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Mesures pour une mort douce : le plan "anti-douleur" de Bernard Kouchner

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 23 sept. 1998

A l'occasion du plan "anti-douleur" lancé en 1998 par le Ministre de la Santé Bernard Kouchner, le reportage du journal télévisé détaille les différentes mesures prévues pour faciliter les derniers instants des malades en fin de vie.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
23 sept. 1998
Production :
INA
Page publiée le :
2006
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000692

Contexte historique

Par Christelle Rabier

Lancé en 1998, le plan du secrétaire d'Etat à la Santé, Bernard Kouchner, fait de la lutte contre la douleur une priorité médicale.

La lutte contre la douleur est ancienne et remonte à la plus haute Antiquité. Dans l'histoire récente, elle est particulièrement marquée par la découverte et l'usage des anesthésiants au XIXe siècle. L'histoire de l'utilisation du gaz hilarant, puis de l'éther, en chirurgie est emblématique de la difficulté de cerner un phénomène autant physiologique que culturel, qui met en jeu les rapports au corps et les pratiques médicales. Depuis la fin du XVIIIe siècle, l'usage de l'opium s'est développé ; la morphine, isolée en 1817, traite particulièrement les maladies incurables. D'autres plantes sont utilisées pour des vertus anti-douleur et anti-fièvre, comme le quinquina. Cette plante exotique, coûteuse, est remplacée bientôt par le saule blanc, dont on extrait une préparation, l'acide salicylique, par analogie avec la préparation du quinquina. Au terme d'un siècle de recherche, l'acide salicylique est synthétisé et breveté sous le nom d'Aspirine.

Les premières utilisations des anesthésiques chimiques au milieu du XIXe siècle, au Royaume-Uni, puis en France, montrent la difficulté avec laquelle patients et médecins ont transformé leur rapport à la douleur. Celle-ci a longtemps constitué un symptôme du mal et un indicateur de la cure ; certains chirurgiens ont continué d'opérer sans anesthésie pour cette raison. De même, les témoignages montrent comment de nombreux patients préféraient endurer la douleur.

Tout au long du XXe siècle, la lutte contre la douleur a conservé une actualité pour les patients et les médecins. En chirurgie, les techniques d'anesthésie se sont affinées et développées, en lien avec une meilleure compréhension de la physiologie de la douleur. Au cours des années 1930, la pratique de l'anesthésie locale est promue par le chirurgien français René Leriche. Après la guerre, l'anesthésiste américain John Bonica propose de diriger l'action médicale sur la douleur elle-même et non plus seulement sur ses causes, ce qu'il théorise dans La Gestion de la douleur (1953). Les connaissances physiologiques de la douleur ont dès lors évolué rapidement.

Les femmes ont lutté, dans un rapport souvent conflictuel avec le corps médical, pour bénéficier d'un accouchement " sans douleur ", remettant en cause des préceptes religieux très ancrés dans certaines représentations de la reproduction humaine. Très récemment, les enfants et les nouveaux-nés ont bénéficié d'une prise en charge spécifique : des arguments théoriques récusent, jusqu'au milieu des années 1980, la douleur de l'enfant, tandis que les pratiques médicales tendaient à ignorer la douleur des nouveaux-nés, cependant que les laboratoires ne répondaient pas aux besoins spécifiques.

Dans ce contexte de relatif désintérêt du corps médical à la lutte contre la douleur, le plan Kouchner tranche par son caractère radical dans sa prise en charge. "La douleur ne doit plus être une fatalité", tel est le credo de Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la Santé en 1998, au moment où il lance son plan de lutte contre la douleur. Ambitieux, celui-ci prévoit de mettre en place, en trois ans, toutes les structures et les dispositions nécessaires pour faire de la lutte contre la douleur une priorité dans la pratique médicale. Premier axe : la prise en compte de la douleur doit devenir une priorité. Des campagnes d'information développent la nécessité de la reconnaître, tandis que des mesures visent notamment à réduire les inégalités (sociales et culturelles) dans l'expression de la douleur. Un deuxième axe intéresse la délivrance des antalgiques, tout particulièrement les antalgiques puissants comme la morphine pour faciliter les derniers jours des patients incurables. Les firmes pharmaceutiques sont invitées à développer des formes pédiatriques. Enfin, un troisième axe prévoit la création de structures spécialisées dans les " soins palliatifs " pour la fin de vie.

Bibliographie :

Roselyne Rey, Histoire de la douleur, Paris, La Découverte, 1993.

Isabelle Baszanger, " Douleur ", in Dictionnaire de la pensée médicale, sd. D. Lecourt, Paris, Puf, 2004, pp. 356-361.

Éclairage média

Par Christelle Rabier

L'extrait du journal télévisé relève de la communication officielle : le journaliste détaille les mesures prévues par le secrétaire d'Etat à la Santé. Chaque idée est illustrée par des images filmées à l'hôpital.

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