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Pierre Soulages

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 15 juin 1994

Pierre Soulages présente sa réalisation des vitraux pour l’église de Sainte-Foy de Conques, dans l’Aveyron.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Date de diffusion du média :
15 juin 1994
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000608

Contexte historique

Par Vincent Casanova

Né à Rodez dans l’Aveyron en 1919, le peintre français Pierre Soulages a formé son œil au contact des grandes réalisations de l’art roman et des peintures rupestres des grottes préhistoriques. Installé en banlieue parisienne à la sortie de la guerre, il peint des compositions rigoureusement abstraites. Ses toiles sont dominées par des formes rectangulaires noires, construites sur le jeu des horizontales et des verticales. Pour Soulages, il s’agit d'atteindre un au-delà du noir, d'où le terme d'outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la fin des années 1970.

Passionné par les techniques de l’artisanat, Soulages accorde par ailleurs une grande place à la matérialité de son art, n’hésitant pas à utiliser des outils de peintres en bâtiment. Il a, d’une certaine manière, anticipé la crise des avant-gardes dans les années 1970, promouvant le caractère artisanal de l’acte de peindre.

À l’initiative du ministre de la Culture Jack Lang, confirmée par François Léotard qui lui succède en 1986, une commande lui est passée pour réaliser les vitraux de l’église abbatiale de Sainte-Foy de Conques dans l’Aveyron. Inaugurés en 1994, ces 104 nouveaux vitraux relèvent le défi d’inscrire une œuvre du XXe siècle finissant dans un édifice du XIe siècle. Cette commande est venue relancer la réalisation de vitraux par de grands artistes, dont le mouvement avait été initié après les destructions provoquées par la Seconde Guerre mondiale ; ainsi Matisse avait-il travaillé aux vitraux de la chapelle du Rosaire à Vence dans les Alpes-Maritimes en 1949. Cette adéquation entre l’architecture du bâtiment roman et la simplicité des lignes contemporaines a redéfini un nouvel art sacré.

Avec la complicité du maître verrier Jean-Dominique Fleury, le peintre Pierre Soulages a rempli les fenêtres de l’église de Conques de verres opalescents striés de lignes de plomb parallèles, dont les mouvements font vibrer l’enceinte. Il a fallu à l’artiste de très nombreux essais au centre de recherche de Saint-Gobain pour trouver la recette d’un verre nouveau qui convenait à son œuvre. L’originalité du projet de Conques nécessita, préalablement au travail du verre, la construction de maquettes à échelle réelle. Sur de grands panneaux de bois, des bandes de scotch noir patiemment positionnées pré-figurèrent l’emplacement des plombs et des barlotières dont les lignes donneront leur forme aux futurs vitraux. Afin que la lumière procède de la masse même de la matière et non directement du soleil, le verre employé à Conques n’est pas transparent mais translucide. Par ses qualités de transmission diffuse, il permet d’isoler l’espace intérieur de la basilique, de l’affranchir du dehors, de le recueillir sur lui-même tout en évitant à l’unité chromatique de la pierre, vue de l’extérieur, d’être parasitée par de trop violentes diaprures. Spécialement créé en laboratoire selon la technique de la granulation, le verre présente des zones de cristallisation plus ou moins denses permettant de nuancer la lumière diffusée. Sublimant l’édifice roman en diffusant la lumière naturelle dans toutes les variations de sa gamme, cette création atteint à la pureté d’un chant grégorien visuel.

Éclairage média

Par Vincent Casanova

Ce reportage suit pas à pas la réalisation des vitraux de Conques. Il s’agit de comprendre et de percer à jour l’esprit de cette œuvre. La télévision révèle son refus du mystère, se nourrissant toujours d’une volonté d’élucidation, d’un désir d’informer et d’expliquer. Toutefois, l’absence de commentaire est plutôt inhabituelle et exprime la volonté de magnifier le bâtiment en lui-même. Il ne s’agit pas tant d’un sujet sur Pierre Soulages que sur l’église de Conques elle-même, celle-ci étant comme personnifiée. Les effets de caméra et les plans larges et rapprochés sont conçus pour faire littéralement entrer le téléspectateur dans ce lieu, le documentaire apparaissant comme un moyen de donner l’illusion d’y être allé et de tout savoir de la magie de Conques. Le reportage cherche à mimer la démarche de Soulages, qui attache une importance essentielle à la fabrique de son art.

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