l’entretien radiophonique (journaliste absent à l’écran, plan fixe sur le visage), permet de saisir le décalage entre l’attitude mesurée de l’artiste contemporain et les provocations artistiques de ses oeuvres. Un cigare à la main, Duchamp développe son discours avec une grande clarté d’énonciation, usant de formules propres à la bourgeoisie éduquée du début du XXe siècle (les phrases sont ponctuées de "n’est-ce pas ?" à l’image du "isn’t it ?" des "tags questions" de l’aristocratie anglaise).

Cette discussion révèle également l'âge d'or d'une télévision qui prend le temps de laisser parler un invité, dialogue sur un ton posé, bien loin du plateau des émissions de télévision qui jouent du mélange de genre et d'un ton agressif susceptible de faire monter l'audimat. C'est une époque où l'on conçoit encore la télévision comme un instrument de démocratisation culturelle, bien que les ménages n'en soient pas encore tous équipés.

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