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Le CNRS et l'organisation de la recherche publique en France

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 août 1979

En raison d'une réduction du budget du CNRS, les jeunes chercheurs rencontrent de plus en plus de difficulté à trouver des postes de titulaires. Même sortir de l'Ecole Polytechnique n'est plus une garantie.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
01 août 1979
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000656

Contexte historique

Par Raphael Morera

La recherche scientifique, pour prospérer, a nécessairement besoin d'appuis institutionnels. De même, les pouvoirs publics ont tout intérêt à accompagner la réflexion scientifique afin d'en tirer les bénéfices. Science et pouvoir sont donc intrinsèquement liés. Les Etats occidentaux ont très tôt pris la mesure des enjeux de la science et la défende activement depuis le XIXe siècle. Cette politique se traduit au début du XXe siècle par la création de la Caisse des Recherches scientifiques en 1901, alors même que la IIIe République dotait l'université de nouveaux cadres. Les réformes sont peu nombreuses jusqu'à la création, en 1935, de la Caisse Nationale de la Recherche Scientifique, premier CNRS. De sa fusion avec le CNRSA (A pour appliquée), est né, en 1939, le Centre National de la Recherche Scientifique (notre CNRS). Le Front populaire a donc joué un rôle fondamental dans l'organisation de la recherche en France. Le gouvernement de Vichy tente, entre 1940 et 1944, de contrôler le nouveau joyau du savoir français, mais la grande rupture eut lieu à la Libération.

En 1945, le statut du CNRS est modifié. Il perd son rôle de coordination de l'ensemble de la recherche. La création d'agence spécialisée, comme le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) l'en empêche d'ailleurs. Il doit dès lors essentiellement se consacrer à la recherche fondamentale. Bien aidé dans les premières années par une donation de la fondation Rockefeller, le CNRS bénéficie d'une forte hausse de son budget de fonctionnement. A la suite d'une nouvelle réforme en 1959, le CNRS voit sa vocation à nouveau précisée. Les organismes de recherches (CEA, INSERM, CNES) ont pour mission de répondre aux programmes de recherches fixés par l'Etat. L'université quant à elle bénéficie d'une totale liberté qui doit encourager l'inventivité dans la recherche fondamentale. Le CNRS a donc pour vocation d'occuper un troisième axe médian, celui de la recherche fondamentale lourde, à la fois couteuse et libre. Le CNRS se rapproche également des Universités avec la création des unités associées qui permettent aux deux institutions de mutualiser leurs moyens. Au cours des années 1960, le CNRS connaît une de ses plus belles périodes, entièrement soutenu par le pouvoir gaullien.

Les années 1970 marquent donc une rupture. Les chocs pétroliers et l'entrée en crise de l'économie française, font clairement percevoir les déséquilibres budgétaires. L'Etat doit donc économiser partout où il le peut et le CNRS, malgré son importance vitale pour l'avenir, ne fait pas exception. Les financements sont donc réduits et les postes se raréfient. Les pouvoirs publics n'en croient pas moins au maintien des performances françaises. Selon eux, le CNRS doit pouvoir faire mieux avec moins d'argent. La sélection à l'entrée devient ainsi un moyen de justifier les réformes. Les recherches sont également davantage orientées vers les questions de société.

Depuis cette période, le CNRS connaît régulièrement des périodes de crise où ses attributions et ses pouvoirs sont redéfinies. En 2005 fut ainsi créée l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) en charge de la définition des programmes de recherches. Cette institution vient clairement concurrencer certaines attributions du CNRS. Il s'agit néanmoins du plus grand centre de recherche publique en Europe avec près de 12 000 chercheurs et 14 000 ingénieurs, techniciens et personnels administratifs.

Bibliographie :

Picard J. F., La République des savants. La recherche française et le C. N. R. S. , Paris, Flammarion, 1990.

Site internet :

Site du CNRS

Éclairage média

Par Raphael Morera

Le lancement du journaliste met l'accent sur l'inefficacité du CNRS en avançant une statistique péremptoire et vide de sens. Ce faisant, il adopte, implicitement, une position sceptique à l'égard de la recherche qu'il nuance en énonçant les qualités requises pour entrer dans ce monde. Le sujet est illustré par un reportage réalisé sur le campus de l'Ecole Polytechnique, alors récent, construit sur le plateau de Saclay, au Sud de Paris, en plein coeur d'une véritable technopôle où se concentrent de très importants instituts de recherche. Les plans larges et l'arrivée en voiture donnent à voir la modernité des installations de l'Ecole polytechnique et donc les investissements qui y ont été faits.

Le journaliste, François de Closets, spécialiste des problèmes scientifiques, choisit alors de présenter les problèmes de la recherche à travers des exemples de parcours individuels. Deux jeunes polytechniciens sont donc interrogés dans leur laboratoire de recherche afin d'expliquer leur projet et les difficultés qu'ils éprouvent. Leur discours est en totale contradiction avec l'environnement dans lequel ils sont filmés : ils se plaignent d'une position fragile dans un environnement accueillant où ils ne semblent manquer de rien. La mise en scène du reportage rejoint ainsi le ton du lancement, d'autant que les projets de recherche des deux jeunes chercheurs peuvent sembler bien abstrait pour le télespectateur moyen (Neptune et le silicium amorphe).

Le dernier thème du sujet est l'ardente compétition que se livrent les jeunes chercheurs pour rentrer au CNRS. La concurrence entre les chercheurs est présentée comme la solution aux réductions budgétaires. L'Etat recrute ainsi peu de chercheurs mais choisit les meilleurs d'entre eux. Cette présentation montre une réelle carence en matière de réflexions sur la place des sciences et des techniques dans la société contemporaine. La science n'est perçue qu'à travers le prisme d'une élite constituée sans prise avec la réalité sociale. Or, la science recèle bien d'autres implications et d'autres enjeux.

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